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09 / 07 / 2014 | 12 vues
Rachel Delbouys / Membre
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Que les gros salaires lèvent le doigt !

Il était une fois dans l’ouest…

Ces derniers mois, une tempête médiatique s’est accaparé l’affaire opposant BNP Paribas à la justice américaine. Beaucoup d’informations ont circulé, parfois fondées mais souvent basées sur des rumeurs, écornant chaque jour un peu plus l’image, si sensible, de BNP Paribas. Par voie de conséquence, celles-ci ont plongé encore davantage les salariés mal informés dans une inquiétude extrême. Ces mêmes salariés qui, pire encore, passent de plus en plus aux yeux du grand public pour des mauvais gars de la finance !

Mais de quoi parle-t-on ?

Pour mémoire, il est bon de rappeler que la Banque Paribas, leader mondial sur le négoce du pétrole et du gaz, a été rachetée en 2000 par la BNP…

 

Pour quelques dollars de plus...

Extrêmement lucratives, les activités liées au négoce du pétrole et du gaz sont alors devenues, grâce à la hausse des prix des matières premières, de véritables poules aux œufs d’or. Son secret bancaire, sa fiscalité avantageuse et sa neutralité diplomatique font de la Suisse un lieu de prédilection pour développer cette activité. En 2000, le président du conseil d’administration d’alors, montrant tout d’abord des réticences, a fini par entendre le chant des sirènes. Plus personne n’a vraiment l’intention de réguler la machine à sous… Puis, les transactions avec l’Iran, l’Irak et le Soudan ne sont-elles pas conformes à la législation européenne ?

L’affaire Pélican…

Pourtant, bien que ces transactions soient effectuées en dollars américains hors du territoire américain, par une banque française, et en conformité avec les lois de l’Union européenne, les opérations de clearing (compensation) qui leurs sont rattachées ont nécessairement lieu sur le sol américain et sont par voie de conséquence, réalisées sous le droit américain. Or, l’Iran, l’Irak, le Soudan, Cuba etc. sont des pays sous embargo américain. Après ABN AMRO, poursuivie pour des faits similaires en 2005 par la justice américaine, BNP Paribas a été mise en garde par le sous-secrétaire au Trésor américain contre d’éventuelles transactions avec l’Iran. Cette mise en garde, a été confirmée en interne par l’inspection générale de BNP Paribas. Dès 2006, un rapport très critique de plus de 50 pages*, établissant un risque élevé, aurait dû conduire les dirigeants du groupe à faire cesser immédiatement ces transactions.

Le bon, la brute et le truand…

Pour avoir contourné, entre 2002 et 2009, l’embargo imposé par Washington sur les transactions avec l’Iran notamment, BNP Paribas a été condamnée par la justice américaine à une amende de 9 milliards d'euros. Agir vite est désormais le mot d’ordre. Les sanctions tombent et les têtes aussi. L’ex-patron mondial de ces activités de financement, entre temps nommé en 2013 patron de la BCE (Banking Corporate Europe), a été remercié. Son bras droit à Genève, ainsi qu’une quinzaine de collaborateurs ont également été licenciés… Une quarantaine de cadres ont été sanctionnés.

Seuls responsables ? « Tous des bandits, agissant seuls et sans contrôle… Nous, nous ne savions pas ! », semble alors en conclure la direction générale. Tiens donc ! Le spectre de l’affaire Kerviel (Société Générale) pointerait-il son nez ?

Pourtant, par les temps qui courent, les licenciements de salariés pour manquement à la conformité ne sont pas si rares et ceux-ci n’ont pas forcément atteint l’âge de la retraite, pas plus qu’ils ne bénéficient des mêmes traitements de faveur lors de leur départ : prime et retraites chapeau.

Qu’importe le prix, pourvu que l’image soit préservée.

*source L’Express

 
Une amende record a été annoncée par la presse… Des chiffres de tous ordres ont été publiés : 5 milliards de dollars puis 12 milliards de dollars, voire 16 milliards de dollars... À présent, c’est officiel. Par l’intermédiaire de la direction générale, BNP Paribas a plaidé coupable. C’est une pénalité de 8,97 milliards de dollars, soit 6,6 milliards d'euros dont devra s’acquitter BNP Paribas.

Pour FO Banques, c’est profondément choquant car pour de tels manquements, de telles négligences, c’est l’ensemble des salariés qui risque de payer la facture.

6,6 milliards d'euros ? Soit près de 2 fois la masse salariale annuelle de BNP Paribas SA (3,6 milliards d'euros selon le bilan social de 2013) !

Dans l’empire de la finance, où un milliard de dollars semble être une somme anecdotique, que représente l’enveloppe de 60 millions d'euros que FO Banques revendique chaque année, et que nous n’obtenons jamais, lors des négociations salariales pour remercier les salariés si formidables de BNP Paribas ?

Dans son message, du 1er juillet 2014, Jean-Laurent Bonnafé (directeur général) souligne qu’après s’être acquittée de l’amende, le ratio de solvabilité de BNP Paribas devrait rester de l’ordre de 10 % et que nos réserves de liquidités demeurent supérieures à 230 millions d'euros.

Cette information, formulée noir sur blanc pour rassurer la place publique et accessoirement les salariés, vaut son pesant d’or. En effet, rappelons que, durant les dernières négociations salariales qui se sont déroulées en septembre et octobre 2013, la direction déclarait qu’aucune marge de manœuvre n’était possible pour permettre une augmentation de salaire pérenne des 40 000 salariés de BNP Paribas SA.

Dans ses rêves les plus fous, FO Banques imagine une augmentation pérenne de 5 %. Cette largesse de la direction représenterait 160 millions d'euros. Désolés M. Bonnafé de parler en millions euros et non en milliards… Nous n’avons pas les mêmes valeurs !

Responsable mais pas coupable… Certes, M. Bonnafé ! Pour avoir risqué de compromettre l’avenir de l’entreprise, ne vous paraît-il pas opportun dans un engagement responsable et vertueux, de demander à la direction générale de restituer les fortunes qu’elle a perçues en termes de bonus, de primes exceptionnelles et de stock options entre 2002 et 2009 ?

Erreur de la banque en votre défaveur…

· Quelles répercussions cette affaire aura-t-elle sur le pouvoir d’achat des salariés ?

· Les actionnaires seront-ils soumis au même régime amaigrissant ?

Chaque salarié aura pu constater en début d’année, que le provisionnement de 0,8 millions d'euros sur les comptes 2013, destiné à payer cette amende, a eu une conséquence significative sur le global intéressement/participation. Qu’en sera-t-il en 2014, avec un trou de 6,6 milliards d'euros ?

Autre question : BNP Paribas pourra-t-elle déduire cette pénalité de son bénéfice fiscal en France et ainsi priver le budget de notre pays de recettes conséquentes ? Si oui, ce serait également en faire payer une partie aux contribuables et par voie de conséquence, une double peine pour les salariés que nous sommes. En prenant l’hypothèse d’un taux de l’impôt courant de 33,1/3 %, faites le calcul !

Quant aux actionnaires, qu’ils soient rassurés, le dividende 2014 sera maintenu à 1,50 euro par action.

Moi y’en a vouloir des sous…

Les représentants et les élus FO banques ont bien noté l’engagement du directeur général.

  • Pas de conséquences sur l’emploi ni sur la politique de rémunération de l’entreprise.
  • Mise en place de dispositions pour récompenser le fruit des efforts des salariés au titre de 2014.


Comme chaque année, FO banques portera une nouvelle fois ses revendications auprès de la direction pour défendre notamment de véritables mesures pérennes pour des salariés formidables.

Peut-être, y aura-t-il comme d’habitude, des organisations syndicales qui se laisseront séduire par les propositions minimalistes de la direction lors des futures négociations salariales ?

Il serait regrettable pour BNP Paribas, d’avoir d’un côté des salariés formidables et d’un autre, une direction fort minable !

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