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21 / 07 / 2022 | 315 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Appareils

Quelle capacité des appareils syndicaux à soutenir les actions du terrain ?

C'est d'abord par leur capacité à articuler au mieux les relations entre les unions territoriales et les fédérations que les confédérations ont un rôle à jouer pour répondre aux besoins des syndicats : formation, mise en relation, appui logistique et conseils. Le direct organisé le 24 juin en partenariat avec Technologia et Up a été l'occasion d'illustrer tous les enjeux de l'exercice pour des appareils contraints de s'adapter.

 


Le syndicalisme marche sur deux jambes : ses fédérations et ses unités unions territoriales. L’équilibre est fragile. Si c’est à l'échelon des territoires que les confédérations s'accordent à dire que la priorité doit être pour maintenir des liens de proximité avec les travailleurs et assurer le développement, c'est pourtant là qu’il y a le moins de moyens. Surtout depuis le passage en CSE qui a considérablement réduit les ressources militantes disponibles dans les grandes entreprises.
 

Le pivot des structures syndicales reste les syndicats. La CFE-CGC a conduit une importante réforme territoriale en 2019 marquant la priorité à l'échelon régional et attribuant un seul siège à chaque fédération dans la gouvernance de chaque région. Un siège dont le poids dans les décisions dépend du taux d'adhésion de chaque fédération dans la région. Jusqu'alors, les fédérations avaient un nombre de sièges proportionnel à leur poids. Cet exercice de rationalisation a été plus ou moins bien vécu, notamment au niveau des unions départementales qui n'avaient déjà plus la possibilité de faire adhérer en direct depuis 2018.  


La gouvernance des unions départementales est à simplifier pour ne pas s'emboliser dans des statuts. "La priorité doit plus porter sur la capacité à agir que sur les règles statutaires de la gouvernance", souligne Angeline Barth, secrétaire confédérale de la CGT qui précise que son syndicat, non signataire de l'accord sur le paritarisme, avait revendiqué des moyens pour le dialogue social interprofessionnel. Cela a accouché d'un groupe de travail..."Le responsable d'une union départementale doit le faire à temps plein et ne pas se disperser sur d'autres mandats. Il doit déléguer", considère Pierre Didio, le secrétaire général de l'union départementale FO de Savoie.


Le découpage strictement départemental ne s'impose plus. C'est ainsi que l'union régionale CFDT en Ile de France compte quatre unions territoriales à cheval sur plusieurs départements. Pour Diego Melchior, le secrétaire général de l'Union régionale CFDT D'Ile de France, "une structure n'a pas a rester en place si elle n'a pas les moyens de fonctionner efficacement." A l'UNSA, la région Grand Est compte 10 unions départementales. "Le renouvellement peut être compliqué mais nous attirons des profils de militants en reconversion professionnelle qui peuvent valoriser leur expérience à la tête d'une union locale dans le cadre de la VAE. Nous tenons à préserver une présence de proximité sur l'ensemble du territoire, même dans les départements qui comptent le moins de CSE où nous pouvons nous développer. C'est un enjeu politique que de ne pas abandonner des territoires", considère Chloé Bourguignon, la secrétaire générale de l'UNSA Grand Est.


Le sas de la formation


La formation est le premier levier proposé par les appareils aux élus des entreprises. Selon Arnaud Breuil, directeur des partenariats du groupe Up : "Les formations proposées par les différentes organisations syndicales portent des idéologies différentes. Raison de plus pour cultiver la diversité de l'offre". "Il y a une montée du niveau des formations économiques avec des élus qui ont des besoins pour appréhender par exemple les prix de transfert au niveau des groupes ou encore sur les nouvelles normes comptables visant à intégrer les données extra-financières", souligne Gérard Mardiné, secrétaire général de la CFE-CGC qui insiste sur le besoin exprimé par les élus de se retrouver en présentiel lors de ces formations pour renforcer les liens. La fédération CFDT de la Métallurgie a formé 60 militants qui forment les sections aux modalités de mise en place de la grille de classification qui découle de la nouvelle convention collective. "Former, c'est renforcer la capacité d'autonomie des élus sur le terrain et il ne faut surtout pas tarder pour le faire afin de renforcer le mouvement spontané de l'engagement. La formation est un sas pour agir", note Jean-Claude Delgenes, le président fondateur de Technologia.


La formation n'est pas le seul et unique service que les appareils apportent. "Sans que cela se sache, nous intervenons régulièrement auprès du ministère de l'industrie à la demande de sections pour alerter par exemple sur le pedigree de potentiels repreneurs. Les services se montrent très à l'écoute tant des grandes que des petites entreprises", explique ainsi Stéphane Destugues, le secrétaire général de la fédération métallurgie CFDT. Si l'accompagnement des syndicats et sections par les fédérations peut parfois être vu comme une façon de contrôler, cela passe mieux quand ça vient des unions territoriales. C'est le sens du programme ARC (Accompagnement, Ressources, Conseil) de la CFDT. Et Angeline Barth d'annoncer : "Nous travaillons sur un projet de plateforme d'aide à la négociation collective".