Participatif
ACCÈS PUBLIC
28 / 09 / 2015 | 4 vues
Floréal Pinos / Membre
Articles : 19
Inscrit(e) le 17 / 12 / 2007

Est-il légitime de faire le pari de la confiance a priori pour relancer le dialogue social ?

Le dialogue social est moribond aux Autoroutes du sud de la France (ASF/Vinci Autoroutes). Le but n’est pas ici d’en rechercher les responsabilités, qui sont multiples. Mais, à se renvoyer la balle en permanence, les acteurs sociaux (organisations syndicales et direction) n’ont fait que creuser chaque jour un peu plus le sillon de la défiance.


Cette situation, qui s’aggrave jour après jour, est intolérable. La CFDT ne peut rester impassible face à cette aggravation et appelle mois après mois à renouer le dialogue qui a pourtant été, jusqu’aux années 2009-2010, le fondement de la cohésion sociale de cette entreprise. Malheureusement, une occasion unique a été ratée à la fin de juillet dernier.

Ainsi, quatre organisations syndicales (CFDT-CGT-FO-UNSA) avaient déposé séparément des préavis de grève pour la période du chassé-croisé de la fin juillet-début août 2015. La CFDT souhaitait une nouvelle fois pointer du doigt les dysfonctionnements de l’entreprise, notamment la politique d’embauche au point mort, la dégradation des conditions de travail, les réorganisations incessantes et le retour à un dialogue social loyal et non contraint. Nos revendications allaient donc dans le sens de solutions à même de répondre à ce constat : mise en œuvre d’une réflexion de fond sur la qualité de vie au travail, mise en place sur certains sites de moyens humains et matériels supplémentaires, garantie de trois semaines consécutives de congés en été pour les salariés qui le demandent, offrir des perspectives d’évolution professionnelles par l’enrichissement des métiers et des missions de chacun.

La direction répond favorablement mais…


Lors de la réunion dans le cadre du dépôt des préavis de grève, la direction générale a surpris ses interlocuteurs. Contrairement aux habitudes, elle a en effet répondu favorablement à de nombreuses demandes des organisations syndicales et s’est engagée par écrit sur un certain nombre de points, qui touchent essentiellement à un retour à une politique d’embauches en CDI, à l’ouverture de négociations sur la qualité de vie et la santé au travail, à la GPEC (dont la négociation a échoué il y a quelques mois). Elle s’engageait également sur la garantie d’octroyer trois semaines de congés d’été aux salariés dès 2016 et ajoutait également d’autres points plus locaux mais tout aussi importants.

La direction générale assortissait toutefois ces engagements concrets et communiqués à tous les salariés d’ASF d’une condition : que soient levés tous les préavis de grève afin que les modalités de mise en œuvre des engagements soient discutées dans la foulée, dans un climat serein.

Après réflexion, la CFDT (seconde organisation syndicale de l’entreprise) a fait le choix de retirer son préavis de grève. Ayant obtenu satisfaction sur la plupart de nos revendications, nous avons agi en cohérence avec nos demandes et avons déclaré être prêts à discuter des modalités de mise en place de ces engagements.

Ces derniers, s’ils ne réglaient pas tout, étaient suffisamment conséquents pour saisir la balle au bond et mettre la direction face à ses responsabilités. Nous avions là une occasion unique de restaurer un dialogue social passablement abimé ces dernières années, en recentrant les réflexions sur les salariés.

Et maintenant ?


Les trois autres organisations syndicales n’ont pas levé leurs préavis de grève. Cette décision leur appartient et la CFDT ne la commentera pas. Pour autant, la mobilisation des salariés sur ce mouvement a touché, selon nos sources, environ 2 salariés sur 10. Mais au-delà des chiffres, le plus dramatique est que nous sommes revenus à la case départ puisque la direction générale a retiré ses engagements. Ainsi, nul ne peut dire ce que vont devenir, dans la période qui s’ouvre, les rapports entre la direction et les syndicats, entre la direction et les salariés ou entre les salariés et leurs représentants. Pour autant, au-delà de cette occasion manquée, la CFDT, consciente que la cohésion sociale est mise à mal, plutôt que de chercher des boucs émissaires et laisser pourrir la situation, va continuer à se battre pour sortir de ce cercle infernal et revenir sur le chemin d’un dialogue social digne de ce nom.

Pas encore de commentaires