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08 / 09 / 2009 | 2 vues
Victor Waknine / Membre
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Inscrit(e) le 01 / 08 / 2009

Vous avez dit « entreprise » ?

L'abus de language en ces périodes de crise fait du mal à l'entreprise.

Qu'y a-t-il de commun entre une entreprise du CAC 40 dont l'actionnariat est surtout contrôlé par les fonds de pensions et les fonds d'investissements (45% du CAC 40), et un groupe éponyme inscrit également au CAC 40 mais bâti depuis des décennies avec ce même type d'actionnariat ?

Poussons plus loin et comparons avec les entreprises publiques cotées dont une partie de l'actionnariat est désormais détenu par les fonds d'investissement, et les PME qui ont fait l'objet d'un LBO mené par un ou des fonds d'investissement, qui leur presse la gestion pour faire remonter les dividendes qui serviront à rembourser l'endettement créé par effet de levier après avoir fait plonger l'ex-management dans l'affaire.

Toutes ces entreprises sont elles comparables ?

Oui, sur le plan de la gestion financière qui favorise le « court-termisme » pour la plupart d'entre elles, ce qui génère les dégâts sociaux de la souffrance au travail qui coûte 56 milliards d'euros au pays, soit autant que le déficit 2008. Car elles ont en commun un actionnariat qui, de près ou de loin, n'obéit qu'à une logique strictement financière.

Doit-on les blâmer ? A priori non car elles profitent du beurre et de l'argent du beurre et tant pis pour nous si nous ne réagissons pas.

Ce hold-up s'opère à la fois sur le plan fiscal et social.

  • Sur le plan fiscal

Citons par exemple les fonds mis par les ex-dirigeants des entreprises ayant opéré un LBO, ils sont considérés comme pouvant être traités comme des plus values de cession en capital, alors qu'ils étaient auparavant salariés avant d'emprunter aux fonds via leurs banques amies ayant permis de créer l'endettement pour la reprise de l'entreprise cible.

Les amis de mes amis sont mes amis, n'est-ce pas ? Nous allons bientôt assister à l'éclatement de cette bulle des LBO qui va malheureusement générer le gros (en volume financier) des 70 000 faillites attendues par le Medef d'ici fin 2009.

  • Sur le plan social

La tout le monde se rejoint, c'est le profit assuré car la souffrance au travail est supportée par la solidarité nationale, les entreprises ne risquant que de voir peu ou prou leur prime d'assurance santé augmenter avec certaines mutuelles qui suivent ce phénomène inquiétant.

Ce n'est pas la bonne transcription dans le DU du CHSCT, ni un sondage de diagnostic opéré par des cabinets spécialisés, voir les pénalités de 3000 euros qui vont faire bouger les choses dans le traitement du stress au travail.

Le combat mené par les élus pour faire reconnaître le stress comme une maladie professionnelle va ressembler à une guerre de 100 ans, car l'erreur est de s'être polarisé sur le mot stress, assimilant celui-ci à une maladie et là, on n'est pas encore sorti de l'auberge.

Le vrai dégât, c'est la souffrance au travail et la dégradation de la valeur ajoutée de nos entreprises et là, c'est un vrai défi managérial que celles-ci doivent relever.

Aucune entreprise n'est épargnée par le déni de la souffrance au travail due à un management arrogant favorisant l'individualisme et la perte du collectif, la non-reconnaissance et ce, pas plus dans l'économie privée que sociale (mutuelle, coopérative, association) que publique, car le bien-être est le même partout, mais le mal-être est toujours particulier et différent.

Donc, ne pas confondre, entreprise et entreprise, ce qui différencie l'une de l'autre c'est la volonté d'associer la performance économique à la performance sociale d'un bien-être au travail en mesurant son niveau et en impliquant l'ensemble des contributeurs sur ces deux objectifs.

 

 

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