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22 / 09 / 2022 | 114 vues
Françoise Phelix / Abonné
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Bercy : des pratiques managériales à renforcer avec en toile de fond, un avenir bien incertain

Comme chaque année, les  ministères économiques et financiers, lance l’enquête de l’observatoire interne auprès de l'ensemble des agents  (soit un peu plus de 131 000). Les résultats pour 2022 ont été dévoilés avant l'été. Que peut-on en dire?

 

50 428 agents ont complété l’enquête, soit un taux de participation de 38,4% en hausse de 3 points par rapport à la dernière année.

  • Alors que le taux de participation augmente de 5 points pour la DGFIP, pour les autres directions la participation est plutôt en baisse. Cette baisse de participation peut s’expliquer par l’absence de réponses concrètes aux difficultés dont ils font état année après année via ce questionnaire.

 

Créé suite au conflit social de 2000, les résultats de cette enquête annuelle permettent de connaître le ressenti des agents sur leur quotidien au travail au cours de l’année écoulée. Pour ce cru, elle a eu lieu dans le contexte des suites de la crise sanitaire et du développement du télétravail notamment, sans omettre les réformes en cours dans certaines directions.

 

Vision de l’avenir

 

Pour 61% des agents, leur direction n’évolue pas dans le bon sens, ce pourcentage monte à 74% pour les agents de la DGDDI fortement impactés par les restructurations en cours et le blocage complet du dialogue social en raison principalement du transfert des missions fiscales de la Douane à la DGFIP. En outre, dans leur majorité, les agents pointent aussi un rythme de changement trop rapide.

 

L’engagement environnemental est un sujet important pour les agents, qui ont déjà adopté une attitude respectueuse de l’environnement dans le cadre de leur travail mais qui attendent un engagement fort du ministère. A l’évidence, ce sujet devient une composante incontournable de toute politique publique où les attentes des agents sont en cesse augmentation

 

Engagement des agents

 

Donnée toujours aussi positive, 74% des agents sont satisfaits de travailler au sein des ministères économiques et financiers (- 2% par rapport 2021). Si cette satisfaction peut aisément se comprendre en comparaison d’autres secteurs salariés, il est à relativiser quand seulement 30% sont optimistes sur l’avenir dans leur direction (29% en 2021).

 

Information

 

Les agents s’estiment bien informés par leur intranet directionnel, le constat est plus mitigé sur les informations apportées par l’encadrement.

 

Force est de constater   une fois de plus que l’information syndicale demeure une source d’information indispensable pour les agents. Elle continuera de mettre à disposition les informations syndicales au travers des tracts auprès de l’ensemble des agents. Dans le contexte actuel de restructuration de services et à l’approche des élections professionnelles il est primordial de poursuivre ces actions d’information.

 

Télétravail

 

Autre bouleversement lié à la crise sanitaire, le télétravail s’est généralisé avec 65% des agents en télétravail au moins un jour par semaine, contre 45% l’an dernier. 85% des télétravailleurs sont satisfaits de ce nouveau mode de travail, qui leur apporte un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle. Pour autant, 35 % déclarent se sentir isolés par rapport aux collègues en présentiel.


Cette donnée conforte le positionnement de notre fédération  au moment de la négociation sur l’accord cadre ministériel, mettant une priorité sur le collectif du travail.


La majorité des encadrants répond n’avoir pas de difficulté à gérer une équipe en mode hybride (présentiel, télétravail). Si la même question avait été posée aux agents pas sûrs que nous aurions eu le même résultat.

 

Conditions de travail

 

En moyenne, les agents donnent une note de 6/10 à leur qualité de vie au travail, 68% des agents sont satisfaits de l’ambiance dans leur service (+2 points par rapport à 2021).

 

L’intégration des nouveaux agents reste satisfaisante pour 79%, et 69% des agents interrogés estiment que leur manager est à l’écoute (+ 3 %).

 

Le sentiment de discrimination reste globalement constant 11% depuis 3 ans. Le premier critère discriminatoire est toujours l’état de santé, viennent ensuite le sexe et l’âge. En cas de discriminations, les agents feraient appel en premier, à la hiérarchie (64%) et ensuite à un représentant du personnel (32%).

 

Les agents soulignent la nécessité de renforcer certaines pratiques managériales : une plus grande attention au bien être, à la qualité de vie au travail (41%) ainsi qu’à l’écoute et à la bienveillance (32%).

 

Fonctionnement et qualité de service

 

Les agents considèrent que le fonctionnement de leur structure est efficace à 63%, seule exception la Direction Générale de la CCRF dont le taux baisse de 7 points à 58%. Conséquence logique et sans surprise pour nous  de l’organisation territoriale interministérielle

 

La qualité du service rendu subit une légère baisse au MEFR mais s’établit néanmoins à 72%. Par contre, la DGCCRF subit une baisse de 5 points et la Direction du Budget de 6 points.

 

Les agents jugent que les équipements informatiques sont adaptés à leurs missions pour 70% et qu’ils disposent d’outils collaboratifs adéquats (59%). Pour autant, dans certaines directions des progrès restent à faire.

 

Reconnaissance et évolution des carrières

 

68% des agents sont satisfaits du contenu de leur travail, mais ils pointent un manque de reconnaissance : sur leur rémunération 62% d’insatisfaits et sur les possibilités de promotion de leur rémunération 68%.

 

Les agents sont insatisfaits de leur déroulement de carrière. Ce sentiment est accentué chez les agents de catégories B et C. D’où la revendication légitime  pour un plan exceptionnel de promotions.

 

Concernant les promotions, les agents mettent toujours en doute l’objectivité des critères : l’expérience, le mérite individuel ou la performance. Ce constat ne pourra qu’empirer avec la disparition des compétences des CAP, comme nous l'avons souligné à maintes reprises .

 

De façon globale, les agents continuent de pointer un rythme de restructuration trop rapide. Au-delà de l’avenir de leur direction, ils se montrent pessimistes sur leur propre avenir au sein de leur service. Cette situation est d’autant plus prégnante cette année à la DGDDI, en plein conflit social au moment de cette enquête.

 

Par contre, la généralisation du télétravail pérenne se confirme après la crise sanitaire. Ce mode de travail permet une meilleure conciliation entre vie privée/professionnelle. Le télétravail devient pour de nombreux agents un palliatif à des conditions de travail dégradées par l’augmentation de la charge de travail et les réformes incessantes.

 

Le ministère s’enorgueillit de résultats stables, voire en légère amélioration par rapport aux années précédentes. Les sujets de mécontentement sont toujours à un haut niveau et majoritaires sur les conditions de travail, le rythme des réformes, l’emploi, les déroulements de carrière. Cette enquête annuelle est indispensable car elle permet de mesurer dans le temps les évolutions. Pour autant, une fois le constat établi, faut-il encore que nos ministres et directeurs généraux en tirent les conclusions qui s’imposent.  De ce point de vue-là, l’objectif est très loin d’être atteint.


 

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