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04 / 08 / 2011 | 17 vues
Christian Goupillot / Membre
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Les conditions de travail et leurs effets sur la santé des salariés des organismes sociaux

Comme nous l’avons annoncé en son temps, l’Union des caisses nationales de Sécurité sociale, s’inscrivant en cela dans le courant actuel qui mobilise l’État, les employeurs, comme les organisations syndicales, a pris l’initiative d’une démarche de diagnostic national dans les organismes de Sécurité sociale sur ce qu’il est convenu d’appeler les risques psychosociaux.

L’enquête confiée à un cabinet spécialisé s’appuie sur un échantillon de 29 organismes choisis de la manière suivante : 8 caisses d’allocations familiales et 1 centre informatique de la branche famille, 8 caisses d’assurance maladie, 2 directions du service médial, 1 centre de traitement informatique, 6 URSSAF et 1 centre régional de traitement informatique ainsi que 2 caisses d’assurance retraite et de la santé au travail. Les établissements des Unions pour la gestion des établissements des caisses d’assurance maladie (UGECAM) devraient faire l’objet d’une enquête spécifique. Rappelons que c’est sur demande expresse du Syndicat national Force Ouvrière des cadres des organismes sociaux (SNFOCOS) que des centres informatiques ont été intégrés dans cet échantillon. Ils en avaient été préalablement exclus pour d’obscures raisons.

Taylorisation et infantilisation

Les premiers éléments communiqués ne font que confirmer l’existence d’une situation de risques en la matière. On soulignera quelques points de diagnostic malheureusement bien classiques : l’importance de la « taylorisation », qui a pour corolaire une dévaluation et une infantilisation de l’encadrement, l’invasion du reporting et des procédures et leurs conséquences en termes de rigidité, d’autonomie réduite, le manque de visibilité et de cohérence, qui induit la perte des repères. Tout ceci touche directement l’ensemble de l’encadrement, y compris l’encadrement supérieur. À titre d’exemple, on n’aura garde d’oublier le gâchis que constitue la « reconversion » des chirurgiens dentistes qui ne peuvent plus exercer leurs compétences. On craint que d’autres métiers ne connaissent le même sort.

On n’aura garde d’oublier le manque de reconnaissance avec un entretien annuel d’évaluation sans lien visible avec la rémunération. On est tenté de se demander ce qu'il faut faire au juste pour obtenir une promotion...

À ce stade de la démarche, il est possible de faire quelques observations. Ces premières conclusions ne font que confirmer qu’il existe une situation alarmante dans les organismes sociaux, ce que le SNFOCOS affirme depuis plusieurs années déjà à travers ses propres revendications. On pourrait se réjouir que l’employeur donne un signal fort à ce sujet.

L'employeur se dédouane

Toutefois, un examen attentif de la démarche nous rend prudents car, une fois le constat effectué, les causes doivent être ciblées et les solutions apportées. Les réunions de suivi auxquelles les organisations syndicales ont été conviées laissent l’impression désagréable que tout est bouclé et que l’employeur se dédouane à peu de frais de ses obligations en matière de prévention des risques psychosociaux.

  • Ce n’est pas la remarque de l’un des consultants, lors de la séance du 9 février dernier, qui va nous rassurer. Il confirme en substance que l’échantillon des organismes est trop réduit pour en tirer des informations pertinentes pour l’institution ! Est-ce la raison pour laquelle les premières conclusions sont globalement d’une banalité affligeante et semblent sortir tout droit des communications générales sur le sujet ?

À titre d’exemple, voici ce que l’on peut lire sur le site de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail : pour l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail de Bilbao, « le stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes imposées par son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». L’expression, plus large, de « risques psychosociaux » renvoie à des contextes de travail et de risques plus variés : surcharge de travail, contraintes excessives de temps mais aussi perte de repères, difficulté à trouver du sens au travail, conflit de valeurs. Elle rappelle surtout que la santé psychique n’est pas seulement une dynamique individuelle, mais qu’elle se construit dans la relation aux autres : par la reconnaissance, la possibilité d’échanges et de coopération dans le travail, avec le soutien des collègues et de la hiérarchie.

« Mais nous ne sommes pas là pour remettre en cause les conventions d’objectif et de gestion ! »

On notera tout particulièrement le facteur premier de risque que constituent la surcharge de travail et les contraintes excessives de temps, ce qu’explique parfaitement Jean-Claude Delgenes, directeur général du cabinet Technologia, qui prend pour exemple l’affaire France-Telecom : « le top management considère que ce qui a été décidé en amont (par le management), ce qui a été instruit devait déjà être réalisé par le management en aval et les salariés, alors que l’on n'a pas donné les moyens, que l’on n'a pas donné le calendrier, que l’on n'a pas discuté… En fin de compte, il y a une diffraction entre ce qui est prévu et ce qui doit se faire, du fait que le travail n’est plus en débat, et du fait que les dirigeants aujourd’hui ne visent pas le moyen ou le long terme, mais visent tout simplement une rentabilité à court terme. Cette pression court-termiste est destructrice de valeurs à long terme. C’est le premier phénomène de basculement » (Les cahiers de l’AFERP, n° 14, Aferp, Paris 2010, La Sorbonne, pp. 18-19).

  • En d’autres termes, la réduction des moyens alloués induit directement la dégradation des conditions de travail. Lors de la première réunion de discussion sur les grandes orientations de l’enquête, nous avions soulevé cette question essentielle, ce qui a entrainé une réaction viscérale et indignée du représentant de la direction de la Caisse nationale des allocations familiales : « Mais nous ne sommes pas là pour remettre en cause les conventions d’objectif et de gestion ! » On ne peut que louer sa sincérité.


Vu la gravité de la situation, nous aurons l’occasion de revenir ici même sur ce sujet. Dans ce contexte, il est clair que le SNFOCOS ne s’inscrit pas dans une démarche de diagnostic partagé. N’oublions pas que les risques psychosociaux sont avant tout la somme des revendications non satisfaites.

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Vous n'avez qu'à vous en prendre à vous même, vous voulez des enquêtes sur les symptômes, eh ben vous les avez!

Vous avez voulu signer des ANI sur le stress pensant qu'avec cela vous pourriez mettre sous les nez des employeurs leur responsabilité, ils vous ont pris au mot.

Vous vous retrouvez avec des thermomètres de 300 graphes sans que la fièvre soit traitée.

 Avec C Dejours et d'autres nous ne cessons de déplorer que ces questionnaires sur le stress ne servent strictement à rien, les causes sont connues (rapport de la mission gollac).

a partir des causes, il convient de faire un travail de coproduction entre Dir, Managers et Elus, pour partager le diagnostic des causes , passer à l'évaluation socio-éco et co construire les solutions.

mais vous n'avez ps tout vu encore, certains cabinets experts en stressologie proposent maintenant des diagnostics de facteurs de dépression des travailleurs sains, qui dit mieux?

Vous avez été élus pour défendre les conditions, le contenu et les relations de travail, pas les dépistages pathologiques présumés qui font les choux gras de certains experts en futurs salariés stressés.

espérons que votre conclusion soit respectée et que l'on parle du travail avec les vrais responsables à l'écoute des acteurs qui le font.