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20 / 07 / 2016 | 9 vues
Henri Prieur / Membre
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Hinkley Point et le Brexit : circulez, il n’y a rien à voir. Vraiment ?

Depuis le 23 juin dernier, personne de bonne foi ne peut prétendre que le Brexit est un épiphénomène local. C’est un séisme politique et économique dont les conséquences sont difficiles à évaluer, pour EDF comme pour les autres. Dans ce contexte, la CFE-CGC énergies considère qu’il est impératif de rester extrêmement prudent face aux incertitudes et d’analyser finement l’ensemble des risques pesant sur les investissements britanniques aussi importants qu’engageants sur le long terme. Elle persiste plus que jamais à demander de différer la décision finale d’investissement (DFI) du projet nucléaire Hinkley Point.

Quelques heures après le choix souverain du peuple britannique en faveur du Brexit, le président directeur général d’EDF s’empressait de déclarer que le Brexit n'avait « pas d'effet » sur l'activité et la stratégie d'EDF au Royaume-Uni, notamment son projet de construire deux réacteurs nucléaires EPR sur le site d’Hinkley Point. Bigre, le Brexit ne serait donc aux yeux de la direction générale d’EDF qu’une vague perturbation locale n’ébranlant en rien sa stratégie ni sa marche générale ?

Les certitudes ne sont pourtant pas de mise. Le FMI estime ainsi que l’économie britannique sera affectée par le Brexit du fait de la réduction des investissements et de la volatilité financière. La livre sterling est chahutée, les investisseurs hésitent face aux incertitudes, la bulle immobilière menace d’exploser et le contexte des projets d’investissements britanniques d’EDF est plus qu’incertain.

C’est pourquoi, comme elle l’a demandé lors de la présentation du projet de Hinkley Point au comité central d’entreprise, la CFE-CGC énergies réitère sa demande d’obtenir de la part de la direction d’EDF des réponses argumentées et étayées par une expertise indépendante sur les conséquences du Brexit sur l’activité d’EDF au Royaume-Uni, notamment sur le projet nucléaire de Hinkley Point. Du fait d’un engagement massif, dans la durée et sans précédent des fonds propres d’EDF sur un projet hors de France et demain hors de l’Union européenne, alors que la réindustrialisation de la Grande-Bretagne voulue par Theresa May ne fait en rien partie des missions d’EDF, la plus extrême vigilance est de mise, dans l’intérêt d’EDF.

La CFE-CGC énergies a donc déjà posé de nombreuses questions sur :

  • l’engagement d’un projet sans attendre le complet retour d’expérience du prototype EPR FLA3,
  • les risques liés à un financement en fonds propres qui expose l’ensemble du groupe au projet,
  • le caractère réaliste du planning de construction et l’hypothétique rentabilité de l’opération,
  • l’étonnante absence d’acteurs britanniques dans le montage du projet,
  • ou la fiabilité et les intentions de notre partenaire chinois.

Le nouveau contexte créé par le Brexit mène la CFE énergies à demander qu’au-delà de l’analyse de la direction, une expertise indépendante permette de répondre, entre autres, aux questions relatives à la dégradation du classement britannique pour les investissements, l’augmentation du coût du capital liée à l’augmentation du risque par pays, la fluctuation de la parité livre sterling/euro, l’évolution des conventions fiscales bilatérales, les incertitudes juridiques contractuelles et financières pour l’utilisation de main d’œuvre européenne ou le désalignement des contextes juridiques, régulatoires et politiques entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Les conséquences du Brexit sont tout sauf mineures. La CFE-CGC énergies réaffirme par conséquent sa position de prudence et de bon sens, afin de limiter les risques pesant sur EDF : différer la FID du projet Hinkley Point C. Dans ce dossier HPC, face à un dialogue social bien mal en point, la CFE énergies soutient pleinement le comité central d’entreprise dans son action en justice pour que les représentants des salariés disposent de tous les éléments nécessaires pour rendre un avis sur le projet. Car aucun projet ni aucune stratégie ne peut réussir sans le soutien et l’engagement des salariés.

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