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09 / 05 / 2012 | 5 vues
Jean-Marc Quattrochi / Membre
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Négociations Transform 2015 : début de roulage chez Air France

Si les réunions avec la direction se succèdent à un train soutenu, il est encore présomptueux de les qualifier de réunions de négociations.

Progressivement, au cours des semaines qui viennent de s’écouler, la direction d’Air France nous a présenté un catalogue de mesures envisagées par ses services pour réduire les coûts PNC (Personnel Naviguant Commercial). C’est un inventaire dans lequel elle dit souhaiter piocher un certain nombre de mesures d’économies qu’elle a pris le soin de valoriser une à une. Cette liste forme un ensemble totalement indigeste, inacceptable, que même les esprits les plus malades de la Direction n’envisagent pas d’appliquer in extenso. Nous ne savons pas si cet inventaire est exhaustif, nous ne doutons pas qu’il y a encore quelques directeurs qui n’ont toujours pas écrit leur cahier de revendications et que quelques idées, forcément très originales, sortiront du chapeau de la Direction dans les semaines ou les mois à venir.

Cet inventaire n’est pas le texte du projet d’accord de l’Entreprise, mais déjà on peut se faire une idée de l’endroit où ils souhaitent aller dans la future négociation qui débutera prochainement. On constate qu’à peu près tous les curseurs sont touchés dans ce catalogue : les salaires, les compositions d’équipage donc les effectifs, les conditions d’emploi, le temps de travail, les congés et les contrats de travail.

 

Les mesures envisagées devront servir un réel projet industriel permettant de préserver l’emploi.

Nous écarterons toutes mesures non pertinentes qui n’auraient d’autre valeur que d’affichage.

 

Inventaire du catalogue des mesures d’économies possibles

telles qu’elles nous ont été présentées :

Rémunération

 

Blocage des salaires en 2012 et 2013.

Réduction de 0,6% du GVT* de façon définitive.

Réduction de 0,6% du GVT*sur 2013 et 2014.

Modification CMT**.

 

Congés

 

Suppression de 3 jours de CA.

 

Règles d’utilisation LC

 

Diminuer les réserves.

Revoir l’utilisation des journées joker au jour J.

Confirmation des vols.

Revoir la procédure de retard au pointage.

En cas de gros aléa d’exploitation : revoir stabilité, règles de dispersion, délai d’attente, embargo journées joker.

Réduction Temps d’Arrêt en escale.

Réduction du RPC sur certains vols longs.

Suppression du NET.

Réduction N70 à N60.

Trimestrialisation des jours OFF (39/trim).

Réduction RADD compo peq.

Réduction RADD exploitation.

 

Composition équipage LC

 

Avions COI : passer la cabine 36 S en 32W, changer le ratio 1 pnc/30 pax en 1 pnc/32 pax ==> -1 PNC

Avions LC : changer le ratio 1 pnc/39 pax en 1 pnc/43 pax

==> -1 PNC sur 330, 340, 747 et 773 42 J

==> -2 PNC sur 380

Le PNC retiré pourrait être un CC

 

Compensation saisonnalité LC

 

CDD plus longs l’été

Annualisation du temps de travail

Nouveaux contrats de Temps Alterné

TMR

 

Règles d’utilisation MC

 

En cas de gros aléa d’exploitation : réengagement plus rapide, revoir stabilité, revoir règles de dispersion, revoir embargo journées joker

Communalité rotations PNT/PNC

Application des définitions de l’EU-OPS

Suppression des limitations de levers-tôt

Passer rendement rotation pnc de 4,11 à 4,97

RPC 13h iso 16 h (sauf exception)

Rotations Avion MC

À ORY : augmenter rendement rotation avion (de 7h40 à 9h30) avec plus de vols en milieu de journée, grâce à transfert d’activité depuis CDG (équivalent de 6 à 8 avions).

A CDG : pour compenser la perte de l’activité transférée à ORY, augmenter le rendement rotation avion à 10h15 en diminuant le béton en bout de ligne, soit 6 ou 8 étapes par jour

==> économie de 9 coques.

La Direction a chiffré l’économie que représenterait chacune de ces mesures. L’économie attendue par la Direction avec le plan TRANSFORM15 est de 226 millions pour les PNC. L’application intégrale du catalogue dépasserait de beaucoup l’économie attendue, il va donc y avoir des discussions avec les trois syndicats PNC pour convenir de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas, ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Pour l’UNAC, l’objectif n’est pas à tout prix d’atteindre les 226 millions attendus par la Direction.

 

* GVT: le Glissement Vieillesse Technicité est la répercussion sur la masse salariale (même sans augmentation générale des salaires) des changements de classes ou d’échelons et des promotions (grades).

** CMT: Coefficient Majorateur de Tronçon qui donne une valeur différente aux heures de vol sur MC.

 

Nous avons plusieurs objectifs prioritaires :

 

La préservation de l’emploi doit être notre première préoccupation.

Les mesures dont nous conviendrons devront permettre un travail soutenable.

Ces nouvelles mesures, moins disantes par rapport à l’accord collectif PNC, devront faire partie d’un nouvel accord collectif à durée déterminée. Ce nouvel accord devra comporter des engagements de la Direction concernant la croissance de l’offre commerciale.

La durée de l’accord devra être courte pour permettre de le renégocier rapidement à la hausse si les objectifs de croissance et de rentabilité sont atteints. Ces objectifs devront être définis avec précision.

Certaines mesures à vocation conjoncturelle devront être associées à des clauses de «retour à bonne fortune».

D’autre part cet accord ne peut pas être un simple renoncement. Tout en prenant en compte la réalité économique de l’Entreprise, cet accord devra apporter des réponses à certaines attentes du PNC. Il ne saurait y avoir d’acceptation sociale sans qu’un nouvel équilibre ne se dégage.

Comme nous l’avons fait pour les bases province, nous voulons pouvoir obtenir de la qualité quand la Direction réclame plus de quantité, et réciproquement. Nous voulons de la sécurité quand la Direction réclame de la flexibilité. Mais pour que cette négociation soit possible, nous avons besoin de l’aide d’un cabinet d’expertise. Nous avons fait inscrire dans l’accord de cadrage de la négociation la présence d’experts externes. Ce sont eux qui nous permettront de valider ou pas les chiffrages d’économies réalisées. Par ailleurs, nous contestons le «benchmark» présenté par la Direction qui consiste à effectuer une comparaison de coûts et de productivité avec 4 autres compagnies qui ne nous semblent pas comparables à la nôtre. La seule comparaison qui nous semblerait acceptable c’est celle qui pourrait être faite avec KLM qui fait partie du Groupe et dont les chiffres peuvent être contrôlés par les syndicats.

 

Nous ferons ces négociations de bonne foi, il en va de notre avenir à tous, mais déjà nous pouvons dire que certaines des mesures envisagées par la Direction resteront inacceptables et que d’autres devront sérieusement être aménagées pour pouvoir faire

partie d’un accord collectif.
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