Participatif
ACCÈS PUBLIC
16 / 01 / 2012
Sylvain Thibon / Membre
Articles : 194
Inscrit(e) le 07 / 01 / 2010

Le triple A social de Canal+ encore dégradé

Depuis plusieurs années, la note sociale de Canal+ n’a cessé de se dégrader. Avec la décision prise la semaine passée, elle poursuit une chute dangereuse.

La DRH de Canal+ a décidé de rompre le contrat qui nous liait depuis plusieurs années au cabinet Pluridis. C’est une erreur...

Les conséquences de cette décision, prise en catimini et contre toute attente, nous impose d’alerter sur les risques qu’elle fait courir aux partenaires sociaux comme à certains de nos dirigeants.

  • Ce cabinet est spécialisé dans la prise en charge de salariés qui, pour des raisons diverses, décrochent, sont en perte de repères, ou tout simplement sont à la recherche d’un soutien personnalisé pour comprendre et analyser une situation ou un environnement professionnel en mutation.


Autant dire que de très nombreux salariés sont concernés à Canal+. Nous en rencontrons beaucoup et pourtant tous ne viennent pas nous voir…

Pluridis propose une prise en charge personnalisée sur quelques séances de travail dans un environnement externe à l’entreprise et totalement confidentiel.

Pluridis a été choisi en 2003 lors du second plan social sur une proposition que nous avions formulée. Nous considérions alors que les risques psychosociaux liés à la réorganisation majeure de l’entreprise, au départ de plusieurs centaines de salariés, entraineraient des perturbations importantes chez de nombreux salariés.

C’est pourquoi nous avions proposé d’intégrer ce cabinet spécialisé afin de prendre en charge les salariés qui partaient mais aussi, et peut-être surtout, pour accompagner les salariés qui restaient et qui étaient pour beaucoup sous le choc et inquiets de l’avenir.

Sélectionné parmi d’autres cabinets, Pluridis a depuis vu son contrat régulièrement renouvelé et a pu accueillir plusieurs dizaines de salariés de Canal+.


En rompant le contrat avec Pluridis, c’est cette possibilité que vient d'éteindre notre direction.

  • Avec une telle décision, nous nous mettons aux marges de la légalité…


Dans une récente enquête de la DARES, 17 % des salariés déclarent être l'objet d'un comportement systématiquement hostile dans leur environnement de travail, 8,9 % déclarent être confrontés à un déni de leur travail et 6,5 % déclarent être concernés par des comportements méprisants (25 000 salariés interrogés).

Aujourd’hui, sur ces sujets, la responsabilité de l'employeur, sur le plan civil et pénal peut être engagée.

L’employeur assume une lourde obligation légale : l’obligation de sécurité de résultat en matière de santé et sécurité au travail. Au titre des dispositions de l’article L. 4121-1 du Code du Travail : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer et protéger la santé physique et mentale des salariés ». Cette obligation s’inscrit dans la démarche générale de prévention qui incombe à l’employeur.

Échec de l'accord sur « le bien-être au travail »


La négociation a tourné court, l’ensemble des partenaires sociaux ont vite compris le manque de volonté de notre direction pour construire un accord sérieux sur ces sujets sensibles.

Pourtant, de bonnes intentions avaient été formulées dans ce projet d’accord :
« La direction de Canal+ rappelle l’importance qu’elle accorde à la préservation de la santé des collaborateurs et à leur valorisation comme principale ressource de l’entreprise.
Comme le respect des salariés inscrit dans la charte éthique, le bien-être des collaborateurs constitue une valeur à laquelle la direction générale entend affirmer son attachement… »

Finalement, cet accord sur le « bien-être » a été remisé au fond d’un placard et depuis, plus rien... Sauf Pluridis. Quelques milliers d’euros pour adoucir certaines situations personnelles et professionnelles dégradés, mais c’était certainement encore trop.

Cette décision crée une situation nouvelle. Elle nous place, partenaires sociaux et direction, en situation de fragilité légale et opérationnelle.

Ne rien faire serait une erreur fondamentale.

  • Les besoins sont criants, et tout le monde s’accorde à dire que le niveau de souffrance individuelle a fortement progressé ces dernières années. Le médecin de Canal+ s’est d’ailleurs exprimé sur ce sujet lors du dernier CHSCT pour le confirmer.


Nous allons proposer d’ouvrir une nouvelle négociation afin d’aboutir à la rédaction d’un accord sur les risques psychosociaux.

  • Canal+ avait l'obligation d'entamer et de finaliser un accord sur les RPS avant fin 2011. Aujourd’hui en 2012, il n’existe plus aucun outil en interne. Le seul, le petit service que nous pouvions rendre aux salariés vient d’être évincé.


À l’heure où Vivendi met en place un véritable train de mesures sur le sujet, Canal+ éteint le seul petit relais d’écoute et de traitement de ces problématiques psychosociales…

Pas encore de commentaires