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21 / 05 / 2009 | 1 vue
Elsa Fayner / Membre
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Inscrit(e) le 22 / 09 / 2008

“Quand je me maquillais, on me traitait de pot de peinture”

J’étais le sous-chef dans l’ambulance : c’est l’ambulancier qui conduisait, je restais à l’arrière avec le patient. La plupart des ambulanciers sont des hommes, et c’est un milieu très macho. Même entre eux, les ambulanciers sont en concurrence. C’est à celui qui aura le plus gros salaire, les meilleures horaires, les plus gros bras.
   

« Ils m’appelaient ”la lesbienne” »


    Moi, quand je me maquillais, on me traitait de ”pot de peinture”. C’était d’ailleurs les autres femmes de l’entreprise qui critiquaient… Mes collègues masculins, eux, disaient que je n’avais pas besoin de maquiller pour ce métier. Ils disaient aussi que j’étais trop maigre, que j’avais la peau sur les os. Ou que j’étais ”la lesbienne” parce que j’étais célibataire.
   

« Je ne voulais pas les laisser gagner »


    Ca ne me touchait pas trop, c’était tellement habituel que je n’y ai plus fait attention au bout d’un certain temps. Mais je ne pouvais pas me sentir bien dans une telle ambiance, j’allais au travail parce qu’il le fallait bien, je me forçais. Et, puis, j’ai résisté à ma façon. J’ai quand même continué à me maquiller par exemple. Je ne voulais pas les laisser gagner. Tout en restant sobre dans ma tenue -jean, basket, blouse blanche- parce qu’il faut pouvoir porter les malades dans ce métier.
   

« C’est mon corps qui a craqué »


C’est d’ailleurs ça qui a fini par poser problème. C’est mon corps qui a craqué le premier dans ce métier d’homme. Parce que je portais les malades, parfois dans les escaliers quand il n’y a pas d’ascenseur. Quand j’avais du mal à porter quelqu’un de 100 kg, le chef ne venait pas forcément m’aider. Et si je demandais du renfort à un membre de la famille, il n’était pas content non plus. Il me disait: ”t’as qu’à changer de métier si ça ne te va pas”.
   

Le patron de la société disait aussi que ce n’est pas un métier pour les femmes. Il ne fournissait aucun matériel pour m’aider, il n’a jamais cherché à faciliter le travail.
   

Finalement,  le médecin du travail m’a arrêtée en voyant l’état de mon dos. Sur le moment, ça a été un grand soulagement, de ne plus avoir à côtoyer cette équipe et ce chef. Mais une crainte aussi. Car j’ai aujourd’hui un statut de travailleur handicapé, et je voudrais faire du secrétariat. Mais je ne trouve pas de travail, malgré tous mes efforts.

(1) Le prénom a été modifié, à la demande de l’intéressée.

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