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02 / 12 / 2015 | 3 vues
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Risques psychosociaux dans l'ESS : piloter la prévention

Le 26 novembre, Chorum organisait la conférence « risques psychosociaux dans l’ESS : comment obtenir des résultats durables ? », à Paris.

  • De nombreux témoignages y ont été présentés, permettant un débat riche avec les 200 participants présents.

Les risques psychosociaux sont présents dans les métiers de l’économie sociale et solidaire. En effet, dans un contexte de fortes contraintes, si le salarié trouve les marges de manœuvre qui lui permettent de développer des compromis entre ce qu’on lui demande de faire, les attentes des bénéficiaires et ce qu’il souhaite faire, il va développer plaisir et santé au travail. Au contraire, s’il rencontre des situations de débordement liées au manque de marges de manœuvre et à des injonctions paradoxales, il peut se trouver en incapacité à faire face et en situation de risque pour sa santé. C’est ce que l’on appelle les risques psychosociaux.

Les dilemmes au cœur de l’activité

En introduction de la conférence, Pascal Ughetto, sociologue, chercheur au LATTS, a fait le point sur les évolutions des métiers dans le secteur médico-social associatif et sur les effets de ces évolutions sur le travail et la santé des salariés. Il a notamment insisté sur les dilemmes au cœur de l’activité. L’objectif d’assurer de l’autonomie pour des personnes qui en manquent et sur lesquelles le pronostic d’évolution favorable est parfois faible n’est pas toujours accessible, celui de ne pas maltraiter, alors que le travail intègre de fait de la contrainte, non plus. Des témoignages d’AMP soulignent ces contradictions.

« Et elle continue de crier, à un moment donné, on dit « ça suffit ! ». Alors on a l'impression qu'on l'a maltraitée, le fait d'élever la voix ».

« On se pose la question tous les jours, parce que l'on a une résidente qui crie en permanence : « Je mange, je vais me laver, y a quelqu'un, y a quelqu'un ? » Alors à un moment donné, on prend sur soi, on dit : « bon », on lui parle gentiment, on dit : « Tu attends, on s'occupe des résidents qui en ont besoin plus que toi, toi tu peux rester assise. Attends, on va s'occuper de toi tout à l'heure ». Elle continue de crier, à un moment donné, on dit « ça suffit ! ». Alors on a l'impression qu'on l'a maltraitée, le fait d'élever la voix ».

« J'ai une autre résidente, parfois dans le refus, elle ne veut pas remonter sur l'unité. Comme elle aime bien la nourriture, on lui dit : « Viens, on va prendre un petit gâteau ». Je prends l'exemple d'un animal, un mulet ou un âne, on lui donne une carotte pour qu'il avance, c'est à peu près pareil. Donc je trouve ça un peu maltraitant ; il ne s'agit pas d'animaux... Parfois, je me sens mal, quand je fais ça. Maintenant, j'ai trouvé une autre solution, elle aime bien la musique ; donc je prends mon portable et je lui fais écouter la musique et elle me suit. Du coup, j'évite de faire la méthode avec la nourriture ; avec la musique, je me sens moins maltraitant ».

L’enjeu est donc de trouver ou retrouver les moyens de donner des marges de manœuvre aux équipes et à l’encadrement, pour renforcer le sens et permettre de trouver du plaisir au travail. C’est avec cet objectif que de nombreux établissements, structures et associations ont mis en œuvre des démarches actives.

Des témoignages d’associations de différents secteurs (protection de l’enfance, handicap, aide à domicile, sanitaire, urgence sociale…) ont mis en exergue l’importance de comprendre les tensions dans le travail, de façon concrète, pour identifier des pistes d’action. Toutes soulignent l'effet positif de ces démarches sur le climat au sein de la structure, sur le rapport au travail des salariés et le sentiment de reconnaissance qui en découle. Les associations engagées dans ces démarches depuis longtemps mettent également en avant l’effet positif sur la baisse de l’absentéisme et des accidents du travail… Le mot de la fin peut être celui de Xavérie Chadeneau, coordinatrice dans une association d’aide à domicile : « Maintenant, je rentre chez moi à 17h30 ! »

 

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