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31 / 03 / 2011 | 16 vues
Didier Cozin / Membre
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Le DIF dans la fonction publique : entre peau de chagrin et larmes de crocodiles

Acte III, scène 1 : la fonction publique et le DIF

En ce printemps 2011, alors que le DIF est réalisable depuis trois années dans la fonction publique territoriale, le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) fait le point sur ce dispositif et sa mise en œuvre dans les collectivités territoriales.

Ce premier bilan, exclusivement quantitatif, concerne la mise en œuvre du DIF en 2008 et 2009, et porte sur le traitement de près de 10 000 conventions exploitables et complètes, sur les 13 281 adressées au CNFPT…

Si l’on comprend bien, pour les 1,7 million d’agents de la FPT, il y a eu entre 2008 et 2009, 13 000 demandes de DIF (et 10 000 réalisations) soit un taux de 0,58 % de DIF.

  • Le précédent record, celui de la fonction publique d’État (qui tournait quant à elle autour de 1 %) est largement battu.

 

  • Pire encore, le DIF qui devait (entre autres) permettre de repositionner dans la formation les agents les moins qualifiés, le DIF est ignoré des personnels de catégorie C.

Si l’on résume la situation, un droit à la formation qu’on voulait universel, déployé depuis 2007 dans le secteur public est nié, oublié, raillé par les mairies et collectivités locales. On aurait naïvement pu croire que la fonction publique montrerait l’exemple avec une réelle et novatrice politique de développement des compétences de ses personnels.

Pourtant, durant des années des organismes de formation ont tenté de déployer le DIF dans les mairies, en vain. Partout la réponse fut la même : « nous avons le temps pour le mettre en œuvre », « nous n’avons pas d’argent à y consacrer », « le CNFPT va nous aider», « nous payons déjà notre cotisation formation au CNFPT et ne souhaitons rien payer de plus »,  «seul notre plan de formation nous intéresse », « les agents de notre commune n’ont pas besoin du DIF »…

Bref, les acteurs de la formation comprirent entre 2008 et 2009 qu’ils devaient passer leur chemin, que le DIF se ferait entre copains, que la chasse était gardée par le CNFPT (qui à la fois collecte l’argent de la formation et réalise les prestations, ce qui ne laisse pas de surprendre au regard du droit de la concurrence) et qu'on avait tout son temps pour le mettre en œuvre.

Donc, dès 2007, les mairies et les collectivités territoriales ont fait le choix clair et assumé de ne pas mettre en œuvre une loi de la République (les excuses d'une mauvaise communication ne tiennent pas quand on a fréquenté ces organisations lors du lancement du DIF).

Donc, quand on apprend que 0,5 % des agents ont pu exercer leur droit à la formation, seuls quelques tartuffes peuvent feindre la surprise.

Depuis 2008, les mairies ont été aussi peu réactives et volontaristes que les entreprises privées face au droit à la formation, elles ont commis (pour les mêmes raisons conformistes) les mêmes erreurs. L’expérience (malheureuse) du privé n’aura donc servi à  rien, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets en France et une société encalminée dans des modèles dépassés ne parvient guère à s'en extraire, quel que soit le secteur observé.

Le DIF avait pour mission de culbuter une formation professionnelle dispendieuse, inadaptée et profitant toujours aux travailleurs les plus qualifiés. Hélas, le bouchon formation qui s’est créé depuis 40 ans en France est solide et les citadelles éducatives ont plus d’un tour dans leur sac pour ne pas se remettre en cause.

Le DIF est perçu, par le privé comme par le public, comme un empêcheur de former en rond, un dispositif dispendieux et luxueux qu’on peut s’exonérer de mettre en œuvre.

L’État (on attend, sans crainte d’être démenti, les chiffres du DIF à l’Éducation nationale alors que le ministre avait promis une mise en œuvre dès septembre 2010) et toute la fonction publique (il en sera de même bien évidemment dans les hôpitaux publics) ont fait semblant de mettre en œuvre la formation tout au long de la vie. Ils se sont contentés d’enregistrer la nouveauté, d’opiner du chef tout en pensant à autre chose dès qu’il s’est agi d’être créatif ou réactif.

Notre pays dans la société de la connaissance et de l’information est décidément mal parti : des millions de salariés sont illettrés, la pratique des langues étrangères est à peu près absente de l’univers professionnel, les moins qualifiés sont exclus d'internet et de l’informatique, mais nous pensons pouvoir jouer éternellement notre partition dans la société de la connaissance et de l’information.

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Bonjour,

 Le problème est le même que dans le privé...Les comportements sont les mêmes.

 Mais je persiste à penser que le problème ce sont surtout les bénéficiaires du DIF (salariés ou agents publics) qui ignorent tout du dispositif et de certaines de ses particularités et ne déposent pas suffisamment de demandes.

On ne communique pas suffisamment sur le dispositif. Et quand on le fait, on le fait mal en n'insistant pas trop sur certains points.

Le problème dans le privé, c'est que si les demandes commencent à affluer, c'est la panique assurée...

Rappelons que nombre de salariés - je parle du privé - ont atteint le maximum légalet qu'il s'agit pour eux de préserver leurs droits pour l'avenri, leurs compteurs étant désormais gelés.