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05 / 01 / 2011 | 2 vues
Richard Rigano / Membre
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L'autonomie des universités françaises devient la règle

Près de 90 % des universités françaises auront adopté le statut autonome avant 2012.

Un pari qui dépend pour beaucoup des ressources financières

La loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités (LRU) bouleverse la tradition universitaire. Difficile d'en prévoir les conséquences à terme, car la capacité et l'indépendance financières sont les clefs de la réussite.

Un ancien ministre, Claude Allègre, disait qu'il était impossible de « dégraisser le mammouth », évoquant l'Éducation nationale dont il était en charge. La réforme universitaire engagée par Valérie Pécresse semble lui donner tort, car c'est à une véritable révolution de l'enseignement supérieur que la loi, dite LRU, s'est attaquée, sans que les protestations aient été virulentes.

Alors que le passage à l'autonomie des 83 universités doit être réalisé pour 2012, près de 90 % d'entre elles ont désormais franchi le pas.

  • Les enjeux sont énormes puisque pour les universités ayant déjà adopté le nouveau statut, près de 124 000 emplois ont été concernés pour une masse salariale de 7 milliards d'euros.

 

L'autonomie des universités se traduit notamment par 5 changements principaux

 

  • Le système d'allocation des moyens

Ce sont 20% du budget octroyé aux universités qui sont désormais affectés en fonction de la performance des établissements en matière de formation et de recherche, contre 3 % auparavant. Les 80 % restants sont attribués en fonction de la « réalité de l'activité des établissements » qui prend notamment en compte le nombre d'étudiants présents aux examens (et non celui des inscrits) et le nombre d'enseignants chercheurs publiant pour la recherche.

  • La masse salariale

Gérée par l'État, la masse salariale des universités est désormais de leur propre responsabilité. Sans passer par le ministère de tutelle, les établissements autonomes peuvent recruter librement des contractuels et répartir les emplois comme ils l'entendent. Même liberté du côté des rémunérations, avec la possibilité de mettre en place des primes ciblées.

  • Le recrutement

Auparavant, les enseignants devaient passer devant une « commission de spécialistes », nommée pour 4 ans et réunie à date fixe, ils sont désormais jugés par un comité de sélection, composé pour moitié de représentants extérieurs à l'université. Dans un second temps, c'est le comité d'administration qui nomme l'un des candidats listés. La répartition des tâches des professeurs (enseignement, recherche etc.) est maintenant décidée par le conseil d'administration de l'université.

  • La gouvernance

Les conseils d'administration sont resserrés à 30 membres (contre une soixantaine auparavant) et plus diversifiés, avec une meilleure représentation des membres extérieurs. Cette organisation donne de grands pouvoirs aux présidents.

  • La dévolution du patrimoine immobilier

Les universités peuvent maintenant accéder à la propriété réelle de leur patrimoine immobilier. Une possibilité saisie seulement par une minorité d'entre elles.

Quid de l'indépendance financière ?

Par ailleurs, les universités autonomes peuvent créer des fondations et devront mettre en place des missions d'insertion professionnelle. Un problème essentiel apparaît peu dans la réaction des présidents d'universités, celui de l'indépendance financière. Va-t-on aller progressivement vers un système à l'américaine, dans lequel les entreprises privées pèsent d'un poids décisif en finançant les travaux qui les intéressent directement ?

La recherche fondamentale va-t-elle se réduire face à la recherche appliquée ? La collectivité nationale va-t-elle perdre progressivement le contrôle de son enseignement universitaire ? Comment conserver un tissu universitaire équilibré sur l'ensemble du territoire, sachant que des « petites » universités (La Rochelle) sont déjà en difficulté ?

Un président d'université résume à sa façon les enjeux : « Il y a moins de risques que certains ne le craignent, mais aussi moins de changement qu'on ne le dit ».

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