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01 / 04 / 2009 | 5 vues
Elsa Fayner / Membre
Articles : 40
Inscrit(e) le 22 / 09 / 2008

"Pour pouvoir continuer à soigner, je fais réparer mon corps tous les mois"

Christiane (1), 40 ans, est infirmière libérale. Elle y laisse santé, et son équilibre.

    Je suis infirmière libérale depuis trois ans. Avant je travaillais en clinique. C’était moins dur, on travaillait souvent à deux et les lits étaient médicalisés, ils pouvaient monter et descendre. Mais, à domicile, je fais beaucoup de manutention. Il faut lever les patients, sans aide ni matériel adapté. Une maison ne permet pas un tel équipement. Or, je suis seule et, parfois, les patients sont lourds. D’ailleurs, quand mon patient de 90 kg tombe, j’appelle les pompiers.
   

« C’est moi qui anime son corps »


    Mais le reste du temps, je m’occupe de le faire bouger, il ne fait plus rien seul : mon bras lève son bras, mes jambes et mes bras le soulèvent jusqu’au fauteuil, c’est moi qui anime son corps. C’est mon corps qui trinque.
   

« C’est mon corps qui trinque »


    J’accumule les cervicalgies, les douleurs lombaires et dans les épaules. J’ai des agacements dans les jambes quand j’essaie de m’endormir. Dès que je me couche, j’ai mal partout. Je me lève tôt, je finis tard, j’ai trop de charges et pas assez d’épaules. Je dépasse mes limites physiques, j’accumule beaucoup de stress et d’usure.
   

« Je suis libérale, c’est-à-dire livrée à moi-même »


    Mais, en tant qu’infirmière à domicile, je n’ai pas de visite médicale, pas de médecin du travail, pas de suivi de santé : je suis libérale, c’est-à-dire livrée à moi-même, et il ne vaut mieux pas tomber malade dans cette profession, on ne peut pas s’arrêter.
   

« Dans mon emploi précédent, je n’ai jamais eu que des rhumes »


    Alors, je consulte tous les mois un ostéopathe : pour mon bras et mes jambes puissent continuer à animer le bras et les jambes des patients, je remets mon corps entre ses mains. L’ostéo observe des blocages partout chez moi, qui n’existaient pas auparavant. Je n’ai pas d’autres activités stressantes, et, dans mon emploi précédent - dans l’édition-, je n’avais jamais eu que des rhumes.
   

« J’ai dû travailler, malgré les vomissements »


    Depuis juillet, j’ai été prise aussi de vertiges et d’acouphènes. À tel point que je me suis retrouvée aux urgences, sous perfusion. Je n’avais plus d’équilibre. J’ai dû travailler, malgré les vomissements, parce qu’il n’y avait personne pour me remplacer. Seulement, quand l’équilibre externe est perturbé, l’équilibre interne, l’harmonie générale, en pâtissent aussi. Et je ne me vois pas faire ce métier pendant vingt ans.

(1) Le prénom a été modifié, à la demande de l’intéressée.

 

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