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19 / 11 / 2010 | 400 vues
Alain Poulet / Membre
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Sécurité sociale : le piège d'un salaire sur 13 mois au lieu de 14

Google a relevé tous ses salaires de 10 % et le quotidien financier Wall Street Journal relate que le PDG du géant internet a envoyé un courriel à l’ensemble de son personnel avec la phrase suivante : « Nous voulons être sûrs que vous ayez le sentiment d'être récompensés pour le gros travail fourni et nous voulons continuer à attirer les meilleurs », (dépêche AFP du 1 novembre 2010 à 18h03).

Voilà bien ce que nous aimerions entendre dans les hautes sphères de notre institution !

Mais pendant que le PDG de Google réfléchissait à cette bonne initiative, à la Sécurité sociale, lors de la réunion paritaire nationale du 29 octobre 2010, l'employeur, soucieux de la baisse de pouvoir d’achat des salariés de l’institution, lançait un ballon d’essai en deux minutes et demie, l’air de rien au cas où l’on n’y verrait que du feu...

  • L’idée serait donc la suivante : passer de 14 à 13 versements de salaires par an, en répartissant mensuellement le montant de la prime de vacances habituellement versée en mai et septembre. 

Le comité exécutif de l’union des caisses nationales de Sécurité sociale (Comex) ne manquera certainement pas d’argumenter sur le fait que :

  • cette mesure serait positive pour la trésorerie des agents, puisqu’ils toucheraient ainsi un treizième de prime chaque mois, dès le mois de janvier.

Pas de changement pour les agents en poste

Cela ne changerait rien pour les agents en place puisque leur rémunération globale annuelle resterait la même.

Compte tenu de l’attitude autiste du Comex depuis des années, il est permis de s’interroger sur les vices cachés d’une aussi soudaine sollicitude ! Il n’y a en effet aucune raison « avouable » pour que le Comex suggère subitement que l’argent serait mieux dans la poche des agents que dans celle des caisses nationales…

  • Cette présentation « attractive » n’est donc qu’un leurre et ce projet un véritable piège qui modifierait le contrat de travail collectif et individuel, puisque notre institution passerait alors d’une rémunération sur 14 mois à une rémunération sur 13 mois.

En effet, même si nos lettres d’embauche ne font pas état de la disposition des 14 mois mais simplement du niveau/coefficient et du périmètre de mobilité, nous avons tous des bulletins de salaire (du moins tant que l’employeur n’a pas encore osé nous demander de travailler pour rien) faisant état de la prime de vacances 14ème mois. Or, les bulletins de salaire ayant valeur de contrat de travail, nous ne sommes pas loin de penser que la proposition de l’UCANSS pourrait être considérée comme une véritable remise en cause du contrat individuel de chaque agent.

Comme à l’accoutumée, le Comex nous propose donc un tour de passe-passe dont il a le secret pour simuler une embellie de rémunération à coût zéro.

Une fois de plus, le Comex trouverait normal de déshabiller Paul pour (r)habiller Jean. Il est permis de dire « rhabiller » car Jean et ses copains sont en short depuis la classification de 2004 augmentée (si l’on peut dire) de l’accord salarial de décembre 2008.

Incidences sur les futurs agents

Chacun sait que ce ne sont pas les augmentations de la valeur du point qui tiennent chaud aux agents de la Sécurité sociale. Une telle mesure aura non seulement une influence sur les agents en place (agents au RSA et alignement sur paye) mais n’oublions pas non plus que la pyramide des âges, telle qu’elle est aujourd'hui, indique qu’un maximum d’agents va quitter l’institution dans les très prochaines années.

  • Ce qui veut dire que ceux qui arriveront, entreraient alors dans une entreprise qui rémunère sur 13 mois et plus sur 14. Sachant pertinemment que les salaires d’embauche n’en tiendront aucun compte, cela signifie concrètement qu’un agent présent actuellement touche 100 x 14 et que les futurs agents ne toucheraient plus que 100 x 13.

Il est donc évident que, pour le Comex, cette « surprenante » proposition d’avance de trésorerie dans un avenir immédiat ne doit rien au hasard. C’est en fait un « investissement » sur l’avenir à moyen terme, qui ne veut pas dire son nom. À court terme, ce serait également un argument de plus pour nous dire que l’institution a amélioré la rémunération mensuelle de chaque agent et qu’une revendication sur l’augmentation de la valeur du point est donc hors de propos. On nous a déjà fait le coup avec les pas de compétence, l’intéressement et les primes « à l’arrachée » qui ne règlent rien.

Dernière minute > L'UCANSS nous informe qu’elle vient de recevoir un mandat du Comex pour ouvrir des négociations sur les salaires. La réunion est programmée pour le 30 novembre 2010. Les représentants du Comex éprouveraient-il de la honte en ayant lu la même dépêche AFP que nous ?

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