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02 / 12 / 2015 | 2 vues
Camille Martins / Membre
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(Re)connaître le handicap psychique pour permettre l’insertion par le travail des personnes touchées

Méconnu et mal pris en charge, le handicap psychique touche pourtant un nombre croissant de personnes, estimé à 600 000 en France en 2012. Cyclique, cette pathologie est souvent associée à tort au handicap mental. Elle apparaît en général en fin d'adolescence sous forme de troubles bipolaires, de schizophrénie ou de dépression. Mais elle touche aussi un nombre grandissant d’adultes en proie à l'épuisement professionnel. L’enjeu de la prise en charge consiste à stabiliser l’état psychique des gens pour leur permettre de retrouver la confiance en eux, comme tout citoyen au sein de notre société.

Le handicap psychique est le mal-aimé de la politique de santé publique.
Or le handicap psychique est le mal-aimé de la politique de santé publique. Si la loi du 11 février 2005 « pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des handicapés » reconnaît bien le handicap psychique et estime qu’il doit être compensé, la réalité est toute autre. D’une part, ce handicap est mal perçu : non seulement il est invisible, contrairement au handicap moteur qui symbolise aux yeux de tous le handicap, mais il fait de surcroît peur et alimente l’imaginaire. D’autre part, il existe un fossé culturel entre le milieu du soin psychiatrique, qui dispense les traitements et le milieu médico-social, qui accompagne les gens dans leur vie quotidienne, alors que tous deux devraient être associés pour garantir une prise en charge efficace.

Que faire pour remédier à cette situation ?

Trois points nous semblent essentiels :

  • déstigmatiser le handicap psychique pour que les employeurs n’aient plus peur d’embaucher (ou de garder en poste) des handicapés psychiques dans leurs équipes. La transition par le travail préconisée et expérimentée depuis 40 ans par Messidor apporte des résultats probants pour l’insertion de ces gens, car bien qu’affectées par leur maladie, ils bénéficient d’un potentiel intellectuel intact qui doit être reconnu et exercé ;
  • réaliser le diagnostic le plus tôt et le mieux possible. Trop souvent, il ne prend en compte que l’aspect médical sans évaluer le potentiel des capacités professionnelles et des relations sociales de l'intéressé. La mise en situation de travail est le meilleur moyen de diagnostiquer ses facultés. Ne pas le faire, c’est risquer de l’écarter du chemin de la réinsertion sociale ;
  • assurer la fluidité du parcours des gens qui est généralement semé d’embûches administratives, de délais d’attentes interminables alors qu’ils ont besoin de perspectives pour avancer. Pour ce faire, les acteurs doivent se connaître et se reconnaître afin de concerter leurs actions. Cette fluidification est d’autant plus nécessaire que les handicapés psychiques ne suivent pas un parcours linéaire mais connaissent des rechutes au cours de leur vie.

Notre méthode de transition par le travail a retenu l’attention de la secrétaire d’État chargée des handicapés, Ségolène Neuville. En complément des établissements de santé et des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) occupationnels, nous préconisons la mise en place d’un ESAT de transition par département, sous la responsabilité de gens formés à nos métiers et à nos méthodes. Notre modèle a fait ses preuves : 15 % des gens entrant chez Messidor trouvent un emploi en milieu ordinaire de façon pérenne. De plus, il permet de réduire la dépendance aux subventions puisque la moitié de notre budget provient de la vente de prestations à nos clients. Quel meilleur rétablissement de soi que le travail ?

Par Georges Bullion, président de Messidor.

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