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06 / 10 / 2023 | 91 vues
Sophie Mandelbaum / Abonné
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Faciliter la vie des aidants en entreprise, clefs et ressources

? 1 salarié aidant familial sur 4 craint d’être stigmatisé au travail.
 

Et pourtant, lorsqu’on les interroge, ils reconnaissent avoir développé bien des compétences ? à l’occasion de cette expérience de vie* : compréhension des besoins des autres, capacité d’adaptation, capacité à rester calme dans les situations difficiles, etc… 

 

*Etudes Axa réalisées en collaboration avec Kantar entre le 14 avril et le 2 mai 2023.
 

? Dans le livre blanc des salariés aidants Axa, vous trouverez témoignages et ressources pratiques pour aider les salariés, et intégrer le sujet dans le dialogue social ?
 

? Livre blanc des salariés aidants : https://www.axa-assurancescollectives.fr/aidant-familial-entreprise-livre-blanc

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À l’occasion de la journée nationale des aidants, le CIAAF (Collectif inter-associatif des Aidants familiaux) alerte sur les conséquences de la crise des métiers du soin et du prendre soin sur les aidants. La pénurie de professionnels à domicile et en établissement médico-social ne laisse plus d’autre choix aux aidants que d’assumer une part croissante de l’aide et de mettre leur vie entre parenthèses. Il n’est pas concevable d’exiger l’impossible de parents, conjoints, frères, sœurs, enfants… déjà largement sollicités ! Il n’est pas concevable de leur faire endosser un rôle d’aidant qu’ils n’ont pas choisi !

La crise actuelle des métiers du soin et du prendre soin a un impact direct sur les 9,3 millions d’aidants qui accompagnent quotidiennement un membre de leur famille ou un proche. Le manque de professionnels de l’aide à domicile et des établissements et services du médico-social vient alourdir les taches et les responsabilités des aidants familiaux. Trop d’aidants subissent une charge insupportable et un état d’anxiété permanent.

Le Conseil de l’Europe a condamné la France à ce sujet. Il note que « la pénurie de services de soutien et le manque d’accessibilité des bâtiments et des installations ainsi que des transports publics font que de nombreuses familles vivent dans des conditions précaires, et équivaut à un manque de protection de la famille, en violation de l’article 16 de la Charte [européenne des droits fondamentaux]. » Il ajoute que la carence institutionnelle fait peser sur les aidants « un écrasant fardeau ».

Que répondre à Eva qui nous dit « aucun service n’accepte de venir s’occuper de ma fille, très dépendante. Ils ne peuvent plus assurer une présence de 12h par jour. Du coup je dois venir faire le lever et/ou le coucher alors que j’habite à 55 km ». Que répondre à Eric qui n’a pas trouvé d’aide humaine pour sa fille, après avoir essayé tous les services prestataires ou mandataires de Gironde et même l’emploi direct, alors qu’il avait une opération programmée pour son dos, suivie d’une période de convalescence ? Que répondre à sa fille qui a dû renoncer à ses vacances avec ses enfants pour venir s’occuper de sa sœur ? A ce conjoint qui dit « je suis épuisé, je ne sais pas combien de temps, je vais pouvoir tenir » ?

 

Dans un contexte de vieillissement de la population, de virage ambulatoire, d’approche domiciliaire et de pénurie de professionnels intervenants à domicile, l'aide apportée par les aidants familiaux est de plus en plus indispensable. Or, aider un proche et passer d’une place de parent, conjoint, frère, sœur, enfant… à un rôle d’aidant familial doit rester un choix. Ce choix n’est plus  possible en raison :

  • D’une absence d’organisation et d’anticipation, par les pouvoirs publics, des besoins d’aide et d’accompagnement de la filière des métiers du soin et du prendre soin,
  • D’un manque d'attractivité des métiers du soin et du prendre soin qui entraine une profonde désaffection pour la filière, 
  • De l’insuffisance des niveaux de tarification des prestations,
  • Du manque de formation de nombreux professionnels qui ne répondent donc pas à l’ensemble des besoins des personnes handicapées, âgées ou malades, 
  • De la sous-évaluation et de la réduction des heures dans les plans d’aide par les MDPH.

 

Le CIAAF demande au gouvernement de pourvoir immédiatement aux situations d’urgence, et d’investir dans les plus brefs délais et de façon massive dans un plan national de développement et une réforme structurelle du secteur de l’aide humaine, des métiers du soin et du prendre soin.

Le CIAAF demande aux départements également de revaloriser et revoir les plans d’aide, particulièrement sur l’attribution des heures d’aide humaine par des professionnels pour que cela ne repose pas sur les aidants familiaux.

Le CIAAF rappelle que la première aide pour soulager les aidants est de favoriser l’accompagnement des personnes malades, en situation de handicap ou dépendantes du fait de l’âge. Une aide humaine professionnelle formée et de qualité est la seule façon d’éviter aux aidants toute perte de chance professionnelle, de santé et de qualité de vie, mais aussi de leur permettre un réel choix ainsi qu’à la personne qu’ils accompagnent.

 

IL Y A URGENCE !

 

 

 

 

NB: Le Collectif Inter-Associatif des Aidants Familiaux s’est donné pour mission de faire reconnaître par la société le rôle et la place de tous les aidants familiaux et de défendre leurs intérêts, quel que soit l’âge, le handicap et/ou la maladie de la personne aidée. Le CIAAF existe de manière informelle depuis 2004. https://www.ciaaf.fr

 

 

Avec des évolutions démographiques qui accroissent la part des anciennes et des anciens mais aussi de personnes d’âge moyen voire d’enfants, tous confrontés à des situations de pathologies et des situations de handicap entrainant une dépendance plus ou moins marquée, la place des aidants dans notre société devient une préoccupation majeure comme le soulignait Marie-Anne MONTCHAMP, lors de la présentation de l’ouvrage coordonné par l’OCIRP (Organisme Commun des Institutions de Retraite et de Prévoyance), sous l’animation de Jean-Manuel KUPIEC : « Dessine-moi un aidant* ».

 

Deux ans durant, avec l’aide de ViaVoice, des acteurs de statuts divers ont été interrogés ou ont fourni contributions et témoignages qui font que l’ouvrage propose un état des lieux très complet de l’ "aidance" et des efforts qui demeurent à accomplir dans le domaine. Aidants, responsables associatifs, syndicalistes employeurs et salariés, acteurs de la protection sociale, universitaires et chercheurs ont été ainsi partie prenant à l’œuvre mettant en relief toutes les problématiques de l’"aidance" aujourd’hui en France.

 

Cette "aidance" que l’on pourrait juger comme naturelle est rien moins qu’une évidence dans la société éclatée qui est la nôtre.

Elle fait l’objet de l’engagement de l’ensemble des acteurs présents à l’ouvrage.

 

Pour un acteur du paritarisme comme l’OCIRP, la question des aidants salariés en entreprise est centrale. Les données de l’étude qu’il a conduite avec ViaVoice sont fortes, voire implacables. 36 ans, c’est l’âge moyen du début de l’ "aidance" chez les salariés du secteur privé. 10,5 heures est leur charge hebdomadaire et près d’un tiers des aidants salariés se disent « désemparés » devant leur situation. Cependant, pour nombre d’entre eux les discussions entre partenaires sociaux aboutissent à des aménagements, un soutien à leurs salariés aidants.

 

Ainsi, l’étude montre que pour 78% des DRH interrogés « le soutien aux salariés proches aidants », loin de représenter une charge, « est un levier de performance pour leur entreprise ».

 

Dans la suite de la publication de l’ouvrage, de nouvelles initiatives sont prises par ses promoteurs dont une rencontre au Conseil Economique Social et Environnemental, le 6 octobre après-midi, pour favoriser les échanges et enrichir les pratiques de l’ensemble des acteurs de l’ "aidance" pour une société plus fraternelle. ▪

 

* Lien vers la version numérique de l'ouvrage :

https://it4v7.interactiv-doc.fr/html/dessine_moi_un_aidant_879