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23 / 10 / 2012 | 68 vues
Franck Mikula / Membre
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Air France : réorganisation ? Scission ? Externalisation ?

Lundi 15 octobre, un projet de nouvelle organisation du groupe Air France a été présenté aux élus du CCE (comité central d'entreprise) d'Air France.

Projet de découpage

Dans cette nouvelle future organisation applicable au 1er janvier 2013, le groupe Air France sera divisé en 8 parties, 5 pour Air France et 3 pour les filiales. L'activité principale de la compagnie Air France, le transport de passagers (80 % du chiffre d'affaires de la compagnie), sera divisée en 3 « entités organisationnelles » : long courrier, moyen courrier CDG, Orly/Province.
Le cargo et l'industriel seront chacun dans une entité séparée.

Le PNC (personnel naviguant commercial) sera réparti dans les trois unités d'affaires LC, MC, ORY. D'autres métiers seront, eux aussi, éclatés comme le PNC, il s'agit du commercial, du marketing & revenu management et des pilotes.

  • Chacune de ces entités aura son propre directeur général.

Dans chacune de ces entités, il y aura donc des membres du PNC, des pilotes et du personnel sol.

Perspectives inquiétantes

Pour l'UNAC, la perspective de voir le PNC divisé en 3 parties dans 3 entités distinctes est plutôt inquiétante. Même si la direction précise que le périmètre de notre établissement (opérations exploitation) n'est pas modifié, cela ne vaut que pour les deux prochaines années (2013 et 2014).

En 2015, pour les prochaines élections professionnelles (CE-DP), le périmètre de notre établissement pourrait être sérieusement modifié.

Le découpage actuel de la compagnie est tel que tous les membres du PN (T&C) sont regroupés dans le même ensemble, l'établissement « exploitation aérienne » et à cet établissement est attaché un comité d'établissement, le CE-OA.

C'est ce périmètre qui sert à la mesure de la représentativité des syndicats représentant le PNC.

Si la réorganisation et le nouveau découpage conduisaient à modifier le « périmètre » de notre CE, non seulement le CE-OA disparaîtrait, mais la représentation spécifique du PNC dans les instances (CE et DP) pourrait également disparaître.

  • Ce serait pour la direction une manière redoutablement efficace de faire disparaître les syndicats PNC.

Au-delà de ces considérations, nous ne pouvons nous empêcher de craindre d'autres scénarii (certains diront que ce sont des scénarii paranoïaques).

Externalisation ?

Cette séparation des différentes activités de la compagnie ne serait-elle pas la préparation d'une future scission d'activités considérées comme externalisables, car pas suffisamment rentables ?

Dans un groupe, lorsqu’une activité est déficitaire quand elle est effectuée par la maison mère, la tentation est grande de l’externaliser soit dans une filiale, soit chez un « partenaire ».

N’est-ce pas ce qui est en train de se produire chez toutes les grandes sociétés, les « majors » ?

  • L’ensemble IAG regroupant British Airways et Iberia a externalisé une partie de son activité court et moyen courriers vers une compagnie « low cost » espagnole créée dans ce but.
  • Lufthansa est justement en train d’externaliser son activité court et moyen courriers de point à point dans sa filliale Germanwings. Germanwings, qui a aujourd’hui dix A319, va récupérer les A320 de Lufthansa.


Certes, on pourrait se dire que si c’est une façon de faire croître le chiffre d’affaires, de faire croître la compagnie et de gagner des parts de marché sur les concurrents, c’est tant mieux.

Mais, et c’est un gros mais, dans ce genre d’opérations, l’activité est déplacée mais pas les salariés. Ou alors, lorsque les salariés veulent suivre l’activité, c’est à d’autres conditions sociales.

  • Chez LH par exemple, le PNC de Lufthansa se voit offrir soit un transfert avec un contrat « low cost », soit un changement de base, soit un licenciement.


Nous attendons de la direction d’Air France qu’elle explique aux salariés et à leurs représentants la stratégie poursuivie avec cette réorganisation.


Le discours public pour l’instant est de la pure langue de bois : l’objectif serait de réduire la dette de 2 milliards d’euros, la réorganisation aurait pour objectif de mettre le passager au cœur de la compagnie etc. Qui croit encore ces mots entendus mille fois dans toutes les entreprises qui se restructurent ?

Pendant des années à Air France, le management a délibérément caché la situation économique réelle de la compagnie à ses salariés. Ce n’est qu’en septembre 2011 que l’ancien directeur général a publiquement avoué qu’Air France était en déficit depuis 4 ans !

Aujourd’hui, avec un nouveau découpage de l’organigramme, on économiserait 2 milliards ? Alors, Messieurs, continuez de redécouper en plus petit morceaux et on arrivera facilement à récupérer les 6 milliards et demis que nous devons aux banques.

Que l’on nous dise la vérité sur les perspectives de notre compagnie et donc sur l’avenir de nos emplois !

L’expert comptable indépendant désigné par le CCE  indique : « Le groupe Air France–KLM affiche une perte nette de 1 263 000 000 € à l’issue du premier semestre, dont 920 000 000 € de pertes pour le seul groupe Air France. (...) Le résultat d’exploitation du groupe Air France, donc le solde entre la vente des billets aux pax et les dépenses ressort à – 482 000 000 €. (...)  Il n’est pas certain que le groupe réduise sa perte d’exploitation en 2012, même avec un prolongement des tendances positives du second trimestre ».

Faudra-t-il attendre la prochaine expertise de l’expert comptable pour savoir où nous allons ? Nous voulons des garanties sur la préservation de nos emplois, nous voulons un véritable accord collectif PNC à l’échéance de l’accord collectif PNC 2008/2013.

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