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31 / 07 / 2020 | 146 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Nous anticipons une baisse des prestations de santé de 4,8 % en collectif alors que les prestations en prévoyance affichent une très forte hausse » - Stéphane Junique, Harmonie Mutuelle

Dans le prolongement de sa dernière assemblée générale , Stéphane Junique (président d'Harmonie Mutuelle) a bien voulu répondre à nos questions.

Quels sont les faits marquants de l’année 2019 pour Harmonie Mutuelle ?

De véritables sujets de fierté pour les salariés et les délégués montrent que notre collectif s'est mobilisé au service des adhérents et des entreprises clientes. De nouvelles marches ont été franchies en 2019.
 

D’abord, Harmonie Mutuelle gagne des adhérents pour la troisième année consécutive. En 2019, nous avons ainsi protégé 52 000 personnes supplémentaires. Nous poursuivons notre développement sur les contrats collectifs. Parallèlement, nos clients entreprises nous sont de plus en plus fidèles. C’est grâce à notre efficacité opérationnelle qui nous permet de rendre un service encore meilleur mais aussi à notre capacité d’être à l’écoute des collectifs et des entrepreneurs pour développer des produits leur permettant de préserver leur capital humain et d’être plus performants à leur tour. La multiprotection nous permet de leur proposer un accompagnement global en santé, prévoyance et prévention.

 

L’autre sujet qui a marqué 2019 est bien sûr l’arrivée d’Harmonie Fonction Publique (HFP), avec laquelle nous avons fusionné. Nous avons très vite trouvé nos marques sur tous les plans, aussi bien opérationnels que militants. Ce qui nous permet de développer des offres très adaptées au public d’HFP, là encore. Ainsi, nous avons accueilli des adhérents et des entreprises de secteurs importants de l’économie (comme l’aéronautique) et des structures publiques, grâce au référencement dans les Ministères des Armées, de l'Agriculture et de la Culture et l'Institut des Mines.

 

Nous avons également poursuivi notre engagement près des précaires. Nous avons ainsi immédiatement accepté de devenir un acteur de la complémentaire de santé solidaire (CSS) qui s’adresse aux Français les plus modestes n’ayant pas les moyens d’acquérir une mutuelle et sont donc pénalisés dans l’accès aux soins. La CSS prend le relais de l’ACS et de la CMU-C grâce auxquelles Harmonie Mutuelle protégeait 400 000 personnes. C’est un engagement financièrement important car nous accompagnons ces bénéficiaires au quotidien. Je note que les opérateurs de la CSS sont presque exclusivement des acteurs non-lucratifs et très majoritairement des mutuelles.

 

Enfin, je retiens le renouvellement de notre communauté des représentants des adhérents en 2019, qui est passée de 1 700 à 2 100 délégués. Elle est encore plus en phase avec nos adhérents, plus féminisée, plus active et plus diverse. Ce modèle mutualiste nous permet d’être utiles et solidaires en répondant aux vrais besoins. Avec cette nouvelle communauté, de nouvelles façons de militer et de nouveaux sujets émergent. Les engagements pris sur le handicap durant l’assemblée générale ou la mise en place en 2019 de la section Harmonie entreprises pour les contrats collectifs en sont la démonstration vivante.
 

En 2019, Harmonie Mutuelle s’est engagée sur le RAC zéro ; quel est votre premier bilan ?


Harmonie Mutuelle a pour habitude de s’engager pour l’accès aux soins de tous. La France a la chance de disposer d’un système de solidarité parmi les plus développés au monde, notamment en matière de santé, grâce à l’action combinée de la Sécurité sociale et des organismes complémentaires, en premier lieu les mutuelles. Toutefois, bien des gens renoncent encore à se soigner car il leur reste des sommes trop importantes à leur charge après un soin dentaire ou un appareillage auditif. Il n’est pas tolérable que, dans un pays tel que le nôtre, 60 % des gens aient renoncé au moins une fois à se soigner ces cinq dernières années pour des raisons financières ou que deux personnes sur trois ayant des problèmes d’audition renoncent à s’équiper car les appareils coûtent trop cher. La réforme du 100 % santé s’attaque donc à ce problème, en proposant progressivement des offres sans aucun reste à charge pour une série de soins dentaires et pour des choix de lunettes ou d’appareils auditifs.
 

La réforme s’appliquera pleinement en janvier 2021 mais Harmonie Mutuelle a été la première (et la seule) à décider d’anticiper sa mise en œuvre au 1er juillet 2019. Ce n’est pas une décision économiquement neutre pour notre mutuelle mais nous l’avons souhaitée car elle est utile à nos adhérents et à leur santé. Plus de 16 000 adhérents ont bénéficié de cette mesure, ce qui montre à quel point elle répond à un besoin réel, en particulier pour les appareils auditifs qui ont concerné 10 000 d’entre eux.
 

Notre action a rencontré son public, sans être répercutée sur les cotisations. Harmonie Mutuelle n’est pas un assureur comme les autres ; nous sommes engagés au service des solidarités actives de façon très concrète. Nous contribuons à faire avancer la société.

 

Quels seront les effets de la crise sanitaire pour Harmonie Mutuelle ?

 

D’abord, les équipes opérationnelles et les élus d’Harmonie Mutuelle ont tous été sur le pont durant la crise. Le service à nos adhérents et entreprises clientes a été maintenu et nous avons plus que jamais été présents pour eux pour les accompagner. Nous avons ainsi passé 170 000 appels téléphoniques pour prendre des nouvelles de nos adhérents les plus fragiles et voir en quoi nous pouvions leur être utile. Les conséquences de la crise sont encore en grande partie devant nous

 

À ce jour, nous avons des incertitudes sur l’équilibre technique. Le rattrapage des soins retardés par la crise du covid-19 s’accélère depuis plusieurs semaines, parfois très fortement. Chez Harmonie Mutuelle, nous avons observé une augmentation de 80 % de l’activité en dentaire, après une baisse de 91 %. L’hospitalisation a aussi connu un recul de 30 % et la pharmacie de 18 %. Globalement, nous anticipons une baisse des prestations de santé de 4,8 % en collectif et de 4,5 % pour les contrats individuels. En parallèle, les prestations en prévoyance affichent une très forte hausse, sous le poids des arrêts de travail (notamment pour les gardes d’enfant et les personnes fragiles) que nous avons pris en charge de manière très large. La situation est inédite, il est difficile de l’anticiper avec précision.

 

Il en va de même pour les répercussions du contexte économique. Notre portefeuille étant composé à 55 % de contrats collectifs, nous pourrons être affectés par les défaillances d’entreprises. Nous serons aussi touchés par les conséquences de l’endettement massif des PME et des ETI. Nous avons voulu agir immédiatement pour venir en aide à nos entreprises clientes afin d’amortir les effets immédiats de la crise au maximum et qu’elles ne se trouvent pas en situation de défaillance.

 

Durant l’assemblée générale, vous avez souhaité rendre votre taux de redistribution de 80 % opposable. De quoi s’agit-il ?

 

En 2018, nous avons posé les bases de notre politique de redistribution avec trois principes :  redistribution aux adhérents sous forme de prestations de santé au minimum à 80 %, maintien d’un ratio combiné inférieur ou égal à 100 et pilotage de nos frais de gestion en vue de leur réduction.

 

Nous sommes très engagés sur la redistribution, vers les plus fragiles, les territoires et les entreprises qui investissent pour l’emploi. Nous sommes aussi engagés dans la prévention, le soutien aux handicapés. Ce sont des éléments importants de notre ADN. Pourtant, personne ne mesure la réalité de notre action, à commencer par nombre de nos adhérents eux-mêmes.

 

À notre dernière assemblée générale, nous avons proposé d’aller plus loin en gravant le taux de redistribution à 80 % dans le marbre. Concrètement, notre assemblée générale devra annuellement se prononcer sur l’application de notre politique de redistribution.

 

Nous souhaitons également faire preuve de pédagogie en expliquant clairement à nos adhérents à quoi leur cotisation sert. Cette démarche permettra de conserver leur confiance mais aussi de sortir de certaines caricatures trop souvent entendues dans le débat public. Par ces décisions, nous faisons la démonstration que nous ne sommes pas guidés par le profit mais par notre volonté de permettre l’accès aux soins.

 

Quels grands chantiers allez-vous ouvrir en 2021 ?

 

En juin 2021, Harmonie Mutuelle deviendra une entreprise mutualiste à mission. Parce que nous faisons face au défi climatique et parce que notre société exprime des besoins immenses de solidarités nouvelles pour construire une vie meilleure, les acteurs économiques doivent concrètement agir pour le changement en changeant eux-mêmes. Depuis sa création, Harmonie Mutuelle est engagée pour la transformation sociale. Notre ADN, c’est la solidarité organisée par un collectif puissant et agissant, ancré dans le territoire et dans la vie des entreprises.
 

Nous avons notre spécificité puisque nous sommes à la fois un acteur économique et un acteur mutualiste très engagé dans la société. Nos statuts actuels mentionnent déjà notre vocation de solidarité, d’entraide et d’amélioration des conditions de vie. Mais nous souhaitons nous saisir des nouvelles opportunités de la loi PACTE pour aller plus loin et devenir une entreprise mutualiste à mission. Concrètement, nous allons actualiser nos statuts pour adopter une raison d’être qui précisera notre vocation sociétale et notre contribution à l’intérêt général. Nous lui adosserons une ou plusieurs missions qui seront annuellement évaluées par un organisme indépendant.

 

C’est une démarche de responsabilité qui nous conduira à inscrire nos engagements noir sur blanc, ce que tout le monde pourra vérifier. Ce sera un travail collectif d’un an.

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