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09 / 01 / 2009 | 14 vues
Gérard Neyret / Membre
Articles : 5
Inscrit(e) le 09 / 01 / 2009

Il faut sauver le 3611 et le Minitel

La disparition très prochaine des renseignements téléphoniques du 3611, qui anticipe celle du Minitel, est une mauvaise action envers nos compatriotes, qui ne seront jamais raccordés à Internet, mais qui disposent du Minitel.

En effet, qu’on le déplore ou pas, la « fracture numérique » existe. Avec ou sans ADSL, de nombreux Français n’accèderont jamais à l’Internet.

Se connecter à Internet, c’est en effet devoir acheter un matériel, des logiciels et des anti-virus rapidement périmés, et se lancer dans un apprentissage pas toujours évident. C’est être l’objet de messages non désirés et d’arnaques diverses (dont la subtilisation discrète de données personnelles). Pour s’informer, c’est souvent devoir s’affronter à bien des sites conçus davantage pour la promotion de produits que pour fournir rapidement l’information demandée.

C’est la raison pour laquelle ne seront pas reliés à Internet ceux qui n’en n’ont pas les moyens financiers, ou pas le niveau nécessaire, ou simplement nulle envie de se livrer aux soucis d’une activité trop gourmande en temps, comme l’avouait récemment à la télévision l’académicien Jean d’Ormesson. C’est le cas de bien des retraités, et de petits commerçants, artisans ou agriculteurs. C’est fréquemment le cas dans les campagnes, éloignées des services d’assistance, et de plus sujettes aux aléas de la distribution électrique rurale, qui imposent en plus la présence d’un onduleur pour alimenter un ordinateur. Bon nombre d’entre elles ne peuvent encore d’ailleurs disposer que du bas débit.

Un million de foyers encore équipés

Ils se contentent souvent du Minitel, qui présente des avantages définitifs sur l’Internet :

  • pas d’investissement à l’achat encombrement restreint, avec seulement 2 câbles de connexion
  • connexion instantanée avec le réseau téléphonique
  • grande facilité d’utilisation
  • parfaite sécurisation, sans risque de virus, de spams, d’arnaques ou de subtilisation des données (notamment pour leurs relations avec leur compte bancaire)
  • information limitée à l’essentiel, sans publicité envahissante
Ceci explique qu’un million de foyers disposent encore du Minitel. Bon nombre d’usagers d’Internet conservent d’ailleurs aussi en même temps leur Minitel, à cause de ses qualités.

La première utilisation du Minitel est le renseignement téléphonique, donné par le 3611, d’une grande facilité d’emploi, et qui permet d’obtenir des informations difficiles, sinon impossibles à obtenir d’un service de renseignements téléphoniques (par exemple la liste de tous les abonnés d’un immeuble à une adresse donnée). Ce service a été subrepticement revendu par France Télécom, avec celui des PagesJaunes avec lequel il a été fusionné, principalement au fonds américain KKR (qui détient 54% des actions). Les usagers ont eu ainsi un beau jour la surprise de découvrir sans préavis que les trois premières minutes gratuites du 3611 étaient devenues payantes (0, 225 euros).

Les usagers du seul Minitel ont déjà eu la désagréable surprise de voir disparaître le 3615 SNCF, si facile d’emploi pour choisir son horaire de train, ainsi que le 3615 HORAV, pour une information à jour sur les  horaires d’avion.

Bon nombre de ceux qui disposaient des deux facilités, Internet et Minitel, préféraient de beaucoup le 3615 SNCF, qui donnait immédiatement la première information cherchée par tout voyageur potentiel, à savoir les horaires permettant pour un jour fixé de relier une gare à une autre, plutôt que de perdre des heures à ne pas arriver à obtenir ce renseignement dans le fatras des informations du site « voyages-sncf.com ». Il semble en effet que l’objectif premier de ce site soit de remplir à tout prix les TGV, plutôt que celui de permettre aux voyageurs d’établir leur programme de voyage.

Ce qui arrive au Minitel illustre bien ce qui peut arriver lors du transfert d’une activité propriété de l’Etat, c’est-à-dire des citoyens français, et dont la priorité est le service à leur rendre, à un groupe financier sur qui l’Etat n’a guère prise, et dont la première priorité est de faire du profit (ou d’éviter de la perte, s’il a été imprudent dans la gestion de ses finances…). Leçon à retenir, au moment où l’on parle de la prochaine privatisation de grands services publics.

Mais ne désespérons pas. On finira bien un beau jour par privatiser des services publics tels que les routes départementales et les chemins communaux, avec postes de péage sur chaque tronçon (bien entendu automatisés, pour éviter de créer des emplois…) !

C’est la raison pour laquelle il convient d’agir vigoureusement pour obtenir le maintien du 3611
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