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11 / 12 / 2025 | 8 vues
Ariane Dupré / Membre
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Discriminations au travail : une décennie loin de les avoir éradiquées

Les discriminations au travail restent toujours aussi préoccupantes, alerte le Défenseur des droits dans son « 18e baromètre des discriminations dans l’emploi », paru le 10 décembre.

 

L’enquête, qui dresse une comparaison entre 2016 et 2024, montre que neuf actifs sur dix estiment qu’il existe toujours des discriminations dans l’emploi.

 

En 2024, 35% des personnes sondées déclarent avoir été discriminées au cours des cinq dernières années sur des critères pourtant prohibés par la loi, comme l’âge, le sexe, l’origine ou la religion.

 

Cette proportion ne faiblit guère puisqu’elle était de 39% en 2016. Le baromètre montre toutefois des améliorations : en 2024, 14% des personnes disent avoir été discriminées dans le cadre de leur recherche d’emploi, contre 18% en 2016. Sur ce point, l’âge reste le premier motif cité (42%), en particulier chez les seniors, suivi de l’origine et de la couleur de la peau (21%).

 

Les discriminations liées à la carrière sont aussi à la baisse (21% en 2024, contre 29% en 2016). Elles touchent en majorité les femmes : plus de la moitié (56%) se disent discriminées dans le cadre de leur évolution professionnelle.

 

À noter aussi que les discriminations syndicales perdurent : une personne sur dix affirme être entravée dans sa carrière en raison de son activité syndicale.

 

Les jeunes et les femmes surexposés

 

Le Défenseur des droits attire l’attention sur la surexposition de certaines catégories de personnes aux risques de discrimination, en particulier les femmes et les jeunes. En matière de carrière, le fait d’être une femme multiplie par deux le risque de subir une discrimination par rapport aux hommes. Ce risque était de 1,6 en 2016, pointe l’instance, qui souligne « que les stéréotypes autour de la maternité […] pèsent lourdement sur la carrière des femmes ».

 

La situation des jeunes n’est guère plus enviable : « Dans la recherche d’emploi comme dans le déroulement de carrière, les 18-24 ans ont deux fois plus de risque de rapporter l’expérience d’une discrimination que les 45-54 ans. » La bonne nouvelle est que les personnes visées réagissent beaucoup plus qu’auparavant : par rapport à 2016, elles sont trois fois plus nombreuses à entreprendre des démarches pour faire reconnaître leur discrimination, surtout si elle est liée à leur carrière (46%), nettement moins lors d’une recherche d’emploi (15%).

 

Si les salariés discriminés dans leur évolution professionnelle n’hésitent pas à en parler aux syndicats ou à la médecine du travail, seule une poignée d’entre eux (12%) entreprennent une action juridique. Face à ce faible recours, le Défenseur des droits appelle à instaurer « une véritable politique de lutte contre les discriminations » à long terme dans les organisations, et à « renforcer les politiques d’égalité professionnelle femmes-hommes » au sein des entreprises et des administrations

 

Emploi des jeunes : une situation toujours très morose 

 

L’emploi des jeunes est l’un des sujets abordés le 5 décembre, lors de l’ouverture de la Conférence Travail-Emploi Retraites.

S’exprimant à ce propos, la Confédération FO  a notamment insisté sur l’impératif de tirer vers le haut l’emploi qualifié, avec des formations de qualité et des salaires attractifs.

 

L’emploi des jeunes constitue par ailleurs un des dossiers inscrits à l’agenda autonome bâti entre organisations syndicales et patronales.

 

Les jeunes sont en effet au cœur des préoccupations sur l’emploi.

 

Et pour cause, ils sont les premiers à pâtir d’un marché de l’emploi actuellement en difficulté. Selon les chiffres de l’Insee publiés le 13 novembre, au troisième trimestre 2025, le taux d’emploi des 15-24 ans était seulement de 34,7%, soit quasiment au même niveau qu’au troisième trimestre 2024.

 

Lorsque les jeunes trouvent du travail, il est aussi plus précaire : en 2024, selon une autre étude de l’Insee portant sur « La photographie du marché du travail », seuls 41,6% des 15-24 ans en emploi étaient en CDI, contre 76,1% pour les 25 ans ou plus.
 

Et 11,1% des 15-24 ans avaient un CDD de plus de trois mois, contre 5,7% pour les salariés de 25 à 49 ans. Les jeunes sont aussi la première population concernée par le temps partiel (22%) et le sous-emploi (6,9%). Ils sont aussi les premiers touchés par la pauvreté : 10,2% des 18-29 ans vivaient en 2023 sous le seuil de pauvreté, fixé à 60% du niveau de vie médian (soit 1288 euros par mois). 15% des jeunes en emploi se sentent déclassés

 

En outre, le sentiment de déclassement professionnel s’installe chez les jeunes qui sont en emploi.

 

Une étude de l’Insee, datée du 23 septembre, s’est penchée sur ce phénomène : en 2024, parmi les 7,6 millions de personnes de 15 à 34 ans en emploi, 83% considéraient que leur emploi correspondait à leurs compétences, mais 15% d’entre eux s’estimaient déclassés, occupant un emploi inférieur à leurs compétences.

 

L’étude montre que ce ressenti varie selon les catégories socioprofessionnelles : s’il atteint peu les jeunes cadres (10%), un quart des jeunes employés et des ouvriers peu qualifiés s’estiment déclassés.
 

Le diplôme ne garantit plus forcément un emploi à la hauteur, notamment pour les niveaux intermédiaires : en 2024, presque 20% des diplômés de bac+2 à bac+4 disaient occuper un emploi en deçà de leurs compétences, selon l’Insee.

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