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17 / 12 / 2009 | 4 vues
Thierry Amouroux / Membre
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Revalorisation salariales et LMD : un jeu de dupes pour les infirmières !

La séance de négociations salariales du 14 décembre 2009 avec les 8 organisations syndicales représentatives, dans le cadre de la reconnaissance des compétences liée à la réforme LMD (Licence, Master et Doctorat) des professions paramédicales, relève de la provocation. Le projet de protocole ne prévoit qu’un reclassement en octobre 2011, soit pas un centime de revalorisation pendant les deux années à venir !

Nous sommes loin des annonces de la Ministre, qui évoque dans la presse la situation d’une infirmière en fin de carrière en 2016 ! Comme la moitié des IDE (Infirmière Diplômée d'État) hospitalières doivent partir à la retraite d’ici 2015 : cela ne donc risque pas de concerner grand monde ! Face à cela, les huit organisations syndicales représentatives ont quitté la table des négociations.

  • Exemple de ce florilège de bêtise : en page 9, le document précise même que pour atteindre le sommet de la grille salariale, il faudra attendre 6 ans de plus car « la durée de carrière passe à 31 ans afin de tenir compte de l’allongement de la durée de la vie professionnelle »… qui est de 12 ans en moyenne chez les infirmières !
La revalorisation des IDE de classe normale (premier grade), comme celles des IDE de classe supérieure (deuxième grade), sera dans deux ans de 7 à 10 points (soit 32 à 46 euros bruts par mois). Mais pour passer en catégorie A, les IDE doivent renoncer à toutes les mesures spécifiques à la grande pénibilité du métier :
  • possibilité de partir à la retraite à 55 ans (mais pas à taux plein !) ;
  • bonification d’un an tous les 10 ans en catégorie active.

En effet, selon les études objectives de la caisse de retraite CNRACL, 1 IDE sur 4 part à la retraite en invalidité, et leur espérance de vie est inférieure à celle d’une femme française.

  • Le projet de protocole paraît à ce point ridicule qu’en page 10, nous avons même une extrapolation virtuelle pour dans sept ans ! « À l’issue des opérations de reclassement, en 2016, les infirmiers auront bénéficié d’une majoration de 1 487 par an en moyenne par agent »… Somme virtuelle étant donné qu’ils auront majoritairement quitté la profession avant d’atteindre un indice terminal bien théorique ! Un jeu de dupes !


Les infirmières spécialisées (puéricultrices, anesthésistes, bloc opératoire) déjà en catégorie A depuis 2001, vont devoir attendre trois ans, en décembre 2012, pour une revalorisation… À condition de renoncer, elles aussi, aux mesures pour compenser la pénibilité !

Nous sommes loin des engagements du Président de la République et de Roselyne Bachelot, qui ont indiqué à de nombreuses reprises que leurs objectifs étaient de reconnaître les compétences des infirmières, et de rendre cette profession attractive.

Nous demandons un salaire en rapport avec nos compétences et nos responsabilités, pas la charité. Ces propositions sont insultantes pour les professionnels que nous sommes. Les dernières revalorisations salariales des infirmières ont fait suite au « mouvement infirmier de 1988 ». Vingt ans après nous attendions autre chose que cette aumône.


À cette époque, nous commencions à 1'5 fois le SMIC, pour finir notre carrière à 3 fois le SMIC. Aujourd’hui, selon les propres chiffres du Ministère, une infirmière de classe normale débute à 1 479 euros pour finir sa carrière à 2 252 euros (salaire nets, primes et indemnités comprises).

Pour les infirmières qui refuseraient le chantage sur les retraites, il est prévu un droit d’option pour une grille intermédiaire en B, le « nouvel espace statutaire, NES » toujours en octobre 2011, avec une aumône de 4 points, soit 18 euros bruts par mois.

Depuis 30 ans (1979) que nos études sont en trois ans, nous attendons une reconnaissance salariale conséquente, au regard de nos compétences et de nos responsabilités.

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