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17 / 03 / 2014
Sylvain Thibon / Membre
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Vente de SFR, quel engouement des prétendants pour défendre l’emploi en France…

L’accélération du calendrier de la vente de SFR par Vivendi provoque des réactions aussi étonnantes qu’imprévues. Tout à coup, les grands patrons, hier frères ennemis refusant même de se serrer la main, sont maintenant prêts à faire table rase du passé, trop intéressés par une mariée qu’ils trouvent si jolie qu’ils en sont à courtiser marchés, autorité de la concurrence et politiques pour dire tout le bien de ce rapprochement, le tout en préservant l’emploi.

Ces industriels trouvent visiblement oreille attentive en la personne du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui vante lui aussi les bienfaits pour l’emploi de ce futur mécano industriel…
 
 
Martin Bouygues dans une tribune publiée par le journal Le Monde du 11 mars 2014, commence ainsi sa diatribe : « Voilà une magnifique illustration concrète de l’esprit de responsabilité autour duquel se rejoignent tous les acteurs pour favoriser la compétitivité française et lutter contre le chômage ». il poursuit un peu plus loin : « Nous nous engageons à relocaliser en France des centres d’appels et la relation client (…) Si nous voulons rapatrier les centres de la relation clients en France, c’est que nous savons qu’ils sont plus performants lorsqu’ils sont basés en France ».

Voilà une déclaration intéressante que le premier syndicaliste de passage pourrait approuver sans ambages. Mais il n'y a pas si longtemps (et encore aujourd'hui), les débats sociaux provoquaient la délocalisation au Maroc de milliers d'emplois de prestataires par Canal+ et avaient débouché sur un discours inverse… La qualité de service est identique, les clients seront même mieux servis etc. 


Il y aurait donc une vérité Bouygues différente, divergente d'une vérité Canal+ ? Il y aurait également une possibilité de relocaliser en France des milliers d'emplois aujourd'hui « off-shorisés », sans remettre en cause un schéma industriel ou une ambition économique pour un futur champion de la téléphonie mobile française ? Ou bien s'agit il encore de promesses qui ne valent que pour les naïfs ou démotivés qui se disent qu'après tout, dans l'environnement de l'entreprise privée, on peut raconter tout ou son contraire sans jamais se contredire ?
 
 

Légions de doublons

 
Après le rachat de SFR, Bouygues Telecom garderait donc 2 services clients, 2 services marketing, 2 services commerciaux, 2 DRH, 2... Allons, un peu de sérieux, une fusion c'est d'abord une réduction d'effectifs. Parfois par centaines de postes car, dans le cas présent et quand bien même les entreprises citées poursuivraient avant le rapprochement des réorganisations et des suppressions de postes, les doublons seront légions.
 
Faut-il rappeler que toutes ces entreprises (SFR, Bouygues, Orange et Canal+) ont contribué ces derniers mois à la destruction de milliers d’emplois sur le territoire national, des salariés aujourd’hui sans travail, des milliers de familles touchées par ce phénomène de la délocalisation pour raison économique. La crise nous dit-on, mais une crise que ces entreprises contribuent à aggraver par une politique sociale de court terme, qui prive des milliers de Français de revenu et d’avenir. Des Français qui finalement se désabonnent de nos offres, privilégiant par force le bas coût à la qualité, à la créativité et au service.
 

Pan de l'industrie nationale

 
Alors, simple habillage de diversion ? Nous faire prendre des vessies pour des lanternes est une expression que nous trouvons adaptée à la situation. S'il ne s'agissait de l'avenir d'un pan de l'industrie nationale, si des milliers d'emplois directs ou indirects n'étaient concernés, alors nous pourrions regarder passer avec enthousiasme le train de l'alliance nouvelle. Malheureusement, nous savons que l'histoire sociale rencontre rarement l'ambition économique et pour ces raisons, nous devons prendre date pour l'avenir car ce qui s'écrit aujourd'hui visiblement avec l'aval de certains membres du gouvernement en l’occurrence Arnaud Montebourg, ne laisse d’inquiéter. 

Seule une expression transparente et contradictoire permettra de lever certains doutes et de fixer un cadre social pérenne et partagé afin de sécuriser l'avenir de milliers d'emplois. Pour l'instant, c'est le flou qui l'emporte. C'est pourquoi le temps de la réaction et de l'interrogation constructive doit venir.
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