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05 / 04 / 2019 | 1018 vues
Michel Berry / Abonné
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Innovation right-tech : vers la fin du « tout-technologie »

À l’occasion de leur mémoire de fin d’études au Corps des Mines, Romain Campillo, Céline Fasulo et Christophe Zhang se sont intéressés à l’innovation, en commençant par « l’innovation frugale ».
 

Comment expliquer que, simultanément à l’envolée des coûts de l’innovation en Occident, l’Inde parvienne à concevoir, produire et lancer une sonde martienne pour 53 millions d’euros (soit à peu près la moitié du budget du film Gravity ou un dixième du coût du programme Maven de la NASA, sonde mise en orbite autour de Mars trois jours plus tôt) ?
 

Que faire face à l'inexorable complexification des systèmes, multipliant les coûts de maintenance et laissant l’utilisateur désemparé face aux pannes ?
 

Que dire des conséquences environnementales des produits « innovants », bourrés d’électronique, donc rapidement mis au rebut car irréparables et difficilement recyclables ?
 

L’innovation n’a jamais été autant vantée. Elle est présentée comme la solution à tous nos problèmes : compétitivité, chômage, changement climatique, explosion à venir des coûts de santé etc. On parle de numérique, d’objets connectés, de voitures autonomes et de robots qui remplaceraient les humains. Pourtant, l’innovation ne se résume pas à de nouvelles solutions techniques, toujours plus sophistiquées. C’est aussi le moyen de remettre les usages en cause et de réfléchir aux coûts économiques et environnementaux, induits par nos habitudes.
 

A-t-on toujours besoin de plus ? Comment mieux répondre au juste besoin ? Toutes ces questions sont abordées et reprises dans le numéro de janvier de La Gazette de la Société et des Techniques, publication des Annales des Mines...
 

Pour les auteurs de cette étude : « Sans prôner un retour à l’âge des cavernes, il est bénéfique de ne pas restreindre le progrès à une hyper-technologie complexe. Pour cela, il faut agir sur notre représentation du progrès pour qu’il soit mieux associé à d’autres concepts, comme celui de la simplicité ».
 

Aussi, proposent ils d’agir sur la formation des ingénieurs. Et de conclure : « Penser simple dans un monde de plus en plus complexe où les problèmes sont interconnectés et où les ressources doivent être économisées nécessite de la pratique. Sans remettre en cause la nécessité de former les ingénieurs à la maîtrise des phénomènes complexes, il est indispensable de les faire expérimenter concrètement à la recherche de solutions right-tech, c’est-à-dire justes et adaptées aux contraintes économiques, environnementales et sociales fortes de marchés à faibles pouvoir d’achat. C’est à travers la valorisation de tels travaux que nous pourrons élargir la vision du progrès auprès des ingénieurs ».

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