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05 / 05 / 2017 | 12 vues
Hugo Ezan / Membre
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Inscrit(e) le 05 / 05 / 2017

Expertise CHSCT : et si, au final, les entreprises y trouvaient leur compte ?

L’expertise sur les conditions de travail à la demande des membres du personnel des CHSCT (payée par la direction) semble bien dans le viseur des ordonnances à venir, lesquelles vont s’inscrire dans le prolongement de la loi El Khomri. Depuis déjà 5 ans environ, le législateur ne cesse de reconditionner les délais de réalisation des expertises (lois LSE, Rebsamen, El khomri et autres décrets successifs) afin d’en limiter le recours. La généralisation des DUP et le rapprochement des instances du personnel vont contribuer à laisser de moins en moins de place aux sujets de conditions de travail dans l’entreprise, la priorité étant généralement donnée dans cette configuration, aux problématiques de conditions d’emploi.

Pourtant, jamais nos expertises CHSCT n’ont été si utiles ! Disons le franchement, les directions ne disposent plus des budgets d’audits pour s’enquérir d’un avis externe et trouvent rapidement leur interêt à travers une expertise CHSCT. Car dans sa finalité d’améliorer les conditions de travail, une expertise CHSCT interroge de nouveau rien moins que l’organisation du travail. Les données de terrain restituées en expertise ne sont pas filtrées par la hiérarchie intermédiaire. Une bonne expertise CHSCT dépasse en principe le stade du diagnostic et propose des pistes d’amélioration que l’entreprise peut rapidement reprendre à son propre compte. Enfin, une étude CHSCT est l’occasion de faire le point sur la bonne conformité des dispositifs de prévention mis en place.

Nos derniers retours d’expérience en expertises CHSCT sont justes impressionnants en termes de pourcentage de recommandations reprises par l’employeur. Cela traduit également, selon nous, l’émergence d’une nouvelle forme de management qui ne part plus du postulat que la pénibilité physique et psychologique est intrinsèque au principe même du travail. Sans doute portées par une sémantique de la qualité de vie au travail encore imprécise, les postures des directions changent, il faut le reconnaître : suite aux expertises, révision de la copie projet avant de la représenter aux IRP, intégration immédiate de certaines mesures recommandées par l’expert et demandes de suivi d’expertise pour s’assurer de la bonne conformité des documents de prévention mis en place. De ce fait, les experts ont tendance à adopter des postures plus constructives : sauf cas rares, plus besoin de gonfler les pectoraux comme dans les années 1990.

Nous sommes bien en 2017 : passé le désagrément de devoir financer une expertise sans en être directement à l’initiative, jamais les entreprises n’y ont autant vu leur propre intérêt.

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