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27 / 07 / 2017 | 23 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Les fonctionnaires sont de gros consommateurs de somnifères : quelle prévention ?

Gestionnaire de l’assurance maladie de plus d’un million deux cent mille fonctionnaires, MFP Services avait effectué un premier baromètre de santé en 2011. Il y a quelques mois, elle a réalisé une seconde édition, à partir d'un échantillon de 16 000 assurés, permettant ainsi de mettre en comparaison le ressenti des fonctionnaires sur leur état de santé et leurs attentes six ans plus tard.

Pour Bruno Caron, président général de MFP Services, cette démarche vise à :

  • mieux connaître les attitudes, les comportements et, plus généralement, la « santé ressentie » des assurés gérés par MFP Services dans le cadre du régime obligatoire. « Cela doit permettre à l’ensemble des acteurs agissant dans les domaines qui touchent à la santé des agents de la fonction publique (gestionnaire de l’Assurance-maladie, organismes complémentaires, directions d’administrations, partenaires sociaux et médecine de prévention) de mesurer les attentes et de participer, à la mesure de chacun, à l’élaboration de véritables actions de santé publique » ;
  • classer les déterminants de santé, conditions indispensables à la santé, utiles à nos analyses et actions : depuis les facteurs héréditaires jusqu’aux conditions socio-économiques, culturelles et environnementales globales, en passant par les facteurs liés aux modes de vie individuels et aux conditions de vie et de travail.

Les premiers enseignements tirés de ce nouveau baromètre touchent donc des domaines aussi divers que la santé au travail, l’importance des problématiques de chronicité, l’aide aux aidants ou le besoin d’information etc. Ils montrent que les sujets à traiter sont nombreux, importants et ils soulignent des attentes fortes de nos populations d’actifs et de retraités.

Il en ressort, entre autres que :

  • 84 % des fonctionnaires sont plutôt satisfaits de leur état de santé mais que 33 % se déclarent stressés (et de manière plus importante parmis les actifs de 40 à 49 ans),   27 % épuisés. À noter que dans l'enquête générale menée auprès de la population française par l'IRDES, le taux de satisfaction n'est que de 66 %) ;
  • près de 45 % des fonctionnaires déclarent un problème de santé chronique (se situant ainsi dans la fourchette des autres études réalisée) ;
  • le pourcentage de gens déclarant être aidés dans les activités quotidiennes (ménage, courses, déplacements…) est de 6,7 % en 2016 (il était de 8,7 % en 2011) ;
  • les gens déclarant aider un proche manquant d’autonomie (parent âgé, adulte ou enfant handicapé) pour certaines activités (ménage, courses, repas ou toilettes) sont 12,9 % d’après le baromètre MFP Services réalisé en 2016 (elles étaient 12,4 % en 2011 et sont 10 % dans la population française) ;
  • 39 % des répondants considèrent que leur travail affecte leur santé. Ce chiffre est identique au baromètre de santé de 2011. Ce sont les femmes qui ressentent le plus les effets de leur travail sur leur santé : 40 % estiment que leur travail affecte leur santé, contre 36 % des hommes ;
  • pour les gens déclarant un effet du travail sur leur santé, 94 % citent le stress comme principal effet. Suivent les douleurs musculaires (82 %) puis les troubles du sommeil (74 %).

Sommeil, stress, douleurs à l'estomac, problèmes respiratoires et troubles de la vision

Par rapport au statut des répondants qui déclarent un effet de leur travail sur leur santé, les titulaires de la catégorie A+ sont plus affectés par les troubles du sommeil, le stress et les douleurs à l’estomac. Les titulaires de la catégorie A sont plus touchés par des problèmes respiratoires. Les titulaires de la catégorie B sont plus sensibles aux maux de têtes et aux troubles du sommeil (proportions égales aux titulaires de la catégorie A+). Les titulaires de la catégorie C sont plus affectés par des troubles respiratoires (proportions égales aux titulaires de la catégorie A) et les troubles de la vision. Quant aux contractuels, ils sont plus sujets aux douleurs musculaires et aux troubles auditifs.

Alimentation

Parmi les répondants, 85,2 % jugent leur alimentation équilibrée (dont 10,5 % très équilibrée). Cette proportion augmente avec l’âge passant de 62,2 % chez les 18-29 ans à 94,2 % chez les 70 ans et plus. Dans le baromètre de santé nutrition réalisé par l’INPES en 2008, 76 % estimaient que leur alimentation était équilibrée, les 19-25 ans étant moins nombreux que le reste de la population (65,5 % contre 79,5 %).

Activité physique

77 % des fonctionnaires pratiquent une activité physique régulière modérée ou élevée. Dans le baromètre de santé 2010 de l’IRDES, l’activité élevée concernait 42,7 % des 18-54 ans et 40,2 % des 55- 75 ans ; l’activité de niveau limité concernait 34,6 % des 18-54 ans et 31,7 % des 55-75 ans et l’activité modérée concerne 22,7 % des 18-54 ans et 28,1 % des 55-75 ans.

Tabagisme

Les fonctionnaires seraient moins concernés par le tabagisme que la population française (88 % des répondants n’ont pas fumé au cours des 7 derniers jours. Ce chiffre est en augmentation par rapport au baromètre de santé 2011 (88 % en 2016, contre 84 % en 2011) mais 73 % des fumeurs consomment entre 5 et 20 cigarettes par jour. Par rapport au premier baromètre, nos répondants fument de plus grandes quantités de cigarettes (28 % fumaient moins de 5 cigarettes par jour en 2011, contre seulement 17 % en 2016). Les fonctionnaires sont également moins concernés par le tabagisme quotidien : 22 % (taux standardisé) fument tous les jours, contre 29 % des 15-75 ans, d’après le BEH.

Jeux

Les fonctionnaires sont moins dépendants aux jeux que les Français (83 % des répondants n’ont pas joué à des jeux d’argent au cours de la semaine précédant l’enquête. Ce chiffre est en augmentation par rapport au premier baromètre (83 %, contre 75 %). D’après le baromètre de santé de l’INPES de 2011, 48 % des 15-75 ans jouaient occasionnellement à des jeux et 1 sur 5 joue au moins une fois par semaine.

Par rapport aux résultats MFPS, on observe que les fonctionnaires jouent plus de manière occasionnelle (51 %, taux standardisé) et hebdomadaire (24 %, taux standardisé) que la population française.

La majorité des répondants joue occasionnellement à des jeux d’argent (46 %) et 30 % jouent une fois par semaine.

Alcoolisme

Les fonctionnaires sont autant touchés par l’alcoolisme que les Français. Le pourcentage de dépendants à l’alcool dans la population française est identique à celui des fonctionnaires (9 %).

Somnifères & anxiolytiques

Les fonctionnaires sont de gros consommateurs de somnifères.

En comparaison avec les chiffres du baromètre de santé, les fonctionnaires consomment plus de somnifères (13 %, taux standardisé, contre 7 %).

Cette plus grande consommation de somnifères par notre population nous mène à réfléchir sur la création d’actions de communications soulignant les dangers d’un usage prolongé de ce type de médicaments, notamment chez les personnes âgées (risque de chutes) et les possibilités d’améliorer son sommeil à partir de règles simples d’hygiène de vie (meilleure alimentation, relaxation…).

De plus, 14 % des fonctionnaires déclarent consommer des anxiolytiques.

Tentative de suicide

D’après le baromètre de santé, 4 % des répondants déclarent avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie. Cette proportion est légèrement plus marquée chez les femmes (4,3 % contre 3,4 % chez les hommes). Il n’y a pas de différence significative selon l’âge, les effectifs étant très faibles. À noter : ils étaient 1,9 % d’après le baromètre MFP Services de 2011.

Selon le baromètre de santé 2010, réalisé par l’INPES 0,5 % (des 15-75 ans) déclaraient avoir fait une tentative de suicide au cours des douze derniers mois.

Renoncement à des soins

Un quart des répondants a déjà renoncé à des soins de santé : cela concerne davantage les femmes (26,3 %) que les hommes (22,2 %). Le fait de renoncer à des soins diminue avec l’âge : 45,7 % des 18-29 ans ont déjà dû renoncer à des soins, 30,7 % des 30-59 ans et 16,8 % des 60 ans et plus.

Les gens résidant dans les communes de plus de 200 000 habitants ou l’agglomération parisienne sont également plus nombreuses que les autres à déclarer avoir déjà renoncé à des soins : 31,3 % contre 21,6 %.

Le statut matrimonial semble aussi être un facteur de renoncement aux soins. En effet, les célibataires ou divorcés sont 32,2 % à avoir déjà renoncé à des soins, les gens vivant en couple (mariés, en union libre ou pacsés) 22,7 % et les veufs 17,9 %.

Les fonctionnaires sont demandeurs d’information sur la santé

D’après le baromètre santé en entreprise d’AXA de 2011, 21 % des salariés souhaitaient la mise en place de programmes de prévention axés sur le stress et 26 % des programmes axés sur la prévention des troubles articulaires.

D’après notre baromètre, les fonctionnaires sont plus demandeurs d’informations sur les thèmes du stress, des douleurs articulaires ainsi que le mal de dos (94 % des répondants souhaitent la mise en place d’ateliers de prévention).

Des fonctionnaires plutôt tournés vers l’e-connectivité

Ainsi, 40 % considèrent que l’utilisation d’un tensiomètre connecté ou d’une application d'aide et d'information sur une thématique de santé peut contribuer à améliorer leur état de santé. De plus, 35 % pensent que c’est le cas pour le bracelet connecté et 29 % pour la balance connectée. Les autres objets cités par les répondants sont minoritaires (5 %). Parmi les autres objets cités, on trouve principalement les capteurs de glycémies et les consultations/suivi à distance.

Ces résultats renforcent la détermination du gestionnaire MFPS pour mettre en œuvre de véritables actions de gestion du risque, de prévention et d’innovation (GDRPI).

À partir des enseignements de ces études, MFPS entend engager un plan d’actions pour :

  • apporter une information pratique et utile en matière de santé par l’utilisation d’outils utiles et performants ;
  • prévenir la maladie en adoptant de bonnes habitudes alimentaires et d’activité physique (coaching, par exemple) ;
  • aider les gens souhaitant améliorer leur parcours de santé ;
  • soulager les gens en charge d’un proche en difficulté pour être encore plus efficaces au quotidien ;
  • proposer un accompagnement pour mieux gérer sa maladie au quotidien ;
  • expérimenter pour mieux cibler les attentes des assurés (dans le domaine de la santé au travail, par exemple). 

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