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05 / 03 / 2015 | 20 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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La reconnaissance du travail syndical passe-t-elle nécessairement par la promotion ?

Le travail syndical est confronté à un triple déficit de reconnaissance : celui des directions, celui des salariés et enfin, paradoxalement, celui des syndicats eux-mêmes. C'est certainement par là qu'il faut commencer par traiter le problème. « Il est nécessaire de penser l’organisation du travail à l’intérieur même du mouvement syndical. Mais l’importance de ce travail d’organisation semble souvent sous-estimée. Peut-être parce que de nombreux militants syndicaux persistent à penser que le syndicalisme n'est pas un véritable travail (la suite de l'interview est sur abonnement) », explique Dominique Lhuillier, professeur au CNAM (chaire de psychologie du travail) et membre du comité de rédaction de la Nouvelle Revue de Psychologie dont le dernier numéro porte sur le travail syndical.

Elle interviendra le 11 mars au Stade de France à l'occasion de la conférence sur les clefs de la reconnaissance du travail syndical qu'organise Miroir Social dans le cadre des assises du CHSCT du salon Eluceo.

Les intervenants :

  • Dominique Lhuilier, professeur au CNAM, Centre de Recherche sur le Travail et le Développement ;
  • Nicole Maggi-Germain, directrice de l'Institut des sciences sociales du travail ;
  • Denis Garnier, responsable des formations conditions de travail à la fédération FO santé ;
  • Gérard Taponat, responsable du master négociations et relations sociales de Paris Dauphine, directeur des relations sociales de Manpower ;
  • Marc Antoine Marcantoni, délégué syndical CFE-CGC chez Thales, chargé d'enseignement à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

La conférence se déroulera à partir de 15h30 dans l'auditorium. Inscrivez-vous, participation gratuite.

« Le syndicalisme n'est pas un travail mais c'est pourtant beaucoup de travail », explique Denis Garnier qui invite les militants à bien s'interroger sur la réalité de leur travail quotidien et sur les objectifs qu'ils se donnent avant de s'intéresser au travail des autres.

Un déficit de reconnaissance que l'on retrouve aussi au niveau des directions. « Ce n’est pas parce que l’on est délégué syndical central et que l’on tient un mégaphone que l’on est nécessairement compétent », estime Gérard Taponat.

Les résultats d’une enquête inédite sur l’employabilité syndicale conduite par OasYs Consultants et Miroir Social en mars 2014 illustre à quel point les représentants du personnel ont tendance à surévaluer leurs compétences, tandis que les recruteurs les minorent. Le signe flagrant d’une absence totale de repères des deux côtés. 76 % des syndicalistes se considèrent par exemple comme de bons managers tandis que seuls 35 % des recruteurs sont de cet avis.

D'où une forte appétence des syndicalistes à décrocher diplômes et certifications par la voie de la formation continue pour attester des compétences acquises. Universités et grandes écoles ont bien identifié le besoin. Les conditions d’accès à certaines formations universitaires se trouvent parfois facilités pour les syndicalistes. La voie de la validation des acquis de l'expérience (VAE) est difficile. « Il faut compter au moins 400 heures de travail, en particulier sur la rédaction du mémoire qui va établir les liens entre les apports du diplôme visé et les expériences acquises. Or, cette charge de travail supplémentaire est plus difficilement supportable si l’organisation syndicale ne la prend pas en compte. Il y a matière à progresser sur le sujet. Pour s’éviter des déceptions, il faut bien par ailleurs comprendre que l’on ne valide pas la totalité de son expérience syndicale avec la VAE. Ce sont des compétences avec des cohérences entres elles qu’il s’agit de valider (la suite de l'interview est sur abonnement) », explique Yannick Le Quentrec, directrice de l’Institut Régional du Travail de Midi-Pyrénées.

En attendant, la formation ou la VAE sont loin de constituer des passeports pour des promotions. C'est avant tout par la reconnaissance du travail réel des représentants du personnel que les parcours syndicaux seront valorisés. Avec une évaluation croisée des RH et des syndicats sur les missions réalisées qui devient de plus en plus acceptable. Il y a une forme d'urgence car la reconnaissance est aussi défaillante du côté des salariés. C'est ainsi que seuls 26 % des agents de la CPAM de Paris connaissent les sujets discutés et négociés entre DRH et syndicats. Une absence de reconnaissance qui concerne pour le coup tant la direction des ressources humaines que les représentants du personnel.

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