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06 / 10 / 2015 | 1 vue
Didier Cozin / Membre
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La grande méforme de la formation (2ème partie)

Comme nous l'avons vu dans un précédent billet (la grande méforme de la formation) la formation professionnelle, l'éducation et l'apprentissage sont en grande difficulté dans notre pays. L'État est en grande partie responsable de ce fiasco éducatif qui entraîne chômage et sous-activité alors que la plupart de nos partenaires, plus éduqués et formés, s'en sortent bien mieux.

La compétitivité passe d'abord par la compétence des hommes

Selon de nombreuses enquêtes et indicateurs internationaux, notre pays n'est plus assez compétitif dans le monde (nous sommes à la 22ème place selon le Forum économique mondial).

La liste des pays voisins désormais  plus compétitifs que le nôtre, ne cesse de s'allonger : Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Suède, Royaume-Uni, Danemark, Norvège ou Belgique.

Dans ces pays, un grand nombre d'adultes parlent une ou deux langues étrangères, maîtrisent le numérique, apprennent tous les jours au travail ou à leur domicile. Leur école aussi est bien plus égalitaire et équitable que la nôtre (vieille dame décatie qui ne parvient pas à oublier Jules Ferry et Camille Sée).

Tous les indicateurs internationaux convergent (celui de l'OCDE va dans le même sens) : la 25ème place des Français sur ce critère de l'éducation et du développement des compétences « plante » tout le pays, son social comme son économie.

« La formation, elle est à l'arrêt ».

Les pouvoirs publics, tout à leur illusoire dialogue social (pour éviter de prendre des mesures courageuses, on s'en remet aux partenaires sociaux), ont bâti une ahurissante réforme de la formation qui, au lieu de développer la dynamique des apprentissages, l'a totalement arrêtée.

Restaurer une formation de qualité est une priorité qui passe par le report sine die de cette loi stupide du 5 mars 2014.

La réforme de la formation de 2014, refusée par nombre de syndicats (CGT et CG-PME notamment) est un échec massif que le temps ne réparera pas.

La formation est à l'arrêt, nous cumulons les retards, creusons les déficits par manque de courage politique (« La dette symbolise l'absence de consensus politique et économique en France » - Jacques Attali).

Des centaines de milliers de travailleurs non qualifiés ne peuvent accéder à des formations basiques (le socle des compétences). Le chômage n'est plus un flux de personnes entre deux emplois mais un « stock » immense de travailleurs oubliés par la société de la connaissance, non préparés au travail du XXIème siècle et disqualifiés pour les prochaines années.

Les pouvoirs publics mettent plus d'énergie à masquer la vérité qu'à tenter de la corriger.

On tente de manipuler les vrais chiffres de la formation (on a fort opportunément fait disparaître le seul indicateur fiable en entreprise, la déclaration 2 483) et si les travailleurs se rendent désormais sur le site gouvernemental moncompteformation.gouv.fr, ils comprendront très vite qu'on les a bernés, bercés de douces paroles sur leurs heures de formation mais que celles-ci sont désormais inaccessibles (sauf à passer par d'invraisemblables parcours du combattant). 

Le droit à la formation a été remplacé par un inutile et trompeur système de comptage d'heures de  formation.

Le développement de la formation ne peut seulement être une priorité dans les discours.

Le chantier est immense et il en coûtera des milliards d'euros (le prix sans doute de la baisse des charges du CICE) mais rien ne servira d'investir en machines nouvelles ou en locaux modernes, de multiplier les lignes de TGV ou de construire le Grand Paris si l'équipement de la pensée des travailleurs reste indigent ou très en retard au regard des exigences du travail contemporain. 

L'équipement intellectuel prime désormais sur l'équipement matériel.

Après s'être largement équipés matériellement depuis l'après guerre (infrastructures, équipements collectifs et individuels, loisirs), les Français vont devoir intégrer que sur une planète de plus de 7 milliards d'habitants (où la plupart des économies et des individus sont interconnectés), le moindre écart de compétences se paie au prix fort par une perte de compétitivité, de richesses et un chômage endémique (et galopant).

Un pays, une entreprise ne peuvent plus espérer vendre leurs produits, leurs services ou leurs technologies s'ils ne montent pas sans cesse en gamme et en compétences, s'ils ne s'adaptent pas très vite à leur environnement.

Telle quelle est aujourd'hui, la réforme de la formation pourrait nous faire chuter bien plus bas encore.

Ainsi, 22 % des adultes ont un niveau très faible de qualification et 3 années après le démarrage du processus de la réforme (janvier 2013), des commissions surréalistes se demandent si les évaluations se feront pendant, après ou avant les formations, si les contrôles doivent être multipliés ou si les organismes de formation doivent justifier du prix ou de la qualité de leurs services (sans se demander si l'État lui-même offre encore des services à la hauteur de ce qu'ils coûtent au pays).

L'État doit assumer toutes ses responsabilités dans ce fiasco règlementaire et social qui n'a que trop duré.

En 1914 l'état major de l'armée française a envoyé au front des fantassins habillés de pantalons rouge garance (une cible idéale pour l'ennemi). Aujourd'hui, les travailleurs français perdent leur travail et souvent leur employabilité dans une nouvelle guerre (économique celle-là), une guerre pour laquelle ils ne sont ni préparés, ni équipés par leur formation et leur éducation.

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