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11 / 06 / 2012 | 3 vues
Floréal Pinos / Membre
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Autoroutes du Sud de la France : la dégradation des indicateurs sociaux continue

Depuis la privatisation du secteur autoroutier, et notamment le rachat par Vinci de la société Autoroutes du Sud de la France (ASF), la situation est toujours plus alarmante. Où en sommes-nous en fin d’année 2011 ?

Les ef­fec­tifs en berne

La CFDT cons­ta­te une la continuité de la baisse des ef­fec­tifs CDI, qui s’ins­crit dans un contexte de baisse con­ti­nue de 5 % en moyenne et par an, de­puis Vin­ci.

À cela s’ajoute une qua­si-dis­pa­ri­tion des em­bau­ches en CDI et une di­mi­nu­tion dras­ti­que du re­cours aux CDD, en par­ti­cu­lier des sai­son­niers, sous le fallacieux pré­texte d’une lutte contre la pré­ca­ri­té. S’agis­sant es­sen­tiel­le­ment d’étu­diants dé­si­reux de pro­fi­ter de ce type de « pe­tits bou­lots » pour ga­gner un peu d’au­to­no­mie fi­nan­cière et ac­qué­rir quel­ques expérien­ces pro­fes­sion­nel­les, ASF fait preuve d’une évi­dente hy­po­cri­sie...

En­fin, la di­rec­tion ne s’en ca­che plus : au­cun re­cru­te­ment ex­té­rieur pour le cas où un poste se­rait à pour­voir. Seu­les les res­sour­ces in­ter­nes sont sol­li­ci­tées, quitte à en al­lon­ger considé­ra­ble­ment les dé­lais.

Comme d’au­tres en­tre­pri­ses fran­çai­ses, ASF ne peut se sous­traire à sa res­pon­sa­bi­li­té sociale en ma­tière d’em­ploi. Ain­si, mal­gré une bonne san­té éco­no­mi­que, elle aura fait dispa­raî­tre en quel­ques an­nées pas moins de 1 500 em­plois nets, dans un con­texte de chômage en hausse si­gni­fi­ca­tive et con­ti­nue, avec à ce jour près de 4,5 mil­lions de de­mandeurs d’em­ploi en France.

Les con­di­tions de tra­vail for­te­ment dé­gra­dées

Tous ces fac­teurs bous­cu­lent in­dé­nia­ble­ment les or­ga­ni­sa­tions de tra­vail et am­pli­fient la mise en ten­sion de tout le per­son­nel. Cette baisse des ef­fec­tifs est un dogme qui affecte l’am­pli­tude des jour­nées de tra­vail, les plan­nings, les tours de ser­vice, les as­trein­tes, les con­gés, les week-ends… Au­tant d’in­ci­den­ces qui con­tri­buent à rom­pre l’équi­li­bre indispensa­ble en­tre vie pro­fes­sion­nelle et vie per­son­nelle.

L’ob­ses­sion bud­gé­taire

L’en­tre­prise fixe des ob­jec­tifs tou­jours plus am­bi­tieux avec des res­sour­ces cha­que fois plus fai­bles pour les at­tein­dre. La di­rec­tion d’ASF n’a ja­mais été au­tant cen­tra­li­sée et a délibéré­ment choi­si de faire por­ter sa po­li­ti­que par son en­ca­dre­ment qui n’a d’au­tre alterna­tive que de sa­tis­faire à la sainte lo­gi­que bud­gé­taire et pro­duire les ré­sul­tats escomp­tés, faute de quoi, les chai­ses mu­si­ca­les au­ront rai­son de son ave­nir dans l’en­tre­prise.

Des « va­leurs » de fa­çade, une com­mu­ni­ca­tion « en trompe l’œil »

Com­ment peut-on sé­rieu­se­ment, avec une telle po­li­ti­que, cor­ri­ger le dés­équi­li­bre de la pyra­mide des âges, ré­pon­dre à l’éga­li­té hom­mes-fem­mes, agir con­crè­te­ment en fa­veur de la di­ver­si­té, lut­ter con­tre les dis­cri­mi­na­tions et faire une pré­ven­tion ef­fi­cace con­tre les risques psy­cho­so­ciaux ? L’em­bau­che de jeu­nes, évo­qué dans l’ac­cord di­ver­si­té, n’est donc là que pour l’af­fi­chage. Au­tant de va­leurs af­fi­chées par l’en­tre­prise mais qui ne de­meu­rent en réa­li­té que su­per­fi­ciel­les.

Mal­gré nos mi­ses en garde ré­pé­tées, la di­rec­tion pour­suit sans re­lâ­che une po­li­ti­que austère, gui­dée es­sen­tiel­le­ment par des cri­tè­res de ren­ta­bi­li­té et des in­di­ca­teurs de performan­ces. Pour le reste, elle dé­ploie des ef­forts con­si­dé­ra­bles pour soi­gner son image et ha­biller la vi­trine par une com­mu­ni­ca­tion va­lo­ri­sante : le dé­ve­lop­pe­ment du­ra­ble, les éta­pes es­ti­va­les, les opé­ra­tions clien­tèle, la fon­da­tion Vin­ci, les la­bels en tout genre, les col­la­bo­ra­teurs par ci, les équi­piers par là…

Mais la réa­li­té du ter­rain est toute au­tre : la ma­jo­ri­té des sa­la­riés sont à ce jour en décalage avec cette com­mu­ni­ca­tion « sur­jouée » ; au fond, ils res­tent for­te­ment at­ta­chés à cette en­tre­prise, mais dans l’es­prit comme dans la forme, ils s’en éloi­gnent progressivement. De vraies in­quié­tu­des pour les uns, un pro­fond scep­ti­cisme pour les autres et pour tous, une dé­fiance à l’égard des di­ri­geants d’ASF.

Le dia­lo­gue so­cial dé­gra­dé

L’échec de la né­go­cia­tion sur les sa­lai­res 2012, les en­ve­lop­pes at­tri­buées par la di­rec­tion oc­ca­sion­nant une baisse du pou­voir d’achat des sa­la­riés mal­gré des ré­sul­tats fi­nan­ciers excel­lents il­lus­trent da­van­tage en­core cette frac­ture.

Ré­cem­ment en­core, dans un con­flit avec les or­ga­ni­sa­tions syn­di­ca­les, la di­rec­tion af­fir­mait agir dans l’in­té­rêt des sa­la­riés. Ce com­por­te­ment est ré­vé­la­teur d’une ap­pro­che po­pu­liste, re­niant ou­ver­te­ment la lé­gi­ti­mi­té des re­pré­sen­tants du per­son­nel. ASF au­rait-elle, comme d’au­tres, un pro­blème avec les corps in­ter­mé­diai­res ?

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