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05 / 08 / 2020 | 115 vues
Vincent Hernandez / Membre
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Résultats semestriels d'EDF : des efforts demandés au personnel mais aucun aux actionnaires !

Alors que la crise sanitaire a frappé le groupe dans ses différents métiers et a entraîné une perte d’un milliard d’euros d’EBITDA, le résultat net courant est positif et s’établit à 1,267 milliard d’euros.

 

La période a été marquée par une baisse de la consommation d’électricité (aujourd’hui revenue à la normale) par une baisse des raccordements et de l’énergie acheminée chez Enedis, par une baisse dans les services, par une production nucléaire pénalisée du fait du décalage de chantiers de maintenance dont les effets vont se prolonger dans le temps, et par une hausse de la production hydraulique.
 

Notre fédération  tient à souligner que, dans un contexte très difficile, ces résultats positifs (bien qu’affectés par l’épidémie) sont à mettre à l’actif du personnel qui a œuvré dans ses différents métiers pour assurer la continuité du service public de l’électricité avec professionnalisme.
 

Dans ce contexte et alors que le Président de la République avait lui-même rendu hommage aux électriciens, notre organisation syndicale est en désaccord total avec la volonté du gouvernement et d’EDF d’imposer de nouveaux efforts de productivité au personnel « pour compenser les effets de la crise sanitaire » et maintenir une dette inférieure à 50 milliards d’euros.

 

Des efforts demandés au personnel mais aucun aux actionnaires !

 

Dans le cadre de ce qui a déjà localement été dévoilé sous le nom de projet « Mimosa », les efforts demandés sont les suivants : baisse des charges opérationnelles de 500 millions d’euros entre 2019 et 2022, limitation des investissements à 15 milliards par an et plan de cession d’actifs de 3 milliards d’euros sur 2020-2022.

 

Pour le personnel, cela se traduirait par une nouvelle baisse des effectifs et par diverses remises en cause d’ailleurs annoncées dans les unités avec, par exemple, une nouvelle politique de « voyage » imposant la deuxième classe dans les trains.

 

Cette annonce est emblématique d’une course sans fin vers le « toujours moins » pour le personnel. Non, EDF et ses salariés ne sont et ne doivent pas être traités comme une entreprise de deuxième classe ! Quel beau remerciement après la crise sanitaire ! Les salariés apprécieront...

 

Quant aux actionnaires, ils sont exonérés de tout effort, l’objectif d’un versement de 45 à 50 % du résultat net courant restant inchangé de 2020 à 2022.

 

Tout au plus, le communiqué de presse d’EDF indique que l’État prendra ses dividendes en actions en 2020 et 2021 mais cela reste des dividendes. Toujours ce même deux poids, deux mesures !

 

D’autres solutions existent pour améliorer la situation d’EDF...

 

En premier lieu, dans la mesure où le gouvernement doit annoncer un plan de relance pour l’économie fondé notamment sur la nécessité de réduire les émissions en carbone à la rentrée, notre fédération demande à ce qu’EDF ait toute sa place dans ce plan, tant dans le nucléaire nouveau et ancien (grand carénage) que dans l’hydraulique, les réseaux et, plus généralement, toutes les activités d’un groupe dont la raison d’être est celle d’assurer un service public au bénéfice des citoyens.

 

En effet, le gouvernement ne doit pas oublier que si la situation d’endettement de l’entreprise est tendue, c’est d’abord parce qu’il a imposé à EDF de financer HPC sur ses fonds propres et de reprendre Areva NP. Par conséquent, l’intégration d’EDF dans ce plan de relance (qui doit financer 15 milliards d’euros d’investissements par an, lesquels bénéficient directement à l’économie française et au maintien d’un mix électrique bas-carbone) est une nécessité absolue.

 

Plus généralement, nous continuons de revendiquer un vrai bilan contradictoire de la déréglementation européenne (ouverture des marchés et priorité d’accès au réseau des énergies intermittentes) qui est un échec retentissant et qui a coûté cher à EDF et aux Français. On ne peut plus continuer avec un système qui pénalise EDF indéfiniment au profit de ses concurrents, à commencer par Total.

 

Mais nous le redisons haut et fort : cela ne doit pas être un prétexte pour nous imposer le démantèlement d’EDF à travers le projet Hercule ou autre, que notre organisation syndicale rejette avec force. On ne règle pas les problèmes du libéralisme avec plus de libéralisme.

 

Plus que jamais, c’est vers le renforcement d’un service public renationalisé et d’un groupe EDF intégré au service de l’intérêt général qu’il nous faut aller !

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