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18 / 03 / 2014 | 2 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Vente de SFR acquise, le nouveau pôle médias de Vivendi-Canal+ en sort renforcé

Le conseil de surveillance de Vivendi s’est donc prononcé. En annonçant l’ouverture de négociations exclusives avec Altice Numericable, Vivendi met un terme à la folle semaine qui a précédé cette décision, où l’on a vu tous les acteurs intéressés par cette affaire s’exciter dans un ballet de folie pour influer, recommander et orienter la décision des dirigeants du groupe.
Incroyable ! Sauvegarde de l’emploi d’un côté, soutien gouvernemental de l’autre, même Orange se permettait ce weekend de vilipender le choix de Vivendi. Peut-être les intérêts de cet opérateur seraient moins bien servis avec cette option. Le match semblait joué mais c’était sans compter sur l’indépendance des dirigeants de Vivendi.

C’est donc l’option Numericable qui tient aujourd’hui la corde. Elle présente un avantage certain en matière d’emplois car les doublons seront moins nombreux avec Altice qu’ils ne l’auraient été avec Bouygues Telecom. En revanche, le niveau d’endettement du nouveau groupe à hauteur de 13,5 milliards d’euros est important et opèrera certainement le développement du nouveau groupe pendant longtemps.

Pas synonyme de catastrophe

Mais avant d’y voir clair, de longues semaines (peut-être de long mois) seront encore nécessaires avant que l’Autorité de la concurrence ne donne son feu vert, assorti certainement de nouvelles contraintes qui pourraient contrarier le bel édifice ainsi construit. Dans le même temps, nous allons aussi voir à l’œuvre l’ensemble des lobbies opposés à ce rapprochement. Certains ont déjà donné de la voix, Orange ou Free…
Le chemin est maintenant enfin ouvert et tracé et il va s’agir de traiter des problématiques globales pour que ce nouvel ensemble ne soit pas synonyme de catastrophe économique ou sociale.
 
Première conséquence de taille, le nouveau pôle médias du groupe Vivendi regroupant Canal+, GVT au Brésil et UMG, sortira renforcé de ce montage industriel. Ce pôle va bénéficier à plein de la vente de SFR avec un endettement minime. Il disposera des moyens pour engager une politique de développement sans être alourdi par une charge de la dette trop lourde. Beau défi.
 

Bientôt la bataille de la télé

 
Seconde conséquence, ce pourrait être l’accélération de la recomposition du fameux PAF, le paysage audiovisuel français, dont on n'entend plus parler et pour cause puisque l’internationalisation des modèles de production et de diffusion vient bousculer notre tranquille petit jardin jusqu’ici protégé par des règles de droit drastiques et bien françaises. Ainsi, après la bataille Bouygues-Vivendi pour le contrôle de SFR, nous pourrions voir apparaître une autre bataille pour le leadership de la télé en France et en Europe, entre TF1, M6, Canal+…
 
Car si côté télécom Bouygues n’est pas au mieux de sa forme et peine à sortir de la nasse dans laquelle l’a plongé Free, côté télévision, TF1 souffre également d’une concurrence féroce de M6 sur le marché de la publicité, nerf de la guerre de la première chaîne privée.
 
Fini la forteresse France, notre pays va vivre une nouvelle révolution de son environnement audiovisuel, poussée par l’arrivée de concurrents nouveaux (notamment américains) et par le développement très rapide de nouveaux modes de consommation, notamment sur le net. De ce point de vue, le pôle médias constitué par Vivendi offre une véritable opportunité de devenir un nouvel acteur de référence en France, en Europe et dans le monde.
 
C’est pourquoi dans ce domaine, des rapprochements ne sont plus à exclure, une fois franchi l’obstacle juridique et la redéfinition des règles légales contraignantes aujourd’hui obsolètes et inadaptées.

Gros chantier social

C’est le second temps de cette réorganisation du groupe Vivendi, de nouveaux acteurs, de nouveaux dirigeants, une nouvelle stratégie… La force de ce nouvel ensemble résidera dans la capacité des nouveaux dirigeants à définir une stratégie claire et partagée en confortant les milliers de salariés qui attendent depuis des mois de fixer leur boussole sur un objectif commun. Car il n’y aura pas de réussite possible, pour le pôle télécoms comme pour le pôle médias, sans adhésion des salariés à la stratégie et aux orientations nouvellement définies.
 
Or, de ce point de vue, côté médias, le chantier de la reconstruction sociale est de première urgence. Les batailles que nous allons devoir mener nécessitent de disposer d’un corps social volontaire. Il le sera lorsque nous retrouverons des marges de manœuvres opérationnelles et financières. Il le sera également lorsque les conditions d’un dialogue social équilibré seront restaurées et que le respect ne sera plus une valeur galvaudée.
 
Alors tout redeviendra possible.
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