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02 / 03 / 2015 | 10 vues
Michel Berry / Abonné
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Faire de la filière professionnelle une voie d'excellence

C'est sous le titre « La voie pro pour les nuls ? » qu'a été publiée dans le dernier numéro de La Gazette de la société et des techniques (*) l'étude menée sur cette question par Thibault Bidet-Mayer et Louisa Toubal (**).

Mutations industrielles et évolution des compétences

Les mutations industrielles induisent de facto des besoins nouveaux en compétences et supposent une adaptation de l’offre de formation. La voie professionnelle est au cœur des préoccupations car elle propose des formations concrètes en lien avec l’activité des industriels. De nombreux salariés du secteur en sont donc issus.

Adapter ce système de formation aux changements en cours est essentiel pour soutenir la compétitivité du tissu industriel.

Confrontées au cours des dernières décennies à l’ouverture des échanges internationaux et à l’émergence des technologies de l’information et de la communication, les entreprises ont dû adapter leurs structures (externalisations, recentrage sur le cœur de métier etc.) et leur organisation du travail.

  • On est en effet passé d’une division taylorienne du travail à une division cognitive.


À l’inverse de l’organisation taylorienne ou fordiste où la qualité d’un ouvrier se réduisait à sa seule « force de travail » sur une chaîne de montage, le « travailleur cognitif » d’aujourd’hui doit développer les compétences qui lui sont nécessaires pour résoudre des problèmes de manière autonome, travailler en collaboration, en réseau etc.

Françoise Diard, responsable de l’Observatoire des métiers de la métallurgie, note : « l’industrie a aujourd’hui besoin à la fois de personnes avec des bases technologiques bien maîtrisées mais aussi capables d’avoir une ouverture pour échanger avec les directions d’achats, commerciales etc.

Typiquement par exemple, dans l’aéronautique, le profil de chargé d’affaires n’existait pas il y a quinze ans. Aujourd’hui, ce poste nécessite des compétences dans différents domaines comme réaliser des analyses techniques poussées, faire des devis financiers, négocier des contrats, disposer d’une culture internationale forte ».

L'ensemble de ces évolutions est à prendre en compte dans la définition des contenus de formation des filières professionnelles.

Les auteurs, en s'appuyant sur les exemples de la Suisse et de l'Allemagne (pays où l’enseignement professionnel est fortement valorisé dans la société, apprécié des jeunes et des employeurs), considèrent que :

  • valoriser la voie professionnelle est une responsabilité collective ;
  • l'apprentissage est un levier de compétitivité sous-estimé ;
  • et qu'il convient de construire un système en prise avec les réels besoins de l’économie.

Ils constatent que dans ces pays, près des deux tiers des élèves d’une classe d’âge choisissent cette voie à l’issue de leur scolarité obligatoire. Mais en France, ce type de formation est vu en général comme une voie de garage, vers laquelle les jeunes sont orientés par défaut.

Faire de la filière professionnelle une voie d’excellence est pour eux une nécessité pour répondre aux centaines de milliers d’offres d’emplois non pourvues dans l’industrie.

C’est aussi un moyen d’accompagner les industriels dans les mutations auxquels ils font face.

Pour en savoir plus :
(*) publication des annales des Mines avec le concours du Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET) et de l'École nationale des Mines de Paris.
(**) Thibault Bidet-Mayer, et Louisa Toubal, « Formation professionnelle et industrie : le regard des acteurs deterrain » octobre 2014, La Fabrique de l’industrie. Et en mars 2015, « Osez la voie professionnelle ».

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