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28 / 01 / 2019 | 46 vues
Marc Crespin / Membre
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Arkéa : le temps n’est plus aux querelles stériles

Il est temps d’ouvrir les yeux. Pour le bien des salariés d’Arkéa, les patrons de la banque bretonne doivent se raviser et privilégier l’unité.

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » : voilà bien un principe de sagesse populaire que Jean-Pierre Denis, patron de la banque Arkéa, semble avoir complètement mis de côté. Tout à sa volonté de quitter le giron de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), le richissime banquier ne tient compte ni des risques que ferait peser l’indépendance d’Arkéa sur ses salariés, ni des avertissements répétés des autorités de contrôle françaises et européennes, ni des propositions, de bon sens, avancées par la CNCM pour mettre fin à un conflit qui s’embourbe chaque jour un peu plus, au détriment de tous.

Conflit au point mort

Nous en sommes tellement au point mort que, le 19 décembre dernier, la confédération a envoyé un courrier aux pouvoirs publics (Banque de France et Trésor public) dans lequel son patron, Nicolas Théry, estime qu’il est désormais temps de « clore ce dossier après quatre années de conflit inutile », les patrons d’Arkéa n’ayant « répondu valablement à aucune des propositions » avancées dans une lettre datée du 19 juin. Celle-ci fixait le montant de « l’indemnité » de départ à 1,7 milliard d’euros, une somme permettant à la CNCM de déployer un nouveau réseau d’agences concurrentes en Bretagne et en Aquitaine et de couvrir le préjudice dû au conflit.

Arkéa était également sommée de renoncer aux marques et logos du Crédit Mutuel, de permettre à ses clients de rester au sein de la confédération et de rembourser ceux d’entre eux qui avaient souscrit des parts sociales. Habituellement très bavard sur les réseaux sociaux, le grand patron Jean-Pierre Denis est, cette fois, resté muet jusqu’à la date limite fixée par la CNCM, le 15 décembre. Ce qui fait dire à cette dernière, dans la lettre susmentionnée, que « compte tenu des incertitudes de notre environnement, le temps n’est plus aux manœuvres dilatoires ou aux prises de risques inconsidérées » et qu’il faut « cesser de perdre un temps précieux sur un dossier qui ne repose sur aucune demande sérieuse ».

Des risques pour Arkéa donc pour ses salariés

En tant que syndicaliste, il n’est pas de notre ressort de prendre parti dans un conflit opposant des patrons entre eux, notre responsabilité et notre fidélité, vont aux seuls salariés. C’est la raison pour laquelle nous devons mettre nos camarades d’Arkéa en garde : le projet porté par vos dirigeants envoie votre banque et, par voie de conséquence, vous-mêmes, vos emplois et vos familles, dans le mur. Le comble, c’est que ce sont vos propres patrons qui l’écrivent noir sur blanc.

Relisez donc le « document de référence actualisé », publié en catimini par la direction d’Arkéa le 29 août dernier, en pleine torpeur estivale : « le projet de désaffiliation tel qu’envisagé (…) est inédit et particulièrement complexe à réaliser », est-il écrit. « Les incertitudes et (…) risques associés existent », poursuivent les patrons va-t-en-guerre, évoquant pêle-mêle la possibilité de « difficultés nouvelles », « la perte du bénéfice de l’agrément bancaire », les « incidences fortes sur la situation financière » d’Arkéa ou encore les risques liés « aux calculs prudentiels » et « à l’accord des autorités de contrôle ».

Un projet qui sent le plan social à plein nez

En d’autres termes, le projet de Jean-Pierre Denis et de ses alliés prend l’eau de toute part et menace directement (contrairement à ce que ces derniers affirment) les emplois de près de 10 000 salariés, dont une partie travaille au sein de sa filiale en ligne, Fortuneo. C’est bien pourquoi, dans son courrier, la CNCM a demandé « un engagement d’absence de plan social pendant cinq ans » et la mise en place d’un « processus démocratique » lors du prochain vote au sein des caisses locales d’Arkéa.

Réponse des patrons de la banque bretonne : Arkéa fera des « propositions constructives » en ce sens. Des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient et sentent le plan social à plein nez. Alors que la CNCM est prête à passer l’éponge dans l’intérêt des salariés, assurant qu’elle n’entretient aucun désir de revanche, jamais l’unité du Crédit Mutuel n’a parue si nécessaire à l’avenir de milliers de travailleurs pris en otages par des capitalistes sans foi ni loi.

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