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21 / 11 / 2017 | 54 vues
Didier Cozin / Membre
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Formation : disparition du CIF ou du CPF (Ière partie)

Dans la feuille de route transmise aux partenaires sociaux le 15 novembre dernier pour réformer la formation professionnelle (une quatrième fois en 13 ans), les pouvoirs publics semblent naviguer à vue en ce qui concerne le compte personnel de formation (CPF) mais capables d'enterrer le congé individuel de formation (CIF) sans réflexion sur ce dispositif trentenaire.

Pourquoi ne pas faire l'inverse et remettre le seul CPF en cause ?

Le CPF, un leurre éducatif qui aura servi à « fluidifier » les relations entre partenaires sociaux en 2013, a prouvé qu'il n'avait été qu'un prétexte à démanteler un droit à la formation concédé aux salariés en 2003-2004.

Aujourd'hui, le gouvernement estime que le CPF ne doit plus être comptabilisé en heures de formation (car l'heure de formation ne serait plus la bonne mesure pour des apprentissages de plus en plus diversifiés et numérisés) mais en euros ou en points (des points fidélité sans doute !).

Dans le CPF, ce n'est sans doute pas la référence temporelle à l'heure de formation qu'il est urgent de faire disparaître (on continue de raisonner en heures de travail, en jours de congés, en horaires d'éducation à l'école...) mais le concept même de compteur de formation (comme un livret d'épargne).

L'erreur de ce CPF, pâle successeur du DIF, ne tenait pas en la capacité de se former de manière personnelle (on apprend toujours pour soi-même mais avec les autres) mais dans le montage, couteux et naïf, d'un invraisemblable système de comptage variable (au fil du temps), compteur censé provoquer l'appétence et la motivation pour les demandes de formation.

Selon cette (ridicule) doctrine CPF, un compteur qui plafonnerait à 150 heures (400 heures pour les moins qualifiés) tout en cumulant moins d'heures à partir d'un certain seuil devrait inciter les salariés à consommer de la formation, ne « pas laisser perdre » leurs heures,
à entamer leur capital formation afin que celui-ci se reconstitue (exactement comme les points fidélité d'un supermarché, qui ont une durée de validité limitée et qui doivent inciter à consommer régulièrement chez le même commerçant).

La capitalisation des heures de formation, une idée qui a échoué avec le DIF

On l'a constaté dès 2010 avec le droit individuel à la formation dans les entreprises : les compteurs des salariés en CDI avaient beau être pleins (120 heures), aucun mouvement de foule ou de panique lié au DIF ne s'est emparé du monde du travail, pas d'émeutes relatives au DIF, pas même de prise de conscience que les salariés « perdaient » potentiellement des heures.

  • Les salariés n'avaient guère intégré le mécanisme de blocage et de reconstitution des heures des compteurs.
  • D'autres salariés pensaient qu'il leur suffisait de garder une épargne formation de côté, qui un jour peut-être leur servirait (en quittant leur entreprise ou leur emploi).
  • La grande majorité de salariés est restée indifférente au mécanisme (relativement) complexe du DIF et n'ont jamais formé de sérieux projet d'apprentissage individuel  (pour eux, la formation dépendait de leur employeur et de lui seul).

En 2013-2014, on a tout misé sur un compteur de formation.

Contrairement à ce qu'ont prétendu les partenaires sociaux (et les pouvoirs publics), le CPF n'a jamais vraiment été un dispositif de formation (comme l'étaient le DIF et le CIF) mais un mécanisme (complexe) de traçage d'heures de formation (non financées) et extrêmement délicat à mettre en œuvre (pour un salarié sans le recours à son employeur).

L'échec du CPF, une évidence depuis le rapport de l'IGAS d'octobre 2017

  • 1 % des salariés l'a utilisé en 2016 (alors que leurs compteurs de CPF/DIF sont quasi pleins).
  • Lles chômeurs ont été massivement (et souvent contre leur gré) versés dans ce dispositif pour trouver des fonds de formation et pour faire du chiffre et prétendre que l'invention paritaire du CPF fonctionnait.
  • En 2017, le dispositif atteindra son maximum possible qui est de 2 à 3 % de salariés se formant (les fonds disponibles avec une micro-cotisation de 0,2% ne permettront pas de dépasser ce marginal taux de réalisation, même en simplifiant le CPF).

Les pouvoirs publics ont raison de s'interroger sur l'avenir de la formation mais pourquoi remplacer un CIF trentenaire et utile par un CPF incapable ?

Plutôt que de prétendre relancer un CPF qui ne fonctionne pas (parce qu'il n'était qu'un compteur), pourquoi ne pas profiter de la réforme pour faire disparaître le CPF et généraliser un CIF qui lui est connu tout en devant évidemment évoluer ?

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