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La Cour de Justice de l'Union européenne va se pencher sur l'inégalité de traitement des salariés pacsés au Crédit Agricole
L’association ADHEOS, Centre LGBT (lesbien , gay, bi, trans) de Charente-Maritime, le syndicat SUD Crédit Agricole Charente-Maritime Deux-Sèvres et la Fédération LGBT se félicitent de l’arrêt de la Cour de Cassation n° 10-18.341 du 23 mai 2012.
L’affaire  concerne un salarié pacsé avec un partenaire de même sexe, ayant  réclamé au Crédit Agricole de Charente-Maritime Deux-Sèvres, en juillet  2007, l’attribution des avantages conventionnels en faveur des salariés  mariés. L’employeur s’y était refusé, estimant que ces avantages  devaient être réservés aux seuls salariés mariés.
La HALDE dans sa délibération n° 2007-366  du 11 février 2008, recommandait à la fédération nationale du Crédit  Agricole, de se conformer à l'article L.122-45 du Code du travail,  d'étendre le bénéfice des avantages à l’occasion d’événements familiaux  liés au mariage aux salariés pacsés dans les trois mois « afin de  restaurer l'égalité de traitement entre les salariés ».
Par ailleurs, la HALDE recommandait également  à Xavier Bertrand, alors Ministre du Travail, des Relations sociales  et de la Solidarité de faire procéder à l’amendement de l'article L  226.1 du Code du travail afin d'étendre le bénéfice de l'ensemble des  congés pour événement familiaux réservés aux seuls salariés mariés aux  salariés unis par un PACS. L’ancien gouvernement n’a jamais donné suite  à cette recommandation. Le nouveau Ministre du Travail, Michel Sapin, devrait avoir une position différente si l'on en juge par les engagements pris lors de la campagne électorale par notre nouveau Président de la République.
- Dans son arrêt du 23 mai, la Cour de Cassation conforte cette position, estimant que le fait de réserver un avantage en matière de rémunération et de conditions de travail aux personnes mariées, ce qui exclut nécessairement les partenaires de même sexe pacsés, constitue une discrimination indirecte. La Haute juridiction interroge toutefois la CJUE, dans le cadre d’une question préjudicielle, sur la possibilité de justifier cette différence de traitement par un objectif légitime.
Au terme de la directive communautaire n° 2000/78/CE du 27 novembre 2000  portant création d’un cadre général en faveur de l’égalité de  traitement en matière d’emploi et de travail, l’existence d’une  discrimination indirecte peut cependant être écartée lorsque la  différence de traitement est « objectivement justifiée par un objectif  légitime », et à condition que « les moyens de réaliser cet objectif  soient appropriés et nécessaires » (art. 2 § 2, b).
Pour  la Cour de Cassation, il convient donc de rechercher si la différence  de traitement instituée par la convention collective « peut être  objectivement justifiée par un objectif légitime tenant aux différences  qui existent entre les salariés contractant un mariage et ceux qui  concluent un pacte civil de solidarité ».
Pour se prononcer, la Haute juridiction a préféré surseoir à statuer et saisir la CJUE d’une question préjudicielle  visant à déterminer si le choix du législateur français de réserver la  conclusion d’un mariage aux personnes de sexe différent pourrait  constituer un objectif légitime, approprié et nécessaire justifiant la  discrimination indirecte résultant de la convention collective du Crédit  Agricole.
 Le bon sens très loin des dirigeants du Crédit Agricole... 
Suite  à la recommandation de la HALDE, de nombreuses entreprises ont déjà  décidé d’étendre les mêmes droits sociaux pour événements familiaux des  salariés mariés aux salariés pacsés, notamment les banques membres de  l’AFB depuis fin 2010.
Au Crédit Agricole, l’accord national qui permettait depuis le 10 juillet 2008 l’égalité de traitement entre salariés pacsés et mariés est tombé à échéance  depuis le 31 mars 2010, sans qu’il ne soit reconduit à ce jour, en  dépit de la recommandation de la HALDE, et de la signature par  l’employeur de la charte de la diversité et des droits humains.
Ainsi, le Crédit Agricole maintient délibérément une inégalité de traitement  entre ses salariés en persistant à refuser l’assimilation des salariés  pacsés aux salariés mariés.
En serait-il encore à se positionner contre le sens de l’histoire à propos du PACS ?
La position du groupe Crédit Agricole est particulièrement incompréhensible et il est demandé par l’association ADHEOS, le syndicat SUD Crédit Agricole et la Fédération LGBT, au Crédit Agricole Charente-Maritime Deux-Sèvres et à la fédération nationale du Crédit Agricole, de  mettre leurs actes en conformité avec leurs engagements et à renoncer à  une position politique d’arrière-garde qui ne grandit pas ses auteurs.
Aussi, les entreprises qui n’ont pas modernisé leurs dispositions conventionnelles, comme le Crédit Agricole, prennent  le risque que, ultérieurement, la CJUE écarte l’existence d’une  justification objective et consacre l’existence d’une discrimination  indirecte, permettant ainsi aux pacsés salariés de faire valoir leurs  droits et de réclamer des dommages-intérêts.
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