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11 / 03 / 2013 | 5 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Filière porcine : la crainte d'une sérieuse saignée dans les emplois aux abattoirs Gad

Les abattoirs bretons Gad (1 700 salariés) ont été placés en redressement judiciaire le 27 février.

Après la suppression de 1 200 postes chez le géant de la volaille Doux, c’est désormais la filière porcine bretonne qui est dans la tourmente.

Le 27 février, le tribunal de commerce de Rennes a placé les abattoirs Gad en redressement judiciaire pour une période de six mois. Deux administrateurs ont été nommés pour chercher des pistes à une poursuite de l’activité.

Gad SAS, numéro trois du secteur, emploie 1 700 personnes. Elles sont principalement réparties sur les deux abattoirs de Lampaul-Guimiliau et de Josselin. L’entreprise s’approvisionne auprès de 700 éleveurs, eux-mêmes déjà aux prises avec la hausse du prix de l’alimentation animale et de nouvelles normes environnementales.

La société, créée en 1956, est détenue à 65 % par le groupe coopératif Cecab (légumes D’Aucy) et à 35 % par Prestor, un groupement d’éleveurs. L’an dernier, elle a abattu 2,4 millions de porcs pour un chiffre d’affaires de 453 millions d’euros. Mais avec la baisse de production dans la filière, l’activité décline depuis des années. En 2012, malgré un plan d’économies, le déficit atteignait 20 millions d’euros et l’actionnaire principal avait essayé de céder l’activité porcine au groupe Bigard.

Aujourd’hui, la direction espère trouver enfin un repreneur grâce à cette nouvelle procédure. Reste à savoir s’il existe des candidats. Quels qu’ils soient, une restructuration semble inévitable. « Les outils tournent en moyenne à 70 % de leurs capacités », estime Olivier Le Bras, secrétaire FO du comité central d’entreprise et nommé représentant unique des salariés.

Dumping social allemand


Avec la politique des bas prix pratiquée par la grande distribution, la distorsion de concurrence exercée par l’Allemagne est l’autre principale cause de la crise de la filière porcine française. Elle embauche des travailleurs des pays d’Europe centrale, payés 3 à 5 euros l’heure, soit trois fois moins qu’en France.

Non contents de sous-payer leurs salariés, les producteurs allemands prennent les industriels français en tenaille. Ils font monter les cours du porc en venant acheter un millier de bêtes chaque semaine, plus cher que le marché. Alors que l’abattage hexagonal recule d’année en année, il a bondi de 23 % en dix ans outre-Rhin.

Depuis des années, FO dénonce ce dumping social qui menace des milliers d’emplois. « On a rencontré tous les politiques pour les alerter sur la mort annoncée des abattoirs bretons mais rien n’a bougé. À eux désormais de prendre leurs responsabilités », regrette Olivier Le Bras.

Gad est la première victime de la crise mais certainement pas la dernière. « Nous sommes plus fragiles car le porc est notre unique activité et nous ne sommes pas adossés à la grande distribution comme nos concurrents. Mais les autres groupes seront dans la même situation dans six mois ? Plus personne ne gagne d’argent avec le porc. Il faut se réunir, se serrer les coudes face à la grande distribution et restructurer toute la filière », poursuit le délégué FO.


Les salariés de Gad bénéficient d’un court répit. Avec le redressement judiciaire, l’activité se poursuit et les salaires seront versés. Un premier point sur la situation est prévu le 24 avril. C’est à cette occasion que les premières annonces de suppressions de postes pourraient être faites.

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