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10 / 07 / 2013
Martin Richer / Membre
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Agir pour la qualité du travail

Juillet 2013 : les choses sont en train de changer du côté des conditions de travail. La principale organisation syndicale se mobilise au sujet du stress au travail et demande une réglementation pour améliorer la prévention, notamment quant à l'organisation du temps de travail, la fixation d'objectifs réalisables et une meilleure formation des dirigeants à ces problématiques.

Le secrétaire général de cette organisation syndicale prévient : si rien n’est fait, il faudra repousser l’âge de départ à la retraite, alors que seuls 42 % des travailleurs pensent être en mesure de continuer à travailler dans leurs conditions actuelles de travail jusqu'à l'âge de la retraite. En avril, cette organisation avait déjà publié les résultats d’une enquête réalisée par l’un des principaux instituts de sondage : près de 50 % des salariés « estiment travailler sous forte pression ». Ce diagnostic alarmant est confirmé par les caisses d'assurance-maladie, qui indiquent que le nombre d'arrêts de travail pour surmenage a augmenté de 80 % ces dix dernières années. Un membre de la commission exécutive confédérale de ce syndicat invite le Ministre du Travail à passer à l’action.

Justement, le ministre a « déclaré la guerre aux souffrances psychiques liées au travail ». Le sujet est une priorité dans les préoccupations. À tel point que, selon le sondage cité ci-dessus et réalisé en mars 2013 auprès d’un millier de personnes, 88 % des salariés sont dans l’attente d’une action de leur employeur sur ce sujet et 69 % estiment qu’il est également du devoir des politiques d'agir. Le syndicat a estimé à 27 milliards d'euros par an le coût sanitaire des risques psychosociaux. De son côté, le Ministre du Travail chiffre entre 8 et 10 milliards d'euros annuels le manque à gagner pour les entreprises.

Le Ministre du Travail en question est une femme, Ursula Von Der Leyen. Les deux dirigeants syndicaux mentionnés sont Michael Sommer et Hans-Jürgen Urban, respectivement président du DGB et membre du directoire d’IG Metall, fort de ses 2,3 millions d’adhérents. Nous sommes en Allemagne. Le sondage évoqué a été réalisé par l'institut Forsa. C’est en 2011 que le terme anglais de « burn out », qui désigne le syndrome d'épuisement lié au travail, a décroché la sixième place du classement du « mot de l'année » établi par la société de la langue allemande, ce qui dénote la fréquence extrême de son usage dans les médias. Le rapport « Stressreport Deutschland 2012 » indique que les problèmes psychologiques déclenchés par le stress ont causé des arrêts de travail se montant à 59,2 millions de jours de travail en 2011.

  • Cela montre que la France n’est pas seule à se trouver confrontée à la mauvaise qualité des conditions de travail (même si la situation de la France est plus détériorée qu’ailleurs). Mais cela montre aussi que ce qui manque en France, c’est la mobilisation.

La position défavorable de la France et de ses entreprises n’est pas une fatalité : d’autres pays, proches de nous sur le plan culturel et économique, réussissent mieux la transition. C’est pourquoi l’enjeu de l’amélioration des conditions de travail justifie une attention soutenue de la part des pouvoirs publics, des dirigeants d’entreprise et des organisations syndicales.

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur la situation du travail dans la France d’aujourd’hui. Contentons-nous de citer ici quelques chiffres issus de la huitième édition du baromètre Edenred-Ipsos sur le bien-être et la motivation des salariés européens, publié en juin 2013. Il porte sur la population salariée de six pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni (7 200 salariés ont répondu dont 3 000 Français). La France est la « lanterne rouge » de la satisfaction au travail : seuls 23 % des salariés français attribuent une note de 8 à 10 à leur qualité de vie au travail, contre 42 % des salariés allemands, 40 % des britanniques, 39 % des belges, 31 % des espagnols et 29 % des italiens). Conséquence logique : 38 % affirment que leur motivation diminue (soit un taux record parmi les six pays du baromètre). Cela montre que l’enjeu de l’amélioration de la qualité du travail est un enjeu partagé : il va dans l’intérêt des salariés, des entreprises et des pouvoirs publics.

Cette urgence du passage à l’action concerne aussi les entreprises : 55 % des salariés français jugent insuffisante l’action de leur employeur dans le domaine du bien-être au travail, une insatisfaction là encore à un niveau record, beaucoup plus élevée que celle exprimée par les salariés des autres pays, qui se situent tous entre 28 % et 34 % (31 % en Allemagne, 28 % en Belgique, 28 % au Royaume-Uni, 31 % en Espagne et 34 % en Italie).

Décidément, notre pays ne peut faire l’économie d’une profonde remise en cause de ses politiques du travail. La fondation Terra Nova a lancé un vaste chantier sur cette question. En association avec Miroir Social, elle vous propose aujourd’hui de vous impliquer dans la démarche en donnant votre avis sur les 23 propositions concrètes qu’elle met en avant.

Terra Nova et Miroir Social vous remercient de votre participation.

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