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24 / 11 / 2017 | 2 vues
Marie Delmont / Membre
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Handicap et collectif de travail : la vulnérabilité en partage

La vulnérabilité est certainement ce que tous les êtres humains ont en partage. Nous pouvons nous en rendre compte dès notre naissance, bien souvent en fin de vie et fréquemment en pleine force de l’âge. Un actif sur deux sera personnellement confronté au handicap en raison d’une maladie invalidante, d’un accident de travail ou de vie.

En entreprise, le handicap est généralement perçu comme une source de fragilité. Difficile de ce fait d’en parler directement à son employeur en tant que salarié. Si le handicap peut isoler le salarié, le collectif de travail se révèle souvent un puissant atout pour déclencher la prise en compte du handicap par l’employeur.

En Bretagne, au sein d’une direction régionale d’un grand groupe français, je suis arrivée missionnée par la cellule « handicap » pour optimiser le maintien dans l’emploi de Gilles et Jean-Philippe, les deux magasiniers. Au bout de quelques minutes d’entretien et après leur avoir expliqué mon rôle de facilitatrice en faveur du maintien dans l’emploi, ils m’ont spontanément indiqué : « C’est Jean-Marie que vous devriez rencontrer. C’est lui qui mérite et a besoin d’être aidé en raison de tous ses problèmes de santé ».

À Marseille, c’est Saïd, le préparateur, qui a profité de ma venue en raison de sa déficience visuelle pour m’indiquer que son collègue chaudronnier Gil était en souffrance. À Toulouse, c’est grâce à Michèle, atteinte de sclérose en plaques, que la situation de Christine souffrant de la même pathologie à Bordeaux a été prise en compte. Il serait possible de citer encore de nombreux cas similaires, comme celui d’Anne-Sophie, la chargée de prévention qui s’est inquiétée de ne plus recevoir d’arrêts maladie de Jean-Louis malgré son absence depuis de longs mois.

La solidarité du collectif

Les missions « handicap » sont plus efficaces quand elles savent se saisir de la solidarité du collectif pour compenser le handicap et mettre en place des aménagements de poste. C’est là que réside la force de l’exemple : si l’entreprise peut améliorer le quotidien de l’un, elle saura certainement mobiliser les mêmes ressources pour l’autre. Le cercle devient alors vertueux.

Nul besoin d’avoir de « pouvoir » pour être une force : le rôle des collègues de travail en est la démonstration. Jean-Marie a bénéficié d’un accompagnement personnalisé qui a permis un diagnostic enfin fiable de sa maladie. Les horaires et le temps de trajet de Gil ont été optimisés et du matériel ergonomique a été mis à sa disposition. Christine a pu évoquer ses difficultés et obtenir une pension d’invalidité.

Il est parfois plus simple d’être le porte-parole d’un autre salarié pour évoquer des situations en face desquelles on peut se sentir démuni en tant que collègue.

La gratuité

Nul besoin ici d’objectifs, d’enjeux ou de stratégie rythmant nécessairement la vie de l’entreprise. Quand un salarié se préoccupe et fait part de la situation de l’un de ses collègues, il s’agit toujours d’un acte désintéressé. Le porte-parole n’en attend rien en retour. C’est la gratuité de cet acte qui lui donne tout son sens.

Nul besoin alors de préciser que le handicap peut tous nous concerner, à quelque titre que ce soit. Ces histoires témoignent d’une réalité simple : le handicap nous renvoie à notre humanité.
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