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22 / 12 / 2008 | 8 vues
Hélène Truffaut / Membre
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L'environnement a bon dos

 

Licenciements, restructurations: certaines entreprises invoquent déjà le respect de l'environnement pour mieux faire passer la pilule.

 

En favorisant les petites voitures produites dans les pays de l'Est, le système de bonus-malus écologique de Jean-Louis Borloo n'a guère arrangé les affaires des salariés du site de Renault Sandouville, dédié à la fabrication des berlines haut de gamme. Mille postes y sont supprimés. Un dommage collatéral du développement durable? Pour Martin Richer, directeur général de la division Alpha (conseil aux CE et CHSCT) du groupe Alpha, « nous sommes face à des contradictions. L'environnement, comme auparavant les conditions de travail, devient une excuse pour supprimer ou délocaliser des emplois. Alors qu'avec un peu d'anticipation, il est possible de conduire les choses différemment ».

A Branoux-les Taillades dans le Gard, les résultats d'une étude environnementale ont contribué à sceller le sort des 22 salariés -aujourd'hui tous licenciés- de la Compagnie du Mont Lozère. Le 5 juin dernier, ils apprennent la fermeture de leur usine, une conserverie de champignons, filiale du groupe France Champignon (lui-même propriété du fonds d'investissement français Butler Capital Partners). Dès le lendemain, ils organisent un piquet de grève devant le site. Pour Gilles Bécu, délégué syndical CGT, l'usine était rentable. « Mais la direction nous a refusé l'accès aux comptes, avant d'invoquer la nécessité d'une mise en conformité des installations sur l'activité appertisé, du fait des rejets salés dans le Gardon. Il n'y avait pourtant jamais eu aucune plainte ».

Deux expertises environnementales sont alors lancées, dont une menée par Secafi Alpha, qui aboutissent à des conclusions similaires: 1,5 million d'euros sont nécessaires pour une remise aux normes. « L'investissement était trop important pour une activité en nette perte de vitesse », soutient le DRH de France Champignon Jean-Michel Caron. Les dés étaient jetés.

 

« Tout ce qu'ils voulaient, c'était fermer le site, en gardant la marque et notre fichier clientèle », Gilles Bécu, ancien salarié et délégué syndical CGT de la Compagnie du Mont Lozère.

« Nous avions des possibilités de financement, mais tout ce que la direction voulait, c'était fermer le site sans chercher de repreneur, en gardant la marque et notre fichier clientèle », estime Gilles Bécu. Les salariés (pour la plupart âgés de plus de cinquante ans) ont, du coup, continué à se battre sur le volet social. Ils ont finalement obtenu 16 000 euros par personne en sus des indemnités légales, après tout de même plus de 90 jours de grève, l'occupation de l'usine... Et quelques palettes de stock parties en fumée.

Pour les salariés de Sanofi-Aventis à Vitry-sur-Seine en région parisienne, la nouvelle de la restructuration est tombée en février 2008. Une annonce qui a, elle aussi, été suivie d'une demande d'expertise du CHSCT sur la prévention du risque environnemental. Il faut dire que l'unité de production -classée Seveso seuil bas- du géant pharmaceutique avait déjà fait l'objet de plusieurs incidents et rappels à l'ordre des autorités au sujet de ses rejets chimiques. Et que la direction avait, à l'époque, en partie justifié sa décision par ses difficultés à mettre aux normes un site centenaire enclavé dans une zone urbaine. Le facteur n'était pourtant guère aggravant selon l'étude réalisée par Alpha Conseil. Laquelle a conclu que « la motivation profonde de la reconversion du site » relève davantage d'une question « d’organisation industrielle et de fiabilisation des processus que d’impossibilité à gérer les risques environnementaux et professionnels ».

« Nous amorçons un virage stratégique vers les biotechnologies et l'usine de Vitry dispose d'une expertise connexe, explique aujourd'hui un porte-parole du groupe. Cent millions d'euros vont être investis dans une nouvelle unité de production -plus propre- qui devrait être mise en service en 2011 et générer la création d'une centaine de postes. Mais le transfert de certaines des productions actuelles sur d'autres sites entraîne la suppression de 340 emplois (sur plus de 600 au total). « 40 personnes vont bénéficier d'une formation. Les autres se verront proposer une mobilité ou une préretraite », assure le porte-parole de Sanofi-Aventis.

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