Participatif
ACCÈS PUBLIC
15 / 06 / 2017 | 11 vues
David Mahe / Membre
Articles : 39
Inscrit(e) le 21 / 06 / 2012

Qu’est-ce qu’une bonne politique de santé psychologique au travail ?

Beaucoup d'entreprises prennent des initiatives dans le domaine du stress, des risques psychosociaux ou de la qualité de vie au travail et c'est heureux. Mais peu d'entre elles savent définir une vraie stratégie dans ce domaine. Retour sur quelques fondamentaux utiles...

La santé psychologique au travail est un domaine de la santé publique parmi d’autres. Une bonne politique dans ce domaine commence donc par présenter deux caractéristiques qui font une bonne politique de santé « en général ».

Premièrement, il s’agit d’une approche globale, composée de quatre niveaux d’action. Pour illustrer le propos, souvenons-nous de la façon dont nous avons lutté contre le virus de la grippe H1N1. 1.Nous avons évalué la présence et la dangerosité du virus. 2. Nous nous sommes attaqués au virus par le biais de campagnes de vaccination. 3. Nous avons appris à éternuer et à nous désinfecter les mains. 4. Nous avons pris les malades en charge.

Une politique de santé psychologique au travail procède de la même manière. 1. On effectue des diagnostics réguliers. 2. On cherche à prévenir les risques mais aussi à renforcer les leviers de motivation et de plaisir au travail. 3. On apporte des compétences aux individus. 4. On soutient les individus quand ils sont en difficulté.

Deuxièmement, une bonne politique de santé repose sur une approche scientifique : on utilise des instruments validés par le monde de la recherche. Cela vaut pour pour les méthodes de diagnostic, les techniques comportementales auxquelles nous initions les salariés, pour les techniques de gestion des situations de détresse etc. Cet ancrage scientifique est un atout essentiel pour développer du consensus et mobiliser les acteurs dans l'action.

À ces deux caractéristiques, il faut en ajouter une troisième : une bonne politique de santé psychologique au travail est dotée d'objectifs. Cette remarque est très importante. D’abord parce que sans objectif, on ne peut pas dresser le bilan de la politique. Ensuite parce que le choix de l’objectif permet de sélectionner les outils. La santé psychologique au travail est un domaine très vaste, qui couvre des dimensions aussi diverses que le stress, l’activation anxio-dépressive, le plaisir voire le bien-être. Selon les dimensions auxquelles on s’intéresse, les facteurs de santé diffèrent, de même que les compétences pertinentes, les instruments de mesure etc. Enfin parce qu’un objectif est mobilisateur. Certes, tous les objectifs n’ont pas le même pouvoir de mobilisation. Les objectifs les plus porteurs sont des buts définis en lien avec les enjeux économiques de l’entreprise. L’enjeu principal est-il de lutter contre l’absentéisme ou l’inaptitude au poste ? On s’intéressera alors à la présence et aux causes des pathologies psychosomatiques. L’enjeu est-il de faciliter le changement ? On s’intéressera alors aux capacités d’adaptation des individus et de l’organisation. L’enjeu est-il de favoriser l’engagement ? On s’intéressera tout particulièrement au plaisir et au sens trouvé dans le travail.

Approche globale, approche scientifique, définition et suivi des objectifs : tels sont les trois piliers d’une bonne politique. Nous oublions trop souvent le troisième.

D. Mahé et O. Tirmarche, Stimulus

Pas encore de commentaires