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23 / 05 / 2012 | 18 vues
Yann-Mael Larher / Membre
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Quelles sont les conséquences des TNIC sur la vie privée des cadres ?

Les nouvelles technologies sont-elles devenues les meilleures ennemies des cadres ? Selon une enquête réalisée par l’IFOP le concept de vie privée et de vie professionnelle est en tout cas un concept dépassé.

Quand la vie des cadres rencontre leur vie privée

Smartphones, ordinateurs portables, internet... Avec les nouvelles technologies, pas facile de couper avec l'entreprise même une fois rentré chez soi. Chez les cadres, la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle est de plus en plus poreuse : 67 % des cadres continuent à travailler après avoir quitté leur entreprise, le soir, le week-end, les jours fériés et pendant leurs vacances. Les cadres estiment consacrer 4 heures par semaine à des activités professionnelles en dehors du travail. Un phénomène majoritaire dans tous les secteurs d’activités et dans toutes les catégories. Cette propension à travailler en dehors des horaires habituels est encore plus importante dans les secteurs du BTP et du commerce et le phénomène croît également avec le nombre de diplômes.

Brouillage entre temps travaillé et non travaillé

On constate un phénomène d’interpénétration des sphères privées et professionnelles, en effet si de nombreuses activités professionnelles sont faites à la maison, beaucoup d'activités privées sont aussi exécutées au bureau pendant les horaires de travail. Ces activités relèvent essentiellement de la communication. Le téléphone est l’usage qui arrive en tête, suivi par surfer sur internet et les courriels personnels. Contrairement à certaines idées reçues, les réseaux sociaux n'arrivent qu'en 4ème position bien que les jeunes cadres y soient plus sensibles. 

Un nouveau contrat tacite entre les employeurs et les salariés

La fin du présentéisme à la française ? Les nouvelles technologies conduisent à une évolution des mentalités, même pour les salariés non nomades. Partir à 16h00 du bureau ne signifie plus qu'on ne travaille pas. Pour Frédéric Micheau, directeur adjoint du département opinions et stratégies d'entreprise de l’institut IFOP, on assiste à une nouvelle forme de présentéisme, matérialisée notamment par la réactivité. Le temps de réponse aux courriels est un bon exemple… Il ne s'agit plus d'être présent mais d'être disponible : 73 % des cadres déclarent notamment répondre aux courriels professionnels à leur domicile, y compris lorsqu'ils sont malades (66 %). Enfin, 18 % d’entre eux y répondent même pendant leurs loisirs (spectacles, cinéma…).

Interdire les courriels en dehors du travail ?

Alors que 70 % des cadres déclarent de ne pas pouvoir se passer de consulter leurs courriels en dehors de la journée de travail, l’entreprise doit-elle interdire leur consultation ? Une majorité des cadres y serait favorable pendant les congés (57 %) et les week-ends (54 %). Une initiative déjà prise outre-Rhin : chez Volkswagen, l’accès aux courriels est coupé le soir. Un phénomène qui apparaît aussi en France dans le domaine du conseil et de l'audit.

Les smartphones tous coupables ?

Paradoxalement, alors que 40 % des cadres déclarent une détérioration de leur équilibre vie privée-vie professionnelle, cette réaction est moins importante quand les salariés sont équipés du smartphone ou de la tablette de leur choix avec un écart de 15 %. Plus surprenant encore, quand on les interroge, 62 % des cadres préféraient un salaire plus important, et le temps libre n’est plébiscité que par 33 % d’entre eux. En réalité, l’augmentation du stress et du volume de travail est ressentie comme contrainte par la crise, selon Florian Bienvenu, de Good Technology, et ne résulte pas de l'introduction des technologies numériques de l'information et de communication (TNIC).

Plutôt que de freiner une mutation technologique inéluctable de la société, il revient à l’entreprise de l’accompagner et de repenser ses usages et ses modes de travail en mettant en adéquation les besoins des salariés avec les technologies numériques.

Avantages et inconvénients du smartphone professionnel

Les cadres perçoivent l’intérêt des nouveaux outils de communication, pour eux le smartphone est synonyme de réactivité (81 %), de liberté, d’autonomie (72 %), d'organisation (63 %) ou encore d’une meilleure productivité (60 %) mais ils perçoivent également leurs limites notamment en termes d'entraves à la vie privée (58 %) et d’accroissement du stress (57 %).

Finalement, on constate une atténuation, voire une disparition de la frontière entre le travail et la vie privée… Le travail est partout dans la vie privée, et le privé est également très présent dans l'entreprise… Un brouillage des deux notions difficiles tant pour les salariés que pour l’entreprise, pour autant les entreprises disposent dès maintenant de marges de progressions dans l'adéquation entre l'offre et les besoins des cadres. Il faut par exemple arrêter de pousser l'information notamment par le biais des courriels chronophages, et donner la possibilité au salarié de venir la chercher quand il en a besoin. De nouveaux défis pour les entreprises…

D'après les résultats de l'étude Good Technologye/IFOP sur un échantillon de 1001 cadres représentatifs dans des entreprises de plus de 50 salariés du 16 au 19 avril 2012.
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