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04 / 01 / 2011 | 1 vue
A Messaoud / Membre
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Les « exactions » des mal-logés dans le XVIème arrondissement

Les membres de notre collectif ont appris par la presse que M. Goasguen, maire du XVIème arrondissement de Paris, qualifiait notre occupation de la mairie ce jeudi 30 décembre d’« exaction violente ».

Nous tenons à rappeler quelques faits et définitions.


Nous sommes venus collectivement à la mairie du XVIème arrondissement en juin 2010 pour demander un rendez-vous avec le maire. Demande parfaitement légitime dans la mesure où des membres du collectif sont habitants de l’arrondissement, dont des locataires menacés par un congé pour vente et des personnes habitant l’arrondissement depuis plus de vingt ans dans des conditions indignes.

Ce jour-là, le cabinet du maire s’est engagé à nous proposer un rendez-vous avec M. Goasguen, ainsi qu'un suivi des dossiers.

Nous avons attendu six mois avant de revenir.

  • D'après le dictionnaire, le mot « exaction » a la signification suivante : « action d'exiger plus que son dû en profitant de son pouvoir ».

Il nous semble que le logement est encore dans ce pays un droit fondamental, inscrit dans les textes. De ce que la loi en dit, il paraît même depuis 2007 qu’il s’agit d’un droit « opposable ».


Au-delà des obligations légales, nous avons comme tout le monde entendu le Président de la République, membre du même parti que les élus de la mairie du XVIème arrondissement, promettre en 2007 qu’il n’y aurait plus aucune personne dormant dans la rue à la fin de sa mandature. Ses prédecesseurs de droite ou de gauche avaient d’ailleurs promis la même chose.
Nous n’avons donc pas exigé plus que notre dû, lors de notre occupation.


En revanche, M. Goasguen, lui-même, à propos des recours intentés par d’autres habitants du XVIème arrondissement contre la construction de 407 logements sociaux, disait au Parisien : « Il est vrai que dans le XVIème arrondissement, plus qu'ailleurs, les habitants disposent de moyens financiers qui leur permettent d'aller devant les tribunaux, de payer un avocat, d'aller au bout des procédures et de bloquer certains programmes ».

Le maire admet donc qu’il y a des Parisiens qui ont le pouvoir de faire en sorte que d’autres n’aient pas accès au minimum, c'est-à-dire à un logement décent. Interdire à d’autres de se loger quand on est soi-même bien logé, c’est exiger un peu plus que son dû.

Nous nous étonnons donc que le maire du XVIème arrondissement n’ait pas choisi plutôt cette occasion-là d’employer le mot exaction dans son véritable sens.

Le seul pouvoir des demandeurs de logement en souffrance, c’est celui de se montrer, d’être visibles par l’action collective, de ne pas mourir en silence comme 400 personnes qui décèdent dans la rue chaque année.

Comme chacun peut le voir dans notre vidéo, le bruit est la seule arme que nous ayons utilisée lors de cette occupation de la mairie du XVIème arrondissement.

Nous avons dérangé, tant mieux, ce ne sera ni la première, ni la dernière fois.

Et ce ne sont pas des accusations absurdes, comme celle d’avoir « abimé les murs et les portes », qui vont nous décourager. Elles reflètent simplement l’indécence d’un maire qui ferait bien d’aller voir les chambres de bonne pourries ou les taudis bien cachés derrière les façades des immeubles bourgeois, pour savoir ce qu’est une porte ou un mur « abimé ».

Elles montrent une fois de plus le mépris dans lequel les élus tiennent les personnes aux revenus modestes : dans leurs discours insultants la présence de cent mal-logés abime à elle seule les portes et les murs de la mairie du XVIème arrondissement, comme les HLM et leurs habitants abiment le paysage, sans doute. Il est vrai que le maire avait également pointé l’insécurité en soi que représentaient des logements sociaux, « non loin des ambassades ».


Le droit de choisir ses voisins n’est pas encore reconnu légalement, pas plus que celui des maires à faire le tri entre les habitants qui leur conviennent et ceux qu’ils voudraient bien voir déménager.

Quelles que soient les intimidations, le Collectif des Mal-Logés en Colère continuera donc ses actions, comme ces six dernières années pour faire cesser les exactions de tous ceux, quelle que soit leur couleur politique, qui entendent abuser de leur pouvoir pour empêcher les demandeurs de logement d’obtenir leur dû.

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