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29 / 09 / 2010 | 22 vues
Victor Waknine / Membre
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La pénibilité psycho-sociale (PPS), nouvelle déclinaison des RPS

En cette période de crise, l'abus de langage fait du mal à l'entreprise vertueuse.

En effet, qu'y a-t-il de commun entre une entreprise du CAC 40, dont l'actionnariat est surtout contrôlé par les  fonds d'investissements (45 % du CAC 40), et un groupe éponyme également inscrit au CAC 40 mais bâti depuis des décennies avec ce même type d'actionnariat ?


Poussons plus loin et comparons avec les entreprises publiques cotées, dont une partie de l'actionnariat est désormais détenue par les fonds d'investissement, voire par des fonds souverains.

Et que dire de ces belles PME qui ont fait l'objet d'un LBO mené par un ou des fonds d'investissement (private equity), qui presse à mort et à toute allure la gestion, afin de faire remonter les dividendes. Ceux-ci serviront à rembourser l'endettement créé par l’effet de levier, après avoir fait plonger l'ex-management dans l'affaire en lui suggérant de s’endetter et de faire le sale boulot du « cost killing » à outrance, pour récupérer mise et plus-value sous 3 ans maximum.

Toutes ces entreprises sont-elles comparables ?

Oui, sur le plan de la stratégie financière qui favorise le « court-termisme », ce qui génère les dégâts sociaux de la souffrance au travail qui coûte 56 milliards d’euros au pays (rapport Bertrand), soit autant que le déficit 2008. Car elles ont en commun un actionnariat qui, de près ou de loin, n’obéit qu’à une logique strictement financière à court terme.

Doit-on les blâmer ?

  • A priori non car elles profitent du beurre et de l’argent du beurre et tant pis pour nous (parties prenantes extra-financières) si nous ne réagissons pas.


Ce hold-up s’opère à la fois sur le plan fiscal et social.

Sur le plan fiscal


Citons par exemple les fonds mis par les ex-dirigeants des entreprises ayant opéré un LBO. Ils peuvent être traités comme des plus-values de cession en capital, alors qu’ils étaient jusqu'alors salariés, avant d’emprunter aux fonds via les banques amies ayant permis de créer l’endettement pour la reprise de l’entreprise cible.

Les amis de mes amis sont mes amis, n’est-ce pas ? Nous allons bientôt assister à l’éclatement de cette bulle des LBO qui va malheureusement générer le gros (en volume financier) des 70 000 faillites attendues par le Medef pour la prochaine crise financière, juste avant celle des crédits carbone et de l’arnaque à la TVA attachée, soigneusement mises en sourdine pour le grand public..

Sur le plan social


La tout le monde se rejoint : c’est le profit assuré car la souffrance au travail est subie par la solidarité nationale, les entreprises ne risquant peu ou prou que de voir leur prime d’assurance santé augmenter avec certaines mutuelles qui suivent ce phénomène inquiétant.

Ce n’est pas la bonne transcription dans le document unique du CHSCT, ni un sondage de diagnostic opéré par des cabinets de psy spécialisés, voire les pénalités de 3 000 euros, qui vont faire bouger les choses dans le traitement de la pénibilité due à la souffrance au travail.

Le combat mené par les élus pour faire reconnaître le stress comme une maladie professionnelle va ressembler à une guerre de cent ans, car l’erreur est de s’être polarisé sur le mot stress, assimilant celui-ci à une maladie, alors que c’est un ressenti. On n’est pas encore sorti de l’auberge. Jamais la CNAM n’acceptera d’ouvrir cette boîte de Pandore.

À moins que par un trait de génie, nos syndicats arrivent à faire un lien avec la loi sur les retraites et faire aboutir le risque psycho-social (RPS) comme un nouvel avatar de la pénibilité, et l'on aura fait la soudure entre risque et pénibilité.

Les vrais dégâts, ce sont les coûts cachés du mal-être et de la perte de confiance au travail, de la dégradation de la valeur ajoutée de nos entreprises... Voilà un vrai défi managérial que celles-ci doivent relever (mais ne disons rien aux actionnaires !). Les pauvres ont un EBIT caché qu’ils ignorent : appelons cela un « bad will »social.

 

  • Jamais les PDG, ni leurs consultants n’iront alimenter cette montagne de charges : leurs bonus y laisseraient des plumes.


Aucune entreprise n’est épargnée par le déni de la souffrance au travail (80 % sont dans cette posture) due à un management arrogant, favorisant l’individualisme, la perte du collectif, la non-reconnaissance, pas plus dans l’économie privée que sociale ou publique, car le bien-être est le même partout, mais le mal-être est toujours singulier et différent. Comme l’herbe du voisin qui est plus verte...

Donc, ne pas confondre, entreprise et entreprise. Ce qui différencie l’une de l’autre, c’est la volonté d’associer la performance économique à la performance sociale d’un bien-être au travail en mesurant son niveau et en impliquant l’ensemble des contributeurs à ces deux objectifs, revisiter la convention collective interne des parties prenantes, en quelque sorte pour créer un pont de confiance. Vaste chantier...

Anne Frank disait qu’il ne fallait pas attendre pour changer le monde. Il semblerait que nous soyons vraiment en retard...

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