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01 / 10 / 2013 | 5 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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« Travailler en bibliothèque, c’est pas la mine » - Bertrand Delanoë, maire de Paris

La CFDT parisienne en est restée sans voix. Lors d’une audience avec le Maire de Paris, alors que la centrale syndicale réclamait de meilleures conditions de travail pour les bibliothécaires municipaux, elle s’est vu rétorquer que « travailler en bibliothèque, c’est pas la mine » par un Bertrand Delanoë plus en verve que jamais, si l’on en croit le site du syndicat.

La CFDT ne cache pas son courroux car si les bibliothèques « c’est pas la mine », elles sont néanmoins en train de toucher le fond car les conditions de travail ne sont pas dignes de la collectivité la plus riche de France. Pour le syndicat, la Mairie de Paris « fait constamment porter l’effort sur le personnel en essayant de le faire culpabiliser, voire de l'opposer aux usagers ». Outre « le manque de considération des bibliothécaires de la part de leur employeur », en ligne de mire se profile surtout la question des effectifs.

« Aujourd’hui, d’étranges projets semblent vouloir être mis en place » déclare la CFDT qui dénonce « un pseudo audit des effectifs demandé aux chefs d’établissements du réseau, le but étant, in fine, de les persuader, ainsi que leurs équipes, que les effectifs sont  complets, voire trop nombreux ».

« Pendant ce temps, un cadre de l’administration est chargé de dresser de nouveaux tableaux démontrant, par l’exercice des nombres complexes : que le négatif en poste, mal vécu par les équipes sur le terrain, est en fait du positif présent, bien vécu par la mairie. Qui pourra désormais dire qu’il n’y a pas de poésie en mathématiques quand un oulipien est dans la place ? », conclut le syndicat, plus pataphysique que jamais.

Une méthode que la CGT des bibliothèques parisiennes a, elle aussi, décortiquée et la formule mathématique utilisée qu’elle a révélée pourrait défriser plus d’un bibliothécaire car « ne sont désormais pris en compte pour calculer les effectifs nécessaires au bon fonctionnement des bibliothèques que les horaires d’ouverture au public. Pour le profane, la manœuvre pourrait passer mais pour les professionnels, c'est tout simplement intenable », affirme l’organisation syndicale sur son site (lire ici).

Le syndicat tient à préciser auprès de l’administration et des élus « que le fonctionnement d’une bibliothèque ce n’est pas seulement l’ouverture au public (d’ailleurs de plus en plus réduite pour certaines), ce sont aussi les réunions d’acquisition, la veille documentaire, les commissions thématiques, le rangement des collections, la réception des commandes et les livraisons de la réserve centrale… Toutes les choses faites pendant que l’établissement est fermé aux usagers. De leur côté, les sections « jeunesse » reçoivent les classes et les crèches pour une première initiation à la lecture ».

Pour la CGT, « si cette politique néfaste était mise en œuvre, ce serait rien moins que la mort de la lecture publique de proximité, c'est-à-dire la fermeture programmée de nombreuses bibliothèques, surtout les plus petites qui n’auraient plus la masse critique pour fonctionner. Est-ce donc le souhait des usagers ? » demande-t-elle avec un à propos assez « fluctuat ».

  • La Mairie de Paris est toutefois gênée aux entournures car, pour justifier les compressions de personnel, elle déclare poétiquement que la création de ce nouveau mode de calcul s'inscrit « dans un souci de comptabilité synchronisée entre la direction des affaires culturelles et celle des ressources humaines ».

Contacté par le site ActuaLitté, le cabinet de Bruno Julliard, adjoint au Maire de Paris en charge de la culture précise de son côté que ce travail de comptabilisation a été lancé « pour mettre à plat les effectifs dans chaque bibliothèque ». Les calculettes vont chauffer car « des ajustements seront possibles entre les établissements ». Mieux, du côté de l’exécutif municipal, il y aurait même des « établissements en sureffectif » (lire ici). Oui, ils l'ont dit ! Mais comme déclarait Alphonse Allais « passé les bornes, y a plus de limite ».

Les syndicats ont donc des craintes pour l’avenir des bibliothèques parisiennes car, si la municipalité arrivait à ses fins, cela ressemblerait à une sorte de plan de restructuration comme en ont connu les Houillères dans les années 1980. Dans ce cas, Bertrand Delanoë, plus « mergitur » que jamais, aurait vu juste : les bibliothèques, c’est même plus la mine !

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