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30 / 08 / 2016 | 8 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Un illettrisme de plus en plus difficile à cacher en milieu professionnel

En 2012, date de la dernière mesure de l’INSEE, la France métropolitaine comptait 2,5 millions d’illettrés, soit 7 % de la population (contre 9 % en 2004) ne maîtrisant pas les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul.


Quels seront les résultats de la prochaine enquête, prévue pour 2018 ? L’évolution de la part des salariés illettrés sera particulièrement intéressante à suivre.

En 2012, 51 % des illettrés travaillaient, contre 57 % en 2004.

L’illettrisme serait de plus en plus incompatible avec une activité professionnelle. Les stratégies d’évitement fonctionnent de moins en moins.

Principe de précaution oblige, ne pas savoir lire et comprendre les consignes associées à l’utilisation d’un produit à risque est désormais un gros frein à l’embauche. Dans le nettoyage, par exemple.

Le poids de l'écrit

Nourri par la numérisation, l’écrit prend de plus de poids dans les échanges. Certaines sociétés d’assurances ont remis à niveau les tests de recrutement des gestionnaires. Le niveau demandé à l’écrit a été en effet considérablement rehaussé pour appréhender leur capacité à interagir par e-mail avec les clients de façon autonome sans respecter à la lettre un script prémâché.

Des encadrants se retrouvent aussi parfois en difficulté face à cette forme d'illettrisme numérique qui ne fait qu’amplifier une fracture préexistante. Certaines entreprises investissent dans des logiciels de correction spécifiques et capables de repérer les erreurs d’accord, à la différence des correcteurs intégrés au traitement de texte. Reste que l’illettrisme ne se mesure pas à l’aune des fautes d’orthographe ou de syntaxe ; c’est la capacité à formaliser et comprendre des écrits qui est avant tout mesurée.

Évaluation ouverte

Pour éviter les biais, le modèle du test utilisé par les enquêteurs de l’INSEE n’est pas public. Pas plus que les modèles demandées à l’ANLCI par certaines branches (bâtiment, intérim…). Evadoo, est même une plate-forme d’évaluation créée spécifiquement pour le compte du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Ainsi, 10 000 agents des collectivités locales se sont déjà évalués sur cet outil en ligne, dont l’accès est restreint.

Bref, il est aujourd’hui impossible d’évaluer en ligne son niveau de maîtrise des fondamentaux de lecture, d’écriture et de calcul sur une plate-forme ouverte et gratuite. Un projet allant dans ce sens est toutefois en cours en partenariat avec Manzalab, une société spécialisée dans les « serious games ».

Le projet Voltaire, une plate-forme d’évaluation (et de remise à niveau) en orthographe, montée en partenariat avec Woonoz, propose bien un modèle ouvert. Reste que seuls 2 des 10 premiers niveaux sont gratuits et que l’approche est plus réductrice que l’illettrisme qui dépasse le strict respect de l’orthographe.

Le 13 septembre, en partenariat avec le groupe Up et l’ANLCI, Miroir Social vous invite à échanger sur les moyens d’action s’offrant aux entreprises pour lutter contre l’illettrisme. C’est là l’occasion de souligner le rôle essentiel des représentants du personnel pour créer les conditions de confiance et d’ainsi lever le premier frein qui tient à la crainte de la stigmatisation.

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