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12 / 02 / 2021 | 289 vues
Jean Christophe Tirat / Membre
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200 licenciements dans le groupe Barrière : FO assigne l'instance de contrôle et de surveillance des casinos devant le Conseil d’État

La situation sociale dans les casinos (plus spécifiquement chez certains acteurs historiques) est absolument dramatique pour les salariés. Près de 200 licenciements sont notamment en cours au sein du groupe Barrière.
 

Aujourd’hui, la mise en œuvre d’une vision de l’avenir met nos emplois en danger, rompant de manière brutale avec le modèle de casinos actuels, celui dans lequel nous exerçons au quotidien. Notre organisation syndicale n’a jamais été contre le changement, dès lors qu’il préserve les emplois et renforce la sécurisation de nos entreprises. Le changement ne s’impose pas, il se construit avec les partenaires sociaux, seul gage pour éviter les peurs et résistances des salariés.

 

Le groupe Barrière a décidé de massivement s'orienter vers la numérisation et l’automatisation faisant fi de nombreux emplois physiques, sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. En ce sens, il a décidé d’unilatéralement imposer cette transformation, sans aucune forme de délicatesse. Une telle vision relève d’une conduite du changement absolument défaillante mettant directement notre avenir professionnel en danger. En effet, nos entreprises se caractérisent par la diversité des offres, la qualité de service aux clients et une surveillance humaine sans faille.

 

Pour arriver à leur fins, ces « stratèges » du monde des casinos, réduisent les offres de jeu et suppriment des postes pourtant fixés de manière explicite et non équivoque par la règlementation des jeux.

 

En ce sens, nous avons saisi la DLPAJ * de ce dossier, demandant à cette instance de contrôle et surveillance, présumée neutre, de statuer sur la situation et de se positionner en faveur de la stricte application de règlementation des jeux. La DLPAJ est un service dépendant du Ministère de l’Intérieur, chargé notamment de préparer et d’appliquer la législation relative aux casinos et clubs de jeux (autorisation des établissements, rédaction de la règlementation des jeux etc.).

 

Nous avons eu droit à plusieurs réponses édulcorées, tendant systématiquement à donner une interprétation déviante et erronée des textes. Notre syndicat  considère que la règlementation est suffisamment précise, pour que l’organe en charge de sa rédaction ne veuille, de manière quasi incantatoire, lui faire dire totalement autre chose. Le procédé est pour le moins « malhonnête », surtout lorsque la DLPAJ évoque d'éventuelles modifications a posteriori, qui valideraient l’orientation libérale du groupe Barrière, donc les licenciements.

 

Fondée sur l’infraction présumée d’un casinotier et sur des règles non écrites, cette interprétation hasardeuse été notifiée à tous les services de la DLPAJ et au Service central des course et jeux, en charge de la surveillance des casinos (SCCJ), lui conférant indéniablement une portée relevant de l’orientation ou de la directive. C’est une position claire, frappée d’une étrange bienveillance vis-à-vis des casinotiers et faisant de l’infraction une source de droit.

 

Nous ne sommes donc plus dans un cadre de neutralité et il est grand temps de dénoncer cette imposture qui dure depuis un certain temps. Il n’est pas si loin, le « protocole portant sur la promotion du jeux responsable », négocié de gré à gré et dont les services du ministère, par principe d’amnésie collective, vont aujourd’hui jusqu’à nier l’existence ou la portée juridique.

 

En ce sens, notre organisation syndicale a décidé de saisir le conseil d’État, afin de demander l’annulation de cet acte, donc de tout l’argumentaire erroné développé par la DLPAJ.

 

Si notre requête est reçue, nous démontrerons que la DLPAJ ne peut agir selon « le fait du prince », en s’affranchissant des règles qu’elle établit elle-même. Cela re-positionnerait les salariés au cœur des préoccupations une bonne fois pour toutes.

 

Il en va de notre avenir à tous car un casino ce n'est pas que du personnel de jeux ou de machines à sous. Un casino est constitué d'un ensemble indivisible d’activités, des jeux, de restauration, d’accueil, de sécurité, d’administration et, pour certains, d’hôtellerie et de thalassothérapie. Réduire l’activité d’un service revient à diminuer l’attractivité de nos entreprises et à diminuer le volume de notre clientèle. Nous serons donc tous touchés car nous sommes interdépendants les uns des autres, peu important nos fonctions respectives.

 

Nous avons  toujours veillé au terrain des modifications règlementaires et à leurs conséquences sur l’emploi. Afin d’obtenir une transparence absolue, nous demandons la tenue d’état généraux des jeux depuis des années, où chaque partie prenante serait présente, dans le cadre d’un débat contradictoire.

 

Aujourd’hui, la gravité de la situation implique que nous attaquions le Ministère de l’Intérieur en justice face à l’hypocrisie ambiante d’un discours assurément ambivalent.

 

Nous irons au bout de notre démarche afin que l’avenir de notre secteur et de nos emplois ne se décide plus dans le confort feutré de cabinets ministériels ou de manière détendue autour de petits fours et coupes de champagne, lors des congrès de syndicats patronaux.
 

(*) Direction des libertés publiques et des affaires juridiques.

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Nous venons d’apprendre la décision du Conseil d’Etat concernant le référé

suspension introduit face à l’interprétation hasardeuse de la DLPAJ. Le Conseil d’Etat

a jugé que l’urgence de la situation n’était pas démontrée.

 

La DLPAJ, de manière fort

déloyale, a en effet introduit une écriture supplémentaire après l’audience, ne nous

permettant pas de répondre dans le respect du débat contradictoire.

 

Pour tout

argument, ce service du Ministère de l’Intérieur indiquait au tribunal que les

licenciements n’étaient pas pour tout de suite, aucune entreprise n’ayant intérêt à

licencier des salariés sous régime du chômage partiel.

 

Cet argumentaire qui démontre de la méconnaissance de la situation, est, pour la

DLPAJ, une victoire « à la Pyrrhus ».

 

Les mauvaises interprétations de la réglementation des jeux, ainsi que la passivité de

ce service en termes de contrôle, sont grandement responsables d’une partie des

licenciements qui se mettent en oeuvre dans le groupe Barrière. Nous continuons à le

penser et nous le démontrerons.

 

Nous sommes désormais en train de préparer l’audience de jugement sur le fond, qui

devrait se tenir sous 4 mois au maximum.

 

Cet aléa judiciaire et la décision du Conseil d’Etat ne présume en rien du futur

jugement sur le fond. Nous allons d’ailleurs introduire de nouveaux éléments

imparables.

 

Nous ne lâcherons rien, l’avenir d’une profession ne peut être laissé au hasard

d’interprétations fallacieuses.

Nous irons au bout.