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10 / 04 / 2020 | 168 vues
Etienne Dhuit / Membre
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Coronavirus : de la difficulté d'obtenir des aides financières

Confrontées à une spectaculaire baisse d'activité, de nombreuses entreprises françaises jouent actuellement leur survie. Si l'État et les banques ont bien promis un certain nombre d'aides, sur le terrain, ces dernières se font parfois attendre.

 

« Quoiqu'il en coûte » : au cours d'une déclaration aussi martiale, sur la forme, qu'à rebours, sur le fond, de la politique ultralibérale menée depuis son élection, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'un « mécanisme exceptionnel et massif » de chômage partiel le 12 mars, ainsi que l'indemnisation des salariés contraints de demeurer chez eux. Alors que l'économie française subit les conséquences dévastatrices de l'épidémie de coronavirus, « nous n'ajouterons pas aux difficultés sanitaires la peur de la faillite pour les entrepreneurs, la peur du chômage et des fins de mois pour les salariés », a tenu à assurer un président de la République se découvrant plus « socialiste » et interventionniste que jamais.

 

L'État et les banques au chevet des entreprises françaises

 

Dont acte. Afin de soutenir les entreprises françaises en difficulté, le gouvernement a, par ailleurs, décidé de mesures immédiates destinées à soutenir leur activité en cette période de crise : délais de paiement de charges sociales et fiscales, remises d'impôts directs, report du paiement des loyers et factures d'énergie, lancement d'un fonds de solidarité pour les TPE, indépendants et micro-entrepreneurs, qui peuvent bénéficier d'une aide allant jusqu'à 1 500 euros, prêt garanti par l'État, médiation du crédit pour le rééchelonnement des crédits bancaires, levée des pénalités de retard pour les marchés publics etc.

 

Les banques, dont il était permis de croire qu'elles ne joueraient pas le jeu, ne semblent pas en reste et témoignent de leur volonté de soutenir une économie vacillante. Dans un communiqué en date du 15 mars, la Fédération bancaire française (FBF) a ainsi détaillé un certain nombre de mesures d'accompagnement des entreprises confrontées à une baisse d'activité et de trésorerie : accélération des procédures d'instruction de crédit (en cinq jours maximum), report, jusqu'à six mois, des remboursements de crédits, suppression des pénalités de reports d'échéances etc. De son côté, Bpifrance (la Banque publique d'investissement) a également décidé de suspendre le paiement des échéances de ses propres prêts et a relevé son niveau de garantie des prêts bancaires à 90 % (contre 70% auparavant).

 

Théorie contre pratique

 

Si les mesures annoncées par l’État et les banques ont été accueillies à bras ouverts par les entrepreneurs français, dans les faits, ce n’est pas si simple. Bien des dirigeants de TPE et PME ont ainsi rencontré certaines difficultés, que ce soit dans la mise en place du chômage partiel : « c’est extrêmement long et chronophage, chacun de mes salariés ayant sa propre situation, il faut faire une demande spécifique pour chacun et le temps de faire tout ça, jusqu’au versement de leurs salaires par l’État, c’est à moi de leur assurer un revenu, je ne peux pas les laisser sans rien, ça me met dans une situation financière compliquée », déplore ainsi une restauratrice parisienne.
 

Ou dans leurs demandes de crédit, comme ce petit entrepreneur breton qui a dû, en plein confinement, attendre deux semaines (au lieu de 24 heures) que sa banque, le Crédit Mutuel Arkéa (CMA), daigne traiter sa demande de prêt. Le même CMA qui, semble-t-il, a eu moins de scrupules à financer un hôtel 4 étoiles que des PME locales dans le besoin.

 

Malgré la crise, les abus persistent...

 

Non seulement les entreprises tricolores doivent-elles faire face à un arrêt total ou partiel de leur activité, à la complexité des aides mises en place mais elles sont de surcroît confrontées, pour nombre d'entre elles, à des retards de paiements de la part de leurs clients, qui prétextent, parfois à tort, de la crise pour se défausser de leurs responsabilités.

 

Selon la Banque de France, quelque 13 milliards d'euros de factures seraient aujourd'hui non honorés, mettant en péril la trésorerie de quantité d'entreprises et, à terme, leur survie. « On est aujourd'hui dans une situation d'abus généralisé », déplore auprès du Monde Alexandre Bardin, fondateur de Rubypayeur, une société de recouvrement de créances, selon qui « on va avoir un nombre de défaillances jamais vu en France à cause (des abus liés au) défaut de paiement ».

 

Toute honte bue, d'autres entreprises « surfent » sur la pandémie pour profiter d'avantages indus : c'est le cas, éloquent, de l'opérateur SFR, qui a annoncé vouloir mettre 60 % de son personnel au chômage partiel (« un effet d'aubaine »), selon la CGT, la direction annonçant la même semaine près de 15 milliards de chiffre d'affaires en Europe tout en faisant appel à la solidarité nationale. En temps de crise, chacun voit midi à sa porte…

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