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10 / 09 / 2010 | 4 vues
Nicole Dutheil / Membre
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Inscrit(e) le 21 / 01 / 2009

Stress et risques psychosociaux, mesurer pour prévenir

Avec l’obligation légale faite aux entreprises de prévenir les risques psychosociaux, faisant ainsi planer un risque pénal sur le chef d’entreprise, fleurissent colloques, séminaires et congrès, cabinets de conseil et instituts pour lesquels la « souffrance au travail » est devenue un  « nouveau business ». Ce sujet est extrêmement complexe et doit être abordé avec de vrais professionnels diplômés ayant une compétence, une expérience et une éthique dans les domaines de la santé et de l’entreprise.

Mais de quoi parle-t-on ?

  • Les risques
Le risque est la prise en compte d'une exposition à un danger, un préjudice ou autre événement dommageable, inhérent à une situation ou une activité. Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences (aléas et enjeu). Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel. En 1921, l'économiste américain Frank Knight a proposé une distinction qui fait référence entre le risque et l’incertitude : à un risque peuvent être assignées des probabilités mathématiques, mais pas à une incertitude.

  • Psychosociaux

C’est l’alliance de l’interaction entre « le psychologique », qui touche la santé mentale de chaque individu et sa vie personnelle, et « le social » qui touche son environnement complexe, en particulier au travail et donc, le collectif dans une entreprise.

Le principal risque psychosocial est le stress chronique. Les autres risques sont : les violences externes (conflits, agressions… en particulier pour les métiers qui ont à faire face au public), les violences internes (de type harcèlement moral) et la souffrance au travail.

Le stress est bon pour la santé, c’est un moyen de défense de notre organisme, mais le « sur-stress » ou stress chronique a des conséquences désastreuses. La définition du stress au travail est aujourd’hui bien codifiée : « Un état de stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et ses propres ressources pour y faire face » (selon l’Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail reprise dans l’Accord National Interprofessionnel de 2008).

  • Le stress est un tueur silencieux dans l’entreprise, un peu comme les termites : on ne le voit pas. Et puis un jour, des pans de mur de la maison s’écroulent. Souvent même, deux extrêmes  s’affrontent dans l’entreprise : le déni de la part de ceux qui ne veulent voir, ou pensent que cela ne touche que les « sujets fragiles », et l’excès de la part de ceux qui ne font reposer les causes du stress que sur le manque de moyens, l’excès de procédures ou les objectifs trop élevés. La vérité, si tant est qu’elle existe, est entre les deux. L’important est que, sur ce sujet plus encore, il faut dialoguer et en parler.

Les choses évoluent heureusement


Certaines entreprises parlent aujourd’hui de « performance globale », non seulement de la performance économique mais aussi de la performance environnementale et sociale. Dix entreprises du CAC 40 ont décidé en 2010 d’intégrer la performance sociale dans la rémunération variable de certains collaborateurs ; elle n’étaient que deux en 2009 (L’Expansion n° 755, sept. 2010, p 120-122). C’est un bon début.

  • La première étape est d’accepter d’en parler

Les entreprises qui réussissent sont celles qui dialoguent et qui acceptent de voir en face les problèmes pour les résoudre. Il doit exister un langage commun au sein de l’entreprise autour de la problématique du stress. C’est l’étape préalable, indispensable, qui permet à tous (direction, partenaires sociaux, médecine du travail) d’engager un dialogue constructif. La prise de conscience des risques est importante à tous les niveaux. Afin de relever les défis de la mutation, les managers doivent soigner leurs équipes et eux-mêmes. Bien traités, les cadres seront « bien-traitants ».

  • La deuxième étape, c'est de mesurer


Nous en avons déjà parlé, car la mesure induit les comportements. Dans le rapport remis au Premier Ministre en février 2010, Henri Lachmann, PDG de Schneider écrit que « Mesurer les conditions de santé et sécurité au travail est une condition du développement du bien-être en entreprise ».

On pourrait même dire qu’en entreprise, tant que l’on ne les mesure pas, les « choses » n’existent pas. Mais tout se mesure-t-il ? Bien sûr que non ! Toutes les relations informelles, la convivialité entre collègues, les rumeurs positives, les idées qui circulent, font aussi la richesse de l’entreprise, alors qu’elles ne sont pas mesurées, injustement comme le dirait Joseph Stiglitz.

En revanche, lorsque l’on souhaite faire de la prévention efficace, c'est-à-dire modifier certains comportements à risque, il faut mesurer. Il n’y a pas de diagnostic sans mesure. Au XXème siècle, à l’époque où le travail était plus physique, la médecine du travail a mis 40 ans à organiser une prévention de la santé physique des salariés, par la mesure des accidents et des arrêts de travail. C’est de cette mesure et de son analyse que sont nées les grands principes de la protection : les gants, casques, lunettes, chaussures de sécurité, les bouchons dans les oreilles, la mise en condition physique, entre autres.

Aujourd’hui le travail est moins physique, il est plus psychologique et c’est la santé mentale que l’on doit préserver.

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