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13 / 10 / 2016 | 5 vues
Pierre Liret / Membre
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Les coopératives mal connues

Chaque année, la Revue Française du Vin décerne ses trophées qui font référence dans la profession. En 2016, la cave coopérative de Ribeauvillé a été récompensée dans la catégorie « cave de l’année ». Une juste reconnaissance pour une coopérative qui, selon le quotidien régional Les Dernières Nouvelles d’Alsace, est la seule coopérative de la région dont les «235 hectares sont vendangés à la main ». Historiquement présentes dans l’agriculture dans laquelle elles représentent de 20 à 90 % de la production selon les filières, les coopératives restent peu ou pas connues du grand public ainsi que des acteurs économiques eux-mêmes. Le mot lui-même renvoie à un concept ancien, archaïque, un peu daté et poussiéreux, voire collectiviste. Ceux qui connaissent ou en ont entendu parler pensent le plus souvent aux coopératives agricoles ou se souviennent de la « coop », le magasin de proximité du village de leur enfance ou celle de leurs parents. Ils pensent aussi aux SCOP et à ces entreprises dont les salariés, pour sauver leur emploi, choisissent de repartir en coopérative.

Une image erronée

À tel point d’ailleurs que beaucoup assimilent aujourd’hui les coopératives à ces entreprises dont les salariés sont les propriétaires, alors qu’elles pèsent économiquement peu dans le monde coopératif. Les initiés, eux, portent souvent un regard sceptique, voire critique sur les coopératives. Les entreprises reprises par leurs salariés en SCOP sont vues comme des initiatives sympathiques mais marginales et souvent vouées à l’échec. De fait, elles sont peu nombreuses en France mais, contrairement à une idée reçue, révèlent un taux de survie supérieur à celui de la moyenne nationale des entreprises. D’autres dénoncent les échecs de groupements coopératifs dans le commerce et l’agriculture comme par exemple Coop Alsace, première enseigne de distribution alsacienne encore en 2010, aujourd’hui liquidée. De fait, les coopératives peuvent connaître l’échec mais souvent plutôt moins que les autres entreprises : aucun modèle d’organisation économique n’est en soi une garantie d’efficacité économique et de responsabilité sociale. Toute entreprise, quelle qu’en soit la forme, est exposée aux aléas de marché, aux erreurs de gestion et aux limites de toute organisation humaine. D’autres dénoncent aussi ces mastodontes de la grande distribution ou du secteur bancaire qui n’auraient de coopératif que le nom. Encore faut-il préalablement bien définir ce qu’est une coopérative.


Tel est le premier objectif de la « la solution coopérative », un livre que je publie ce 13 octobre aux éditions Les Petits Matins, (624 pages, 25 €).

Une activité ancrée localement

En combinant réflexion d’ensemble et enquête de terrain, le livre vise à mieux faire connaître les coopératives qui ont la particularité d’être les seules formes d’organisation disposant de principes de fonctionnement extra-économique à l’échelle mondiale. Présentes dans tous les secteurs d’activité, les coopératives sont particulièrement puissantes dans l’agriculture, la banque et le commerce. Leur taille parfois gigantesque ne leur permet pas toujours d’entretenir un lien de proximité avec leurs membres adhérents, mais elles présentent l’atout essentiel d’être indépen­dantes d’actionnaires financiers. Tout en identifiant ses limites, le livre montre les atouts du modèle coopératif et les solutions qu’il apporte : en maintenant l’activité économique et sociale à l’échelle locale, il constitue un garde-fou contre la volatilité des capitaux et des emplois, permettant de concilier projet professionnel et projet de vie.

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