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04 / 02 / 2016 | 244 vues
A Messaoud / Membre
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Paris Habitat OPH : une dérive dangereuse pour le logement social

Les mal-logés parisiens du collectif Mal Logés en Colère et du DAL se sont retrouvés hier après-midi devant le siège du premier bailleur social de la ville, pour défendre leur patrimoine et exiger une politique du logement qui réponde aux besoins des Parisiens (vidéo).

Nous refusons que le logement social et les salariés ordinaires du bailleur payent pour les erreurs de la direction révélées par la presse.

Le logement social n'avait pas besoin de ça : niveaux de rémunération des dirigeants extraordinairement élevés, attribution d'un logement social au loyer sans rapport avec les ressources de l'un des directeurs généraux et parachute doré etc., voilà de quoi déclencher de nouvelles attaques. Ça n'a d'ailleurs pas tardé puisque Le Figaro, par exemple, profite de l'occasion pour s'en prendre aux gardiens des immeubles et à leur salaire, pourtant justifié vu l'ampleur des tâches à accomplir, tandis que Challenges attaque l'ensemble des salariés du bailleur avec une indécence rare. 
 
Plus globalement, ce rapport de la MILOS donne l'impression désastreuse d'un gaspillage de l'argent public du logement, d'autant qu'il a été précédé par celle du coût exorbitant du nouveau siège du bailleur social. 
 
Il suscite aussi de nombreuses interrogations sur la volonté de « transparence » affichée par Paris Habitat OPH et par la ville. En effet, le rapport de la MILOS date de 2013, soit avant les dernières élections municipales : ni l'ancienne équipe, ni la nouvelle n'ont donc jugé utile de mettre un terme immédiat à ces dérives, ni même de les évoquer publiquement.

Que son directeur général soit payé autant qu'un ministre passe encore mais que ce soit pour faire son travail, du logement social et rien d'autre.

De deux choses l'une : ou les salaires et avantages des dirigeants sont justifiés et il fallait défendre cela publiquement ou ils ne le sont pas et il fallait agir. De la même manière, que des directeurs généraux aient un logement de fonction n'a rien de choquant en soi mais que le loyer soit de 1 000 euros, soit moins que celui des propositions qui sont souvent faites à des salariés modestes a de quoi interpeller.

Mais ceci n'étonnera qu'à moitié les demandeurs de logement et les locataires de Paris Habitat OPH : le tout traduit la mutation des bailleurs sociaux et une progressive privatisation du logement social. 
 
Paris Habitat OPH possède toujours des milliers de logements non conventionnés et lorsqu'ils le sont, c'est en PLS (la catégorie la plus chère) déjà en surnombre. Le bailleur développe désormais à travers sa filiale AXIMO, dont l'endettement est mis en cause par la MILOS, des produits semi-privés comme l'usufruit locatif social, qui ne correspondent en rien aux besoins des Parisiens modestes. Paris Habitat était le principal producteur de logements très sociaux à Paris (PLA-I) en 2014, le nombre de nouveaux logements de ce type est passé derrière celui de la RIVP (source APUR). 
 
Après des années de production de PLS en surnombre, le nouveau parc a des niveaux de loyers bien plus élevés que l'ancien. Petit à petit, le logement social devient moins social, ce qui explique l'augmentation continue des demandeurs de catégorie modeste, pour lesquels de moins en moins de logements sont disponibles
 
Les hautes rémunérations des dirigeants comme le siège luxueux sont donc un symptôme : celui d'un bailleur social qui, comme tant d'autres, rêve de se « diversifier », comprendre et abandonner au moins en partie sa vocation impérative de relogement des catégories modestes de la population.
 
C'est cette dérive qu'il faut faire cesser : il y a bien assez de la RIVP multipliant les programmes de bureaux sous couvert de pépinières d'entreprises, et propose des logements souvent inaccessibles au commun des demandeurs. Paris Habitat OPH doit redevenir un bailleur qui réponde aux besoins des Parisiens, notamment en logements très sociaux, un bailleur qui cesse de laisser une partie de son parc ancien mal entretenu pour faire des opérations de communication avec quelques logements de prestige.
 
Que son directeur général soit payé autant qu'un ministre passe encore mais que ce soit pour faire son travail, du logement social et rien d'autre.

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Le mal logement est un terrible fléau qui touche la France depuis des années. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre fait état de 15 millions de personnes qui en souffrent en France. Je trouve ça catastrophique dans une des plus grandes puissances économiques mondiale. Aucun ministre du logement de la 5e République n'est arrivé à résoudre ce problème, et ce, malgré les dispositifs de défiscalisation qui ont été mis en place comme le Duflot, Pinel, Censibouvard... Je vous invite vraiment à lire le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre. C'est très intéressant, et cela donne une idée de l'état des lieux du logement dans l'Hexagone. Des logements sociaux, cela fait plusieurs années que des milliers de familles les attendent... Je n'y crois plus du tout : ce sont des promesses électorales.